vendredi 27 juin 2014

94


vu en Allemagne en 2012
93

communication
l’état de confusion mentale doit être soigneusement entretenu
un des meilleurs moyens pour y parvenir réside dans l’utilisation du discours paradoxal  : faites ce que je dis, mais pas ce que je fais et surtout puissiez-vous ne rien comprendre à ce que je vous raconte de manière à ce que, quoi que vous pensiez, quoi que vous disiez ou quoi que vous fassiez, je puisse toujours avoir raison
ce type de communication, qui tend à faire agir les unes contre les autres différentes aires de la personnalité du manipulé, génère des conflits de loyauté et est "schizophrénogène"
pour le dire plus simplement, ce genre de communication rend "fou"
(le nouvel observateur société    publié le 30 mars 2012 à 19h50)









mercredi 25 juin 2014

91






90


citoyen
je ne peux pas les retenir, citoyen Danton, ils veulent saccager...
mettez les dans le gouffre et sauvez la patrie !
(Gance, Napoléon, Bonaparte et la révolution)



mercredi 18 juin 2014

87


forme
le mot forme n'a absolument pas le même sens en mathématique et en art
la forme désigne en mathématique le cristal langagier des structures
et en art le moyen approprié de séduire en re-formalisant
et en exposant des fragments du réel sensible
(Badiou  conférence à l'Ircam  Ubuweb )





lundi 16 juin 2014

85
cité
Pour Hegel déjà, le monde grec était celui de "la cité comme oeuvre d'art".

mythe
l'immémorial était une propriété intrinsèque des mythes. On ne fabrique pas l'immémorial, il est aussi bien à venir.
Ce qui nous manque (car il nous manque quelque chose, il nous manque la politique, nous n'en disconvenons pas), ce n'est ni la matière ni les formes pour fabriquer du mythe. Pour cela, il y a toujours assez de bric-à-brac, assez de kitsch idéologique disponible, aussi pauvre que dangereux.
Il nous manque de discerner l'événement - les événements où s'inaugurent en vérité notre avenir. 
lls ne se produisent pas dans un retour des mythes. Nous ne vivons plus dans le dimension ni dans la logique de l'origine. Nous existons dans le tardif, dans l'après-coup historique. Ce qui n'exclut pas que l'extrémité du tardif soit aussi la pointe du nouveau. C'est même exactement ce qui nous est demandé de penser.
(Lacoue-Labarthe & Nancy, Le mythe nazi,  1980/1991)



jeudi 12 juin 2014

84



musique
La musique suit l'Histoire. S'il y en a un qui a préfiguré, fait chanter, fait "musiquer" l'épouvante qui venait, c'est bien Schoenberg. Le thème affirmatif final de la Kammersymphonie, op 9, presque beethovénien, est une sorte de raidissement devant ce qu'il pressent. C'était avant 1914. J'avais 11 ans à la mort de celui qui a voulu la fin de la tonalité, il savait que, quand on touche à quelque chose, même de manière infime, on touche le tout et tout doit alors changer. Schoenberg a voulu autre chose que le beau, il a voulu ce qui hante tout artiste : le nouveau.




art + peur
Je pense très souvent aux musiciens d'aujourd'hui ; j'écoute leur musique tant que je peux. On se prépare à un âge artistique très inconfortable. L'art peut disparaître dans la multiplication des supports technologiques, l'abolition de la distance, donc du temps.
L'art est né dans la peur, donc dans la prière, qui n'est pas une allégeance à Dieu mais un retour d'émotion sur l'être qu'on est, pour se rassurer soi-même, et collectivement si possible.

(Pierre Guyotat, Le Monde, mercredi 11 juin 2014)







mardi 10 juin 2014

lundi 9 juin 2014

82

infrastructure
Partout dans le monde, cette règle a été validée : s'il y a une nouvelle infrastructure, l'effet d'aubaine entraîne une augmentation du trafic




La première autoroute surélevée des États-Unis reliait le nord de Manhattan à Brooklyn sur 8 km et absorbait 140.000 voitures par jour depuis 1931

En 1973, des pilotis s'écroulent, entraînant sa fermeture



stupéfaction générale
À la stupéfaction générale, le trafic à l'entrée de New York baisse brutalement
phénomène que les spécialistes appellent l'évaporation
plus on restreint le trafic, plus il disparaît





civilisation
Les boulevards des maréchaux, aujourd'hui civilisés, 
transportent environ 195.000 personnes par jour en tramway et en automobile
sans compter les piétons et cyclistes,
soit l'équivalent du périphérique
sur une emprise animée, pratique, agréable bien plus étroite
Apporter la civilisation au boulevard périphérique permettrait de transformer portes et abords, de lier "Paris" et "Grand Paris".



Porte de la Villette





samedi 7 juin 2014

81



faire événement
La politique, ce sont des événements, en sorte que, même s'il est toujours possible de trouver aux événements une origine lointaine (c'est la tâche des historiens), l'action politique n'existe que par référence à ce qui se passe maintenant, au présent. Agir politiquement, c'est donc faire événement. Ou, ce qui revient au même, réagir aux événements. Y compris ceux dont s'est saisi l'adversaire pour les disqualifier ou les contrecarrer. De ces séquences de coups et de contre coups dépendent des situations politiques, jamais inexorablement déterminées.
Or, dans la situation actuelle, l'extrême droite non seulement a l'initiative, mais elle semble aussi être parvenue à subjuguer la gauche, perdue au point de ne manifester quasiment aucune réaction en réponse à son offensive.
(Luc Boltanski & Arnaud Esquerre, Vers l'extrême - extension des domaines de la droite, éditions dehors, mai 2014)




liberté + univers
les libertés politiques n'épuisent pas le contenu de l'esprit de liberté qui, pour la civilisation européenne, signifie une conception de la destinée humaine. Elle est un sentiment de la liberté absolu de l'homme vis-à-vis du monde et des possibilités qui sollicitent son action. L'homme se renouvelle éternellement devant l'Univers. A parler absolument, il n'a pas d'histoire.
(Emmanuel Lévinas, Quelques réflexions sur la philosophie de l'Hitlérisme)




vendredi 6 juin 2014

80
sans ami
lâché par Obama, tourmenté par Cameron,
Hollande peut-il compter sur Merkel ?
(le Monde, 5 juin 2014)



