samedi 29 novembre 2014
jeudi 27 novembre 2014
198
perception
Ce qui nous manque, c'est une perception partagée de la situation
sans ce liant,
les gestes s'effacent sans trace dans le néant,
les vies ont la texture des songes
En adoptant la gestion de crise comme technique de gouvernement, le capital n'a pas simplement substitué au culte du progrès le chantage à la catastrophe, il a voulu se réserver l'intelligence stratégique du présent, la vue d'ensemble sur les opérations en cours
mercredi 26 novembre 2014
mardi 25 novembre 2014
192
confusion
confusion
§7 : A l'objection : 5) la confusion est mère de l'erreur - je réponds : a) mais elle est la condition sine qua non de la découverte de la vérité, là où la nature ne fait pas le saut de l'obscurité à la clarté distincte. Pour aller de la nuit au midi il faut passer par l'aurore; b) si la confusion doit être l'objet de préoccupation, c'est afin d'éviter les erreurs, qui sont si grandes et si nombreuses chez ceux qui n'en ont cure; c) on ne préconise pas la confusion, mais on corrige la connaissance dans la mesure où quelque confusion lui est nécessairement mêlée.
(A.G. Baumgarten, Esthétique - Esthétique théorique, 1758)lundi 24 novembre 2014
vendredi 21 novembre 2014
184
ici et maintenant
ici et maintenant
la pratique du gouvernement s'identifie de moins en moins à la souveraineté étatique
à l'heure des réseaux, gouverner signifie assurer l'interconnexion des hommes, des objets et des machines ainsi que la circulation libre, c'est-à-dire transparente, c'est-à-dire contrôlable, de l'information ainsi produite
une entreprise qui cartographie la planète terre, dépêchant des équipes dans chacune des rues de chacune de ses villes, ne peut avoir des visées platement commerciales
on ne cartographie jamais que ce dont on médite de s'emparer
"don't be evil!" : laissez-vous faire
là où règnent le contrôle et la transparence, là où la conduite des sujets est anticipée en temps réel par le traitement algorithmique de la masse d'information disponible sur eux, il n'y a plus besoin de leur faire confiance ni qu'ils fassent confiance au gouvernement : il suffit qu'ils soient suffisamment surveillés
le sujet occidental rationnel, conscient de ses intérêts, aspirant à la maîtrise du monde et gouvernable par là, laisse place à la conception cybernétique d'un être sans intériorité, d'un Selfless Self, d'un Moi sans Moi, émergent, climatique, constitué par son extériorité, par ses relations
un être qui, armé de son Apple Watch, en vient à s'appréhender intégralement à partir du dehors, à partir des statistiques qu'engendrent chacune de ses conduites
un Quantified Self qui voudrait bien contrôler, mesurer et désespérément optimiser chacun de ses gestes, chacun de ses affects
le plus polyvalent des capteurs est déjà en fonctionnement : moi-même
l'accélération de la mise en données du monde rend toujours moins pertinent le fait de penser comme séparés monde connecté et monde physique, cyberespace et réalité.
la question du gouvernement cybernétique n'est pas seulement, comme au temps de l'économie politique, de prévoir pour orienter l'action, mais d'agir directement sur le virtuel, de structurer les possibles
(Comité invisible, A nos amis, 2014, La fabrique)
mercredi 19 novembre 2014
181
fiction
fiction
la fiction n'est pas la création d'un monde imaginaire opposé au monde réel. Elle est le travail qui opère des dissensus, qui changent les modes de présentation sensible et les formes d'énonciation en changeant les cadres, les échelles ou les rythmes, en construisant des rapports nouveaux entre l'apparence et la réalité, le singulier et le commun, le visible et sa signification. Ce travail change les coordonnées du représentable; il change notre perception des événements sensibles, notre manière de les rapporter à des sujets, la façon dont notre monde est peuplé d'événements et de figures.
réel
il n'y a pas de réel en soi mais des configurations de ce qui est donné comme réel, comme l'objet de nos perceptions, de nos pensées et de nos interventions. Le réel est toujours l'objet d'une fiction, c'est-à-dire d'une construction de l'espace où se noue le visible, le dicible et le faisable.
C'est la fiction dominante, la fiction consensuelle, qui dénie son caractère de fiction en se faisant passer pour le réel lui-même et en traçant une ligne de partage simple entre le domaine de ce réel et celui des représentations et des apparences, des opinions et des utopies.
Aussi le rapport de l'art à la politique n'est-il pas un passage de la fiction au réel mais un rapport entre deux manières de produire des fictions.
(Jacques Rancière, Le Spectateur émancipé - Les paradoxes de l'art politique, La fabrique, 2008)
mardi 18 novembre 2014
180
1081. La liberté est une matière dont les phénomènes uniques sont des individus.
929. Le paradis est pour ainsi dire dispersé sur toute la terre, c'est pourquoi il est devenu si difficile à reconnaître, etc -.
