loisir
le loisir, ou la seule activité qui ait sa fin en elle-même, est la condition de l'activité; on disait de Caton qu'il "n'était jamais aussi actif que lorsqu'il ne faisait rien."
Le loisir ne consiste pas en ne rien faire, mais à faire autrement, il rend toutes les activités possibles, car il les préserve de s'attribuer à elles-mêmes des finalités (elles auraient en effet un but autre qu'elles-mêmes), ou des obligations (elles seraient des moyens). Rien ne conditionne le loisir et il est la condition de l'activité véritable.
Ou la civilisation repose sur cette base fondamentale, cette basse continue, faudrait-il dire, qui est le loisir, ou elle est d'abord et surtout negotium, soit négation de l'existence véritable et de l'être de l'homme. Le loisir en ce sens est la fin de la vie, il n'est relatif à rien, il suffit à remplir la vie, loin d'être un stage dans le repos ou le divertissement, il ne trouve nulle part de mesure ou de limite, c'est lui qui est premier et dernier, et toute activité humaine ne doit être évaluée qu'en fonction de lui, en lui la vie est rendue à elle-même et peut s'identifier à la liberté et au bonheur.
romantisme
le Romantisme, qui avec Stendhal se proclame, contre la modernité américaine, le parti du loisir, serait alors le vrai parti de l'humanisme qui respecte l'être de l'homme; tant il est vrai, comme le dit le latin, que le negotium, les affaires, le commerce, n'est que la négation de l'otium.