79

pluralité + politique
il n'y a d'homme que là où il y a monde
pour qu'il y ait monde, il faut des productions humaines,
des objets fabriqués de main d'homme
il n'y a d'hommes que là où il y a pluralité
il n'y a d'hommes que là où il y a monde
la pluralité est la loi de la terre
la politique est action, mise en relation
le lieu de naissance de la politique est l'espace entre les hommes
(Arendt)



productions humaines
les oeuvres d'art sont des balises dans l'espace
(Stendhal)

aisthêtikos
qui perçoit par les sens, perceptible


78



mercredi 4 juin 2014

77

encadrement
apparence
les réseaux de caméras de surveillance qui poussent comme des champignons dans les villes ne sont que la face visible – et déjà banalisée – de la société de surveillance qui monte en puissance.
Porteur avec les « objets connectés » de toutes les espérances de business futurs, le Big Data a trouvé avec la NSA son maître avant même d’exister.
Non pas pour monétiser, mais pour encadrer.
Tel un délire mégalomane (mais raisonné), un fichier des visages des habitants de la planète est en cours de création, au prétexte mis à toutes les sauces de reconnaître les terroristes quand ils modifient leur apparence.

(François Leclerc, blog de Paul Jorion, 4 juin 2014)












mardi 3 juin 2014

76
improvisation
De nos jours personne n'a le droit de s'entêter sur ce qu'il "sait faire."
L'improvisation fait la force.
Tous les coups décisifs seront portés comme en se jouant.
(Benjamin, Sens unique, 1928) 





lundi 2 juin 2014

75


nombril de l'univers
Pourquoi nombril ?
Car le sanhédrin siège dans le nombril de l'univers.
(Lévinas, Quatre lectures talmudiques, Minuit)




74

breakmmvn (2007)

Lundi 3 octobre – Paris /\
Partir, démarrer, tout comme commencer quelque chose, est le plus exaltant. Seuls comptent les commencements. Depuis plusieurs semaines, je me prépare. J'ai accumulé les plans, les itinéraires, les espaces potentiels de halte. J'ai toutefois oublié l'essentiel, omis de me préciser quelle serait la première étape du périple. Je suis encore à la maison, coincé par cette première marche, sortir de cette ville, n'est-ce pas le plus difficile ? En face, le « captive balloon » du parc.
Des idées ?
Vn



3 octobre – Paris /\/\
Partir, démarrer, commencer quelque chose, est-ce exaltant ? Le commencement, le début du tout, dit Aristote ?
Depuis plusieurs semaines, je pense à me préparer, mais je ne fais rien. La nuit j'accumule les plans, les itinéraires, les espaces potentiels de halte, j'anticipe les rencontres, je m'imagine marchant, respirant dans de beaux décors.
Le jour, j'oublie l'essentiel, jusqu'à préciser quelle serait la première étape du périple.
Je suis encore à la maison, coincé par cette première marche.
Sortir de cette ville, n'est-ce pas difficile ?

En face, le « captive balloon » du parc. Longuement je le filme se balançant au gré du vent dominant. Je vole par l'objectif de la caméra. Je suis pesant à force de planer quand je retourne au lit. Et à nouveau les idées du voyage me tiennent fermement éveillées.
Les idées ?
mm




4 octobre
V,
il y a longtemps, j'avais trop lu, je voyageais avec un sac de couchage et une petite réserve de drogue douce. Je me souviens du jour ou je me suis réveillé à côté de la statue de Schubert dans un parc de Wien. Ou de la nuit languissante éclairée par trop d'étoiles dans les calanques de Marseille. Ou de ma démarche rebondissante dans le crépuscule lunaire de Kaboul, avant la guerre. J’ai plein de moments de ce genre, ma mémoire peut en générer pendant des heures. 
C'était bien beau, c'est arrivé couché sur mon lit peut-être. Tu comprends qu'évoquer ces faits m'incite à sortir du lit et de la maison, mais aussi à ne pas les quitter.
D'ailleurs ce matin je t'écris encore de la maison non loin du lit. J'ai un bol de café dans un gobelet en plastique Mac Do qui fume à ma droite et une  carte d'Europe déployée sur laquelle j'ai marqué un itinéraire possible. Pour faire un break, il n'y a pas de raison de passer plutôt ici que là, c'est bien ce qui fait qu'il faut tout de même tracer sa route. Tout le monde sait que se détourner des itinéraires crèe la surprise. Ce n'est pas que la surprise en question soit particulièrement surprenante, mais elle n'est pas celle à laquelle on s'attendait et c'est ce qui convient à nos facultés de surprise.  Tout est bon, bien et beau en Europe.
En même temps je ne me lasse pas d'être étonné tous les jours d'avoir, aujourd'hui même, un lit dans une maison avec vue sur un ballon captif. Je lis moins et rien ne m'incite vraiment à courrir les routes chercher ailleurs ce que j'ai déjà à foison autour de moi et dans ma tête. Je suis entouré et pénétré d'une surprise immanente et perpétuelle. Alors en voyage, ce qui me frappe, c'est les ressemblances. J'ai constaté ça lors de mes récents déplacements en Normandie, en Allemagne, en Chine et au Brésil. Et puis maintenant, les jeunes vont au bout du monde pour travailler, pas pour se dépayser.
Je trempe des madeleines longues Grand Jury dans mon café et je replie la carte. Je sais qu'à partir du moment où il a une carte de crédit rien ne peut plus arriver à un voyageur.
Or je dispose d'une carte visa à débit différé. Cette argument décisif me pousse maintenant à me mettre effectivement en route. Le temps de finir mon café peut-être.
m