Ses traits épars doivent être rassemblés - son squelette doit être rempli. Régénération du paradis.
(Novalis, Brouillon général, 1798/1799)
1081. La liberté est une matière dont les phénomènes uniques sont des individus.
929. Le paradis est pour ainsi dire dispersé sur toute la terre, c'est pourquoi il est devenu si difficile à reconnaître, etc -.
Ses traits épars doivent être rassemblés - son squelette doit être rempli. Régénération du paradis.
(Novalis, Brouillon général, 1798/1799)
lundi 17 novembre 2014
174
la vie déforme
la plasticité désigne la capacité de recevoir comme de donner la forme
et l'explosion (plasticage), de toute forme
c'est un concept difficile à saisir, explosif en effet, qui désigne la vie des formes et des résistances à la déformation
la flexibilité est au coeur de la littérature du management qui confond flexible et plastique
les deux termes viennent de la physique des matériaux
un matériau flexible est un matériau qui peut être plié dans tous les sens sans résistance
alors que plastique se dit d'un matériau qui se laisse former mais ne retrouve jamais sa forme initiale
on peut plier mais il y a toujours une résistance à la déformation
la forme résiste à son effacement
cette idée est très importante politiquement
être souple, modulable, adaptable, d'accord
mais pas exploitable sans limite
il y a des seuils de résistance.
(Catherine Malabou, Pour la rencontre entre philosophie et neuroscience, site lesInROCKS, 20/10/2014, 17HO5)
désordre des mots
il importe de produire des lectures qui ne soient plus ni traditionnelles ni déconstructrices
Plastiques serait donc précisément leur nom ou leur qualité
mais pour comprendre le sens de ce mot, nécessairement métamorphosé, il faut poursuivre le geste hégélien et accomplir jusqu'au bout l'entreprise de délocalisation du concept de plasticité hors du champ esthétique
il importe de rompre avec l'idée que le domaine primordial de signification et d'expérience de ce concept est le champ esthétique ou artistique
plus exactement de rompre avec une certaine compréhension du champ esthétique ou artistique lui-même.
(Catherine Malabou, La Plasticité au soir de l'écriture, Dialectique, destruction, déconstruction, ch12 - d'une nouvelle méthode de lecture, Léo Scheer, 2005)
aller et retour de la culpabilité
le rapport à la forme est à la fois un rapport au formel (comme idéalité) et au figural (comme corporéité)
mais dans le premier cas, le formel ne se confond pas avec le suprasensible, pas plus que le figural ne se confond, dans le second cas, avec la figure
la forme - formalité et figuralité - n'ouvre donc pas cet espace idéologiquement douteux de l'onto-typologie telle que la définit Lacoue-Labarthe, cette fonction esthético-poïétique de présentation de l'être, d'incarnation d'un type de Dasein exemplaire ou de fabrication de la communauté politique sur le modèle de l'oeuvre
la plasticité est la condition d'existence de la signification en ce qu'elle lui confère sa visibilité, laquelle ne se confond pas avec la présence
il existe ainsi, selon la belle expression de Lyotard dans Discours, Figure, "un oeil au bord du discours."
l'art a partie liée avec la profondeur du langage, avec sa fonction référentielle
"la figure artistique, dit encore Lyotard, est une déformation qui impose à la disposition des unités linguistiques une autre forme."
cette autre forme est une pure énergie "qui plie, qui froisse le texte et en fait une oeuvre, une différence"
cette énergie, qui se décline à l'infini dans la peinture, la fiction, la musique ou la poésie, n'est-elle pas précisément la forme de l'écriture ?
(Catherine Malabou, La Plasticité au soir de l'écriture, Dialectique, destruction, déconstruction, ch12 - d'une nouvelle méthode de lecture, Léo Scheer, 2005)
demander l'impossible
soyons réaliste, n'excluons jamais rien.
la vie déforme
la plasticité désigne la capacité de recevoir comme de donner la forme
et l'explosion (plasticage), de toute forme
c'est un concept difficile à saisir, explosif en effet, qui désigne la vie des formes et des résistances à la déformation
la flexibilité est au coeur de la littérature du management qui confond flexible et plastique
les deux termes viennent de la physique des matériaux
un matériau flexible est un matériau qui peut être plié dans tous les sens sans résistance
alors que plastique se dit d'un matériau qui se laisse former mais ne retrouve jamais sa forme initiale
on peut plier mais il y a toujours une résistance à la déformation
la forme résiste à son effacement
cette idée est très importante politiquement
être souple, modulable, adaptable, d'accord
mais pas exploitable sans limite
il y a des seuils de résistance.