4 octobre dans la nuit
M,
Je découvre ton message tout en ayant, depuis un moment déjà, réfléchit à l'itinéraire que je prendrais si j'avais ce périple à faire. J'hésite. Alors, faire d'abord le tour de la ville, l'arrondir mais aussi la circonscrire, lui donner sa faible ampleur. La chirurgie opère le désir. Autour, la prolifération des "cabinets de curiosité", de l'attachement à des objets, à une décoration en définitive bon marché.
J'hésite et c'est une sorte d'inverse qui se présente : l'abbaye de Port-Royal-des-Champs, dans la vallée de Chevreuse.
v

5 octobre
V,
ce matin vers 10h j'ai fermé la porte de la maison et dévalé les 6 étages par l'escalier avec un sac Eastpark sur le dos et une trottinette Jdbug pro (le véhicule sensé m’épargner un voyage trop rapide) au bout du bras.
Mon idée est de suivre ton idée, et de prendre le RER à la station Javel jusqu’à Saint-Rémy-les-Chevreuses et de là rejoindre Port-Royal-des-Champs en trottinette.
J'ai des chaussures de marche Merrell, un coupe vent imperméable fabriqué au Bengladesh et un duvet ultra léger issu de la technologie spatiale. J'ai ma visa, une réserve de drogue douce (j’espère ainsi me préserver de la logique), un petit carnet sur lequel j'écrirai chaque jour.
Tu recevras des messages par paquets. Je n'ai pas l'intention  de chercher les cafés internet, j'utiliserai ceux qui seront disposés le long de mon trajet.

Figure-toi que je suis déjà à Troyes. J'y suis arrivé tellement vite que je n'ai pas ressenti le besoin de poursuivre ma route alors que j'en avais tout le temps puisqu'il est maintenant 11h52 à l'horloge du café Chrétien de Troyes d'où je t'écris.
Tout à l'heure, j'étais à peine sur le quai de la Seine que je tombais sur mon voisin de palier qui montait dans sa nouvelle voiture, une citroën C6 haut de gamme. A peine le temps de le complimenter sur sa voiture qu'il me demandait ou j'allais ainsi équipé. Je lui dis que j'allais en Slovénie et peu après nous filions vers Troyes comme sur un tapis volant sur l'autoroute. Il y allait faire une conférence sur La Bonneterie à l'heure de la Mondialisation en tant que cadre de la société Petit Bateau. Troyes est situé au bord de la Seine. Le centre, parfaitement restauré, est resté très évocateur de ce qu'elle fut autrefois : églises anciennes dont la cathédrale gothique, maisons à colombages aux murs obliques, vieilles rues pavées, échoppes rustiques. Le patron du café me recommande de passer par La rue des Chats, la ruelle Corne-de-Cerf, la rue du Gros-Raisin et celle de l'Eau-Bénite. Je reconnais ce patron, j'étais déjà dans son café quand j'appris de sa bouche le suicide de l'ancien premier ministre de Mitterrand, Pierre Bérégovoy. Lui, bien sûr, ne me reconnait pas et je me garde d'intervenir sur le processus de sa mémoire. Il me propose une petite chambre à 20 euros, je n'ai pas le courage de la refuser bien que je me sois promis de dormir dehors autant que possible.
J'irai peut-être faire un tour au musée d'art moderne voir les Delaunay.
Demain je me lèverai tôt pour rejoindre le Lac d'Orient en Jdbug. Après, on verra bien.
m

le même jour
M,
Et bien, la route a été rapide pour toi. Troyes, quelle drôle d'idée ? Le sentiment que c'est au coeur d'un vide français où tu te trouve, mais en réalité, je n'en sais rien. Pourtant la proximité de Charles de Gaulle pourrait donner un peu de plein. Tu sais comment il commence ses "Mémoires de Guerre" ? Par cette phrase elliptique : "Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France...". Lorsqu'il l'écrit, sa vie est loin d'être terminée puisque l'ouvrage est publié en 1954. Pourquoi donc ce présent composé qui indique une action passée ? Pourquoi aussi ces trois petits points ? Le "je" est ici auguste, le héros parle et il poursuit par "Le sentiment me l'inspire aussi bien que la raison." Cette idée, il la ressent mais il la raisonne donc. Mon commentaire de texte est un peu pénible, mais je voudrais insister sur
la fiction

fiction de l'appareil narratif mais aussi fiction, dans le fond, d'un homme qui aborde une réalité, un pays aux frontières à peu près connues, comme un objet animé par une idée. Une réalité idéelle, voilà peut-être la clef des trois points de suspension.
Pourquoi de Gaulle ? Et pourquoi pas ! Il est possible de l’appréhender sans adhérer, sans même le prendre sous l’angle d’un personnage ou figure historique. S’attacher à la narration. Imaginer qu’en parlant de lui il parle d’autre chose et qu’en parlant d’autre chose, il parle de lui. Saisir, aussi, tout ce qui échappe, la dissémination d’égo mais bien plus, je crois, sa fuite. Quel intérêt ?
1/ Aucun. 2/ L’économie de la viande humaine. Une livre de chair remboursée à la patrie pour une dette inexistante. 3/ Soit « A » la représentation de « Art » dans l’espace du réel. A présente les propriétés suivantes : Universalité puisque A existe partout où il ne se revendique pas. Incohérence, A existe aussi là où il se revendique mais d’une manière non-commensurable avec A. Ireflexivité, A ne renvoi pas à A. Instabilité, au temps t A est différend de A au temps t-1 ou t+1. Etc., Aetc.
Pardon de t'ennuyer avec ces lectures que tu connais par coeur. Tu as ta trace, j'ai des livres.
V

6 octobre
V,
hier, après t'avoir écrit, je suis allé voir les rues de Troyes recommandées par le patron. Je les ai trouvées mais finalement je ne les ai pas vues. C'est plat et pas très intéressant, et puis il y a l'incendie de 1524 et les bombardements nazis de la guerre mondiale. L'ambiance contemporaine de la guerre de 100 ans, celle du 12e siècle, contemporaine de l'écriture de "Lancelot ou le le Conte de la Charette" et de "Perceval ou le Conte de Graal", on peut toujours en rajouter, l'imaginer. Et la voilà. Alors j'ai fumé un petit stick et suis parti tout droit avec mon léger bagage, sans attendre.

Le revêtement de la N19 convenait parfaitement aux réglages de la Jdbug et plus la lumière baissait plus j'avais l'impression d’aller vite en flottant au dessus du sol. Je regardais les nuages au dessus de la ligne d'horizon tout en repérant les obstacles de la route. Le moindre obstacle fait valdinguer, en trottinette on est jamais assez prudent.
A un moment, sur ma droite j'ai vu un panneau qui indiquait : Colombey-les-2-Eglises. J'imaginais cette localité beaucoup plus au Nord mais je venais de lire ce que tu dis sur De Gaulle (pour 3/, les distinctions faites par B entre présentation et représentation, selon lui la représentation excède la présentation (et l’ontologie est la mathématique (pour moi cette dernière a un rapport avec la fiction, la fiction l'armature des faits)) et aussi les pensées à esprit géométrique (Spinoza), celles qui pensent avec l’étendu, dont certaines sont poétiques (Stendhal), qui s’intéressent aux dispositions des corps dans l’espace et ne croient pas que l’idée suffise (et c’est à peu près sûr, il n’y a rien de plus grand que l’idée). De Gaulle a une position esthétique (idée + sensible), l’idée est claire, le sensible confus mais il faut les deux pour se faire le tableau général des choses, (Un pays, c’est quelques idées et la forme du pays et de ses habitants. De Gaulle aimait Debussy ou Abel Gance et ils étaient dans son idée de la France.) dont l’art est une des approximations agissantes.
J'apercevais le monument mémorial en forme de croix de Lorraine, emblème de la Résistance, haut de 44 mètres, symbole encore agrandi par l’idée d'accrocher à la terre le logo de la France Libre, historiquement dessiné pour concurrencer la croix gammée, logo du nazisme qui agrandit lui aussi démesurément "ses" sculptures et décors.
C'était difficile de ne pas s'arrêter là pour dormir.
Après un coup d'oeil au cimetière j'ai filé droit sur les bois où s'élève la croix géante.
J'ai dormi d'une traite jusqu'à midi.
Je n'avais pas plus tôt roulé mon sac de couchage et rejoins la route qu'une fourgonette de gendarmerie ralentissait à mes côtés. Un gendarme avec un visage au nez d'un rouge affirmé se penchaient par la fenêtre et demandaient si je n'étais pas perdu.
Je lui dis que non, que j'allais vers le sud-est, que s'il voulait bien m'avancer dans cette direction...
C'est ainsi  que 20 minutes plus tard je me retrouvais à Bourbonne-les-Bains. De là j'ai emprunté la pittoresque D 417 jusqu'à Saint-Loup-sur-Semousse. Je t'écris de la terrasse de l'unique café du village. Cette terrasse surplomble un paysage impressionnant. Tout à l'heure j'irai me trouver un coin pour dormir dans les fourrées que j'aperçois en contrebas. Il y a un plat du jour de quenelles aux brochets pour 4 euros 50. Malheureusement la serveuse a des moustaches et compte participer au prochain concours de l'Eurovision.
m

7 octobre
V,
quand j'ai sorti la tête de mon duvet, ce matin très tôt (il était 5 heures 12) j'étais légérement barbouillé et la campagne autour de moi était trempée. Le vin du patron et la technologie spatiale avaient contribués à m'abstraire d'un épisode pluvieux. En pliant mes affaires j'étais toujours dans le rêve compliqué qui m'avait occupé une partie de la nuit.
J'étais au 17e siècle dans un cadre aristocratique, j'assistais à la première représentation de Bajazet, la pièce de Jean Racine. Sur la scène, les personnages apprennent que le roi est mort ou vaincu : ils se sentent alors libres de déchaîner leurs passions. (il s'agit sans doute de la proto histoire du "veau français" cher à De Gaulle) Or, l'information est rapidement démentie. Le retour du roi met les personnages devant leurs fautes et les pousse, selon leur nature intérieure, à se repentir ou à aller jusqu'au bout de leur rébellion. C'était très fastidieux pour moi, ce rêve,  je ne connais pas grand chose du théatre et des tragédies françaises à part qu’elles m’ennuient et qu’il y faille mal choisir (mais ça c'est depuis la forme de vie antique. Nous sommes abonnés à la tragédie, au naufrage du moi et du tout). Je me dis toujours que je veux tout, que tout est suspendu entre la pulsion et la répulsion, dans l’ambivalence éternel, du fait d’exister, par un fait accompli de l’existence, et que disposer de plusieurs vies ou niveaux de vie ira bien avec les contraires qui nous forment et déforment et je veux bien tourner en rond, avoir les péripéties d'une péripatétie interminable plutôt que d'arrêter quoi que se soit. Enfin bon, dans ce rêve, on avait toujours besoin d'un Roi, ou de ce qui lui ressemble, ou de son absence, pour déchaîner nos passions, aller jusqu'au bout. J’étais bien entendu désolé de participer à un tel spectacle, mais ne pouvais sortir.
Tout cela fit, probablement, qu'en remontant vers la terrasse du café Au Bleu des Vosges, je glissais en traversant un buisson de fougères et me retrouvait les quatre fers en l'air.
Après j'ai trouvé une voiture conduite par un parisien possédant une résidence secondaire dans le coin qui m'a déposé à Luxeuil. De là, j'ai rejoint Lure en trottinette puis fait à nouveau du stop jusqu'à Belfort. J'étais fourbu en arrivant vers 19 heures.
Je suis allé droit sur les remparts, j'ai fumé en contemplant le panorama sur la ville au pied du bas relief du Lion de Belfort dont un exemplaire en bronze se trouve place Denfert-Rochereau, puis je me suis écroulé dans les premiers taillis convenables que j'ai aperçu, sans demander mon reste.
m