(Catherine Malabou, Pour la rencontre entre philosophie et neuroscience, site lesInROCKS, 20/10/2014, 17HO5)
désordre des mots
il importe de produire des lectures qui ne soient plus ni traditionnelles ni déconstructrices
Plastiques serait donc précisément leur nom ou leur qualité
mais pour comprendre le sens de ce mot, nécessairement métamorphosé, il faut poursuivre le geste hégélien et accomplir jusqu'au bout l'entreprise de délocalisation du concept de plasticité hors du champ esthétique
il importe de rompre avec l'idée que le domaine primordial de signification et d'expérience de ce concept est le champ esthétique ou artistique
plus exactement de rompre avec une certaine compréhension du champ esthétique ou artistique lui-même.
(Catherine Malabou, La Plasticité au soir de l'écriture, Dialectique, destruction, déconstruction, ch12 - d'une nouvelle méthode de lecture, Léo Scheer, 2005)
aller et retour de la culpabilité
le rapport à la forme est à la fois un rapport au formel (comme idéalité) et au figural (comme corporéité)
mais dans le premier cas, le formel ne se confond pas avec le suprasensible, pas plus que le figural ne se confond, dans le second cas, avec la figure
la forme - formalité et figuralité - n'ouvre donc pas cet espace idéologiquement douteux de l'onto-typologie telle que la définit Lacoue-Labarthe, cette fonction esthético-poïétique de présentation de l'être, d'incarnation d'un type de Dasein exemplaire ou de fabrication de la communauté politique sur le modèle de l'oeuvre
la plasticité est la condition d'existence de la signification en ce qu'elle lui confère sa visibilité, laquelle ne se confond pas avec la présence
il existe ainsi, selon la belle expression de Lyotard dans Discours, Figure, "un oeil au bord du discours."
l'art a partie liée avec la profondeur du langage, avec sa fonction référentielle
"la figure artistique, dit encore Lyotard, est une déformation qui impose à la disposition des unités linguistiques une autre forme."
cette autre forme est une pure énergie "qui plie, qui froisse le texte et en fait une oeuvre, une différence"
cette énergie, qui se décline à l'infini dans la peinture, la fiction, la musique ou la poésie, n'est-elle pas précisément la forme de l'écriture ?
(Catherine Malabou, La Plasticité au soir de l'écriture, Dialectique, destruction, déconstruction, ch12 - d'une nouvelle méthode de lecture, Léo Scheer, 2005)
demander l'impossible
soyons réaliste, n'excluons jamais rien.
dimanche 16 novembre 2014
173
savoir
la philosophie oppose l'essence et l'apparence, on dit que l'apparence est nulle et que l'essence est sérieuse
je pense que ce qui se manifeste est un objet d'étude aussi sérieux que possible
il est facile d'attendre que ce soit mort pour dire ce que c'est
je préfère que Socrate reste vivant, que le papillon soit encore en train de voler, même si je ne pourrai pas l'épingler sur un morceau de liège et dire que le papillon "est" -définitivement- bleu. Je préfère ne pas voir complètement le papillon mais qu'il reste en vie, c'est mon attitude quant au savoir.
(Georges Didi-Huberman, Quelle émotion ! Quelle émotion ? Bayard, 2013)
le savoir n'est pas un ensemble de connaissances, il est une position
toute situation est susceptible d'être fendue en son intérieur, reconfigurée sous un autre régime de perception et de signification
ce qu'il y a, c'est simplement des scènes de dissensus, n'importe où, n'importe quand
ce que dissensus veut dire, c'est une organisation du sensible où il n'y a ni réalité cachée sous les apparences, ni régime unique de présentation et d'interprétation du donné imposant à tous son évidence.
(Jacques Rancière, Le Spectateur émancipé, La fabrique, 2008)
savoir
la philosophie oppose l'essence et l'apparence, on dit que l'apparence est nulle et que l'essence est sérieuse
je pense que ce qui se manifeste est un objet d'étude aussi sérieux que possible
il est facile d'attendre que ce soit mort pour dire ce que c'est
je préfère que Socrate reste vivant, que le papillon soit encore en train de voler, même si je ne pourrai pas l'épingler sur un morceau de liège et dire que le papillon "est" -définitivement- bleu. Je préfère ne pas voir complètement le papillon mais qu'il reste en vie, c'est mon attitude quant au savoir.
(Georges Didi-Huberman, Quelle émotion ! Quelle émotion ? Bayard, 2013)
le savoir n'est pas un ensemble de connaissances, il est une position
toute situation est susceptible d'être fendue en son intérieur, reconfigurée sous un autre régime de perception et de signification
ce qu'il y a, c'est simplement des scènes de dissensus, n'importe où, n'importe quand
ce que dissensus veut dire, c'est une organisation du sensible où il n'y a ni réalité cachée sous les apparences, ni régime unique de présentation et d'interprétation du donné imposant à tous son évidence.
(Jacques Rancière, Le Spectateur émancipé, La fabrique, 2008)
samedi 15 novembre 2014
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