le même jour
M,
il est possible de traverser le monde en traversant une ville. Chaque endroit que tu mentionnes de ton voyage ravive mon souvenir d'un café (le bleu des vosges), d'une statue (le lion), une rue (luxeil) de la ville où j'habite. Sur un mode moins intense, comme si la mention de lieux - à l'étranger, en province - poussait tout à la fois à sortir de la ville mais aussi à se contenter de la nomination. Après tout, un café pourrait tout simplement s'appeler : "café", une rue pourrait, comme c'est le cas pour certaines villes américaines, porter un simple numéro.
"toute société bien ordonnée assoupie les passions" et celle dont le roi, ou ce qui en tient lieu, est absent après, mais seulement après, avoir écrasé un peu les choses de sa présence, cette société trouvera ses passions explosives et explosées - à condition qu'elle en ait, ce qui n'est pas gagné. on discutera, je pense, encore longtemps, toi et moi, des passions et de leur éventuel endormissement.
mais sais-tu au moins où tu vas ? au sud-est dis-tu. pourtant une direction géographique capture-t-elle l'ensemble de la direction ? et, sûrement as-tu raison, seul compte l'orientation dans l'espace. plus au sud, mais à peu près aussi à l'est, il y a :
cela :
et aussi le pays des aigles ?
v

8 octobre
V,
ce matin au réveil temps splendide ainsi que le "morning wood" comme disent les anglo-saxons. J'étais en train de m'étirer en tâchant de circonscrire la vue sur Belfort quand, alors que j'en étais à reconnaître dans le lointain l'usine Alsthom qui construit les TGV, j'entends marcher derrière mon dos. En déplaçant mes pupilles le plus dans leur angle droit possible sans bouger la tête j'arrive à identifier le passant. C'est C C, le Conservateur en Chef des Musées de Belfort. Je le connais pour lui avoir vendu en 1995 une Inclusion de P.A.G. de 1969. En plaçant mes pupilles à gauche je le vois poursuivre le chemin qui va vers le château, puis disparaître dans le tournant.
Je me souviens qu’à 18 ans j'avais fait du stop pour aller en Suisse et qu'une voiture m'avait laissé tout près de la maison de ma grand-mère, à Menthon-Saint-Bernard, au bord du lac d'Annecy. Je marchais d'un côté de la route quand j'aperçu ma grand-mère, vieille dame de 87 ans amie des coiffeurs et du Figaro, qui montait lentement de l'autre côté de la départementale, frolée par les autos roulant trop vite, avec son panier à provisions. Elle passait sans me remarquer, bien sûr, et je la laissais faire. Je l'ai regardé monté la pente douce jusqu'au virage où elle fut absorbée dans le paysage. Je me rend compte maintenant que je fais souvent, filmant, des plans de personnes qui disparaissent absorber par les paysages, les constructions ou les objets.

Ce matin, donc, j'avais besoin de services publiques et autres et je suis descendu aussi vite et dignement que possible avec la Jdbug, droit sur le centre ville. Je me suis arrêté dans un bar internet qui s'appelle : Au Coucou de Ronchamp tandis que mon linge tournait dans une machine un peu plus loin. 
Belfort est comme une ville Suisse, la frontière pourrait l'englober, mais il se trouve que Belfort est un "territoire".
C'est très BD, ça m'évoque QRN sur Bretzelburg ou le Sceptre d'Ottokar. Quand se présente un pays entier, arrivent le schéma et le symbole, les images et les sons sont au premier plan et gouvernent, voire remplacent, la fastidieuse écriture et ses nuances et dérivations péniblement articulées.
En allant récupérer mon linge j'aperçois un camion avec une plaque slovène et un gros Ljublijana sur le flanc à côté d'autres mots que je déchiffre à moitié. Le chauffeur est au volant, il fume, son coude dépasse de la fenêtre ouverte. Il se trouve qu'il va partir vers la Slovénie et qu'il veut bien m'emmener. Mais aller directement en Slovénie comme ça signifierait la fin de l'après début du commencement vers le « but ». N’écoutant que mon devoir artistique je décline son invitation et continue à marcher vers le lavomatic. J'y passe pas mal temps à contempler les fesses en jean d'une fille qui vide une machine à laver et remplit une machine à essorer.
En sortant, je me disais tranquillement, j'ai trop de temps, il faut aller moins vite sinon je vais arriver avant tout le monde au Symposium.
Alors j'ai marché, j'ai suivi la pancarte Sochaux. A Sochaux j'ai avisé un hôtel Formule 1 non loin des usines Peugeot. Avant d'aller dormir, j'ai assisté au va et vient des ouvriers aux portes de l’usine, spectacle se raréfiant,
m

9 octobre
V,
avant hier, dans le hall du Formule 1, j'ai regardé la carte de France murale et j'ai constaté que si j'allais au sud vers le Lac de Genève je trouverai la Chaux-de-Fonds. Pourquoi ne pas y faire un tour ? Je pars donc vers Audincourt, je monte les côtes à pied et je dévale les pentes, je dépasse Valentigney, le vent me pousse, je m'arrête de temps en temps pour fumer, je suis toujours dans le sens du vent, si bien que j'ai pu prendre un sandwich vers 16h au café de La Préfecture à Pont-de Roide.
Tout en mangeant je suivais des yeux la crète des Montagnes du Lomont en pensant aux phrases de Benjamin, à l’horizon, au lointain, au proche... J'étais fourbu et ne me voyais pas continuer beaucoup plus longtemps.
Je n'avais pas bien dormi au Formule 1. J'étais dérangé par un bruit en provenance de l'étage supérieur, une sorte de miaulement à basse fréquence, mi-organique mi-machinique, dont je ne comprenais pas l'origine et ne pouvait mettre un nom dessus. La télé était épouvantable comme d'hab, et par dessus tout j'écrivais dans ma tête Le livre que j'ai à écrire depuis si longtemps, celui qui s'efface la journée.
C'est très fort de nommer, il y a beaucoup d'innomable, le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas la mémoire des noms. Le pouvoir probablement est de fixer et cantonner à leur place le plus grand nombre d'êtres et de faits existants par l'usage ou le non usage de l’artifice de leurs noms.
A Pont-de Roide, je me suis aperçu avec horreur que ma réserve de drogue s'épuisait. La lumière s'amenuisait, j'étais toujours vissé à ma chaise sans pouvoir bouger quand une fourgonnette épicerie ambulante rutilante ralentit devant moi, une épicière avec un piercing sur le nez en sortait et allait droit au bar commander un pastis.
Après nous voilà sur la jolie route qui mène à Saint Hippolyte. Je m'entend très bien avec elle, elle est charmante, je lui propose de travailler pendant quelque jours avec elle, elle sourit, mais ne dit mot.
Je me retrouve seul sur la place de Saint-Hippolyte à 8 heures du soir, les commerçants fermés, l'unique restaurateur empilant ses chaises et fermant les lumières. Je vois le clocher de l'église, je m'approche, il y a une affichette sur la porte où je lis : " Sur mes serviteurs et sur mes servantes, en ces jours là je répanderai mon esprit et ils seront prophètes" Jl 3.1, mais la porte est fermée.
Je fais quelques pas plus loin et je m'écroule dans un coin.
Dormons, dormons...
m

le même jour
M,
<footnote : le « etc. » prend ici un sens plein, qui indique que tout est possible à la suite de ce début d’inventaire, tout du moment que l’on voit que les frontières sont maintenant au centre et non à la périphérie >
La commande sur le territoire est en panne.
Sur le terrain des idées et des concepts, il n’y a pas grand chose d’autre que du défensif.
 v

10 octobre
V,
les flics m'ont réveillé tôt, je les accompagné au poste, ils ont constaté que je n'avais rien de suspect (ayant terminé la substance interdite qu’ils devaient trouver) mais quand je suis ressorti je n'avais pas assez dormi. La sortie du village vers Maîche était en pente douce, j'ai posé les deux pieds sur la Jdbug et je me suis laissé descendre. Arrivé au creux d'un vallon, il allait falloir remonter, quand, surprise, la fourgonette épicerie de la veille ralentit et s'arrête à mon niveau. C'était une divine surprise, sauf que l'épicière était accompagné de l'épicier. Ils m'ont laissé à Charquemont. A la station service j'ai trouvé une Renault Kangoo immatriculée en Suisse, avec deux retraités adorables qui m'ont déposé en 20 minutes à la Chaux-de-Fonds. Avant de nous quitter, ils m' indiquent que le bâtiment de l'ancienne Auberge de Jeunesse, sis rue du Doubs 34, met à disposition 12 chambres meublées destinées à des étudiants ou des touristes. J'y vais et trouve une place dans une chambre à quatre lits.
Après je suis allé au Musée. Les collections sont constituées de peintures, de sculptures, de dessins et d'estampes 
des XIXe et XXe siècles; elles comprennent des oeuvres d'artistes régionaux et suisses comme 
Anker, L'Eplattenier, Vallotton, Le Corbusier, Disler et un ensemble de peintures de Léopold 
Robert (1784-1835), natif de La Chaux-de-Fonds, célèbre pour ses brigands italiens; la Collection 
René et Madeleine Junod, léguée à la Ville en 1986, rassemble quelques maîtres de la tradition 
moderne : Delacroix, Van Gogh, Derain, Rouault, etc..; l'abstraction est bien représentée, 
notamment par Bissière, Manessier, Jacobsen, Pomodoro, Morellet, Mosset. En sortant du Musée, j'étais dans un état flottant, je ne savais pas trop quoi faire, les rues rectilignes, la rigueur manufacturière des alignements de maisons, la disposition irréprochable des gens et des choses, tout cela faisait que j'avais l'impression d'être le point de mire des autochtones à circuler le nez en l'air, en trottinnette, avec ma veste à capuche. J'ai trouvé un Mac Do et je suis resté là, en terrain neutre,  à observer la jeunesse suisse, jusqu'à la fermeture. C'était minuit, je ne retrouvais plus l'auberge.
J'ai fini par retrouver mon auberge, il a fallu encore me faire réveiller sous le coup des 3 heures du mat par trois jeunes suisses allémaniques qui évoluèrent, très longtemps dans la chambre me sembla t'il,  parlant fort croyant chuchoter pouffant de rire.
m

le même jour
M,
On trouve à se loger partout. Une nuit, il me fallait alors traverser Milan où j’étais arrivé par la gare centrale ( ) pour rejoindre l’une des gares périphériques d’où partait mon train pour turin (torino, italy) à l’aube. En marchant dans la ville assez vide en ce week-end d’été, nous étions au mois d’août, et à une heure avancée, il devait être 2 heures (a.m.) passés, j’essayais de m’imaginer la direction à prendre pour rejoindre cette autre gare. Trois heures à perdre, cela laisse du temps pour flâner. J’espérais pourtant progresser vers la bonne direction et mon premier réflexe fût donc de demander ma route. Dans une petite fiat Uno, un couple commençait à me renseigner. Etait-ce en raison de mon air de confusion apparente (des évènements dramatiques sur lesquels je ne m’étends pas avait été à l’origine de ce périple) ou bien la simple curiosité mais assez vite, le couple me proposait de le suivre à Côme, près du lac pour quelques jours de repos qu’ils estimaient certainement mérités. Hélas, impossible de les suivre, mon emploi du temps était assez serré. En route, un tramway — superbe chapelle de bois verni et de verre — que le conducteur menait au dépôt me prit comme unique passager à la faveur d’une nouvelle question sur l’itinéraire.
Toujours, lorsque je voyage je demande ma route et c’est presque toujours le moment d’un apprentissage, d’une action, d’un dévoilement. En sicile, on m’indiquait des itinéraires qui évitent les quartiers au rues étroites où la rue est une annexe des appartements. A milan, on me proposa, cette nuit là, le couchage, le week end et enfin le lift avec un tramway qui passait d’aiguillages en aiguillages afin de m’approcher au mieux de la gare.
et, en avril 2002, un avion de tourisme s’écrase sur la tour Pirelli,
v


11 octobre
V,
hier matin très tôt j'ai pris un car pour Neuchâtel. Le car a brièvement stoppé au Col des Roches, on y a une vue remarquable sur les Alpes et le Lac de Genève. De Neuchâtel, en Jdbug jusqu'à la sortie de la ville et la première voiture qui s'est arrêtée par la grâce de mon pouce levé allait à Zürich. C'est de là que je t'écris. Il y a un pittoresque de la pauvreté et du non développement, il y a aussi un pittoresque du sur-développement, c'est ce que je me dis toujours en Suisse Allemande.
Bref, un gentil suisse dans une vieille Volkswagen polo rouge, m'a emmené tranquillement par les petites routes, nous avons fumé de son excellente herbe qu'il fabrique lui-même. Il mettait la Suisse à nue sans que je le lui demande. J'ai été très étonné de me voir soudain devant l'église Grossmünster alors que je venais de quitter Neuchâtel. En fait, le voyage avec R avait duré presque 5 heures.
Le Grossmünster, église mère de la réformation en Suisse sous Ulrich Zwingli, est facilement reconnaissable à ses tours jumelles. Il date probablement de l'époque carolingienne. On se demande un peu ce qu'on voit, c'est aussi vieux que moderne. Après mes adieux à R, il était déjà 19h32 et j'ai filé en Jdbug dans la direction des rôstis que je voulais manger. Il était clair s'y déplaçant que Zürich n'était pas seulement la capital économique mondiale aux 40 sièges de multinationales suisses, ni celle de Joyce de dada d'Hermann Hesse ou de Gottfried Keller, mais surtout un lieu de captation du potentiel vivant, un immense parc humain géré de près. J'ai fini par trouver mon auberge locale sans touriste, les röstis étaient quand mëme à 35 francs suisse, mais le petit blanc faisait tout passer. Pour la nuit, je suis allé dans ce grand parc dont j'ai oublié le nom et qui était connu pour sa colonie de drogués. J'ai pu y trouver tout ce que je voulais, je n'ai dormi qu'une heure, mais je me suis réveillé avec un moral d'entrepreneur.
m

11 octobre, le soir
au loin, c’était le bruit de la mer qui s’entendait. le fracas de vagues contre les rochers parvenait assourdie, assise devant une table, elle passe ses mains en revue. il est debout, pas si loin d’elle, la regarde et pense aux multiples documentaires qu’il a pu voir et dont l’objet est de recueillir les souvenirs d’une aïeule avant que la mémoire ne parte en lambeau. souvent, pense-t-il, il est déjà un peu tard. elle continue à observer ses mains. il poursuit sa pensée sur la matière de la mémoire, les ailes d’un papillon, une disparition pour nulle part, une pure perte.
la direction des opérations a été confié à un ingénieur expérimenté. il s’affaire autour des canalisations, aidé de trois ouvriers qui exécutent ses ordres. dans la bâtisse, ces deux la attendent. il ne nous a pas été donné de savoir ce que pense la femme et si elle pense quelque chose.
il réfléchit à un projet de compilation. réunir l’ensemble de ces témoignages filmés par des proches. construire une cathédrale de la matière ‘souvenirs’ et diffuser l’ensemble des films simultanément, des murs entiers de moniteurs télé, des bandes son qui se mélangent, oh non, pas un brouhaha, une musique subtile plutôt.
la réparation se prolonge. l’ingénieur essaye d’évaluer mentalement le temps qu’ils leur restent à œuvrer sous la pluie, en plein vent. il songe à l’heure avancée, à son épouse qui probablement dort. mais il se sent bien là où il est, dans le travail. le temps, pour lui, compte peu.


11 octobre, peu avant minuit
Ils ont pris les devants. la première opération consiste à triturer le cuir chevelu pour trouver un passage entre les sutures. ensuite, un peu de force dans les bras suffit.
Nous rapporterons l'histoire de Phinéas Gage telle que la raconte Colin Blakemore. L'accident qui fut à l'origine du drame se produisit le 15 septembre 1848, à 4 heures et demie de l'après-midi, près de la petite ville de Cavendish, dans le Vermont.

Une équipe d'ouvriers, avec à leur tête Phineas P. Gage, sympathique et dynamique contremaître âgé de vingt cinq ans, travaillait à la construction d'une nouvelle ligne de chemin de fer entre Burlington et Rutland. Il s'agissait de faire sauter un rocher qui gênait l'avancée de la ligne. Phineas avait décidé d'effectuer lui-même la délicate opération consistant à bourrer de poudre un trou foré au préalable dans le roc. Il finissait de tasser la charge au fond du trou à l'aide d'un bâton métallique, quand, soudain, le frottement de ce dernier contre la pierre provoqua une étincelle qui mit le feu aux poudres. Le bâton de fer fut projeté par l'explosion comme un boulet de canon et traversa le front de Phineas, y laissant un vaste trou, avant d'atterrir quarante mètres plus loin.
Difficile à croire, mais ce ne fut pas la fin de Phineas Gage, ou tout au moins pas la fin du corps qui portait ce nom. Phineas avait été projeté sur le sol par la violence du choc, et ses membres, pendant quelque temps, s'agitèrent convulsivement. Mais, cinq minutes plus tard, à peine sorti de la torpeur, il parlait à nouveau et se tenait sur ses jambes. Ses camarades le transportèrent dans un tombereau jusqu'à un hôtel de la ville.

Phineas put descendre sans aide de la charrette et grimper l'escalier de la chambre, où il attendit l'arrivée des médecins. Ceux-ci eurent peine à croire ce qui était arrivé à Phineas avant d'examiner de leurs propres yeux la plaie béante au milieu du front.


Fig. 31 – Reconstitution de la trajectoire de la barre à mine qui traversa le crâne de Phinéas Gage

A 10 heures du soir, bien que la blessure saignât encore, Phineas avait retrouvé suffisamment ses esprits pour dire à ses ouvriers qu'il retournerait travailler dans quelques jours. Il ne faisait pourtant aucun doute qu'une barre à mine large de plusieurs centimètres avait transpercé la partie antérieure de son cerveau sans apparemment que ses sens, son langage et sa mémoire fussent aucunement perturbés. Les jours suivants furent difficiles. La plaie s'infecta; Phineas devint anémique et délira. Mais, grâce à de copieuses administrations de calomel, de rhubarbe et d'huile de castor, il se remit peu à peu. Trois semaines plus tard, il réclamait ses pantalons et avait hâte de quitter son lit. Vers le milieu de novembre, il flânait dans la ville et faisait des projets d'avenir. Ici se situe le tournant de l'histoire: Phineas avait un nouvel avenir, car il était devenu un homme différent. Le vaillant contremaître, apprécié de ses chefs et aimé par ses subordonnés, n'existait plus. Le Phineas Gage sympathique et courageux était mort; à sa place, tel un jeune phénix, un enfant doué d'une force de taureau et d'un caractère dépravé venait de naître.
Quelques années plus tard, John Harlow, un des médecins qui avait examiné Phineas lors de l'accident, écrivait: « Il est en bonne santé, et je suis tenté de dire qu'il a récupéré [...] L'équilibre ou la balance, pour ainsi dire, entre ses facultés intellectuelles et ses propensions animales semble s'être rompu.
Il est capricieux, irrespectueux et se complaît dans la grossièreté, ce qui n'était pas ses habitudes, sans égards pour ses compagnons, impatient quand on le contrarie, obstiné, mais changeant d'avis et de projets à tout bout de champ [ ... ] A ce point de vue, son esprit avait radicalement changé, au point que ses connaissances et amis disaient que " ce n'était plus Gage ". » Le nouveau Phineas, rejeté par ses employeurs, se mit à parcourir l'Amérique, s'exhibant comme attraction de foire, avec le bâton de métal responsable de sa métamorphose. Il mourut à San Francisco, mais son crâne et la barre à mine sont conservés au musée de l'École de médecine de Harvard. L'histoire de Phineas P. Gage eut un tel retentissement parce qu'elle se produisit dans le milieu du XIXème siècle où étaient de nouveau à la mode les théories de Gall selon lesquelles les différentes facultés de l'esprit étaient localisées en différentes régions du cerveau. Cette observation clinique exceptionnelle montrait, de plus, que le cerveau n'était pas seulement le maître de nos mouvements et de nos sensations, mais aussi celui de nos sentiments et de nos passions, en un mot, de notre personnalité. Après la description, par Broca (1865), d'une étroite région de l'hémisphère cérébral gauche, responsable du langage, et après les expériences de stimulation électrique et d'ablation de zones limitées du cortex cérébral réalisées chez le chien par Fritsch et Hitzig (l871) et chez le singe par Ferrier (l873), les recherches ont principalement porté sur la localisation cérébrale des fonctions sensorimotrices. Il fallut attendre les travaux de Papez (l 937) pour accepter l'hypothèse que certaines régions du cerveau, formant ce qui sera désigné plus tard sous le nom de « système limbique » (MacLean, 1949), avaient en charge les aspects émotionnels et affectifs de la vie.
Vers cette époque (1939), Phineas P. Gage eut des émules singes grâce aux talents chirurgicaux de H. Klüver et P.C. Bucy 1. Des singes dont les lobes temporaux du cerveau avaient été enlevés présentaient des modifications spectaculaires dans leur comportement affectif et social. Ces animaux, auparavant sauvages, étaient devenus doux. apprivoisés et ne s'effrayaient plus de la présence humaine Ils étaient soumis et supportaient sans broncher les agressions de leurs congénères. Enfin, ils présentaient des comportements sexuels et alimentaires caricaturaux, excessifs et inappropriés, cherchant à manger tout ce qui se présentait, mangeable ou non, et manifestant à l'égard d'objets les plus invraisemblables une inclination sexuelle incongrue. Ce syndrome fut appelé «cécité psychique», entendu par là que les singes étaient incapables de percevoir la signification des stimuli visuels qui s'offraient à eux. Le malheureux Phineas et les singes de Klüver et Bucy nous montrent qu'il est des régions du cerveau qui gèrent nos sentiments et nos rapports affectifs avec le monde, comme il en est d'autres où s'élaborent perceptions et mouvements. Si le système nerveux sensitivomoteur se prête aisément au démontage en voies et centres, il n'est cependant aucune raison de ne pas concevoir également des machines sentimentales, mécaniques nerveuses productrices de nos désirs et de nos peines. J. D. Vincent, Biologie des passions, éd. Odile Jacob, 1986
Un autre exemple bien établi de troubles frontaux est fourni par un patient que R.M. Brickner a étudié pendant presque 20 ans.
A, comme le désigne Brickner, était un courtier en valeurs mobilières qui, à l'âge de 39 ans, dut subir une résection bilatérale du lobe frontal à cause d'une tumeur massive.
Après l'opération, A ne présentait pas de troubles sensitifs ou moteurs ; il pouvait parler, comprendre des échanges verbaux et il avait conscience des gens, des objets et de l'organisation temporelle de son environnement. Il se rendait compte de sa maladie et gardait un niveau élevé de capacités intellectuelles, si l'on en juge d'après le degré d'expertise qu'il gardait au jeu d'échecs. Mais la personnalité de A avait subi un changement spectaculaire. Jadis modeste et réservé, il se mit à se vanter de ses prouesses professionnelles, physiques et sexuelles. Dans la conversation, il ne gardait pas la réserve de rigueur et il était incapable d'adapter ce qu'il disait à son auditoire. Il avait en grande partie perdu sa capacité de faire des plans pour le futur et il était loin de sa créativité et de son esprit d'initiative passés. Bien que gardant l'aptitude à apprendre des règles complexes, il fut incapable de reprendre son travail et il devint dépendant de sa famille pour sa subsistance et sa santé.

mon grand-oncle habite zurich, mais je n'y suis jamais allé. il est venu une fois à paris, c'est la seule fois où je l'ai rencontré. je trouvais cela plutôt sympathique de se retrouver avec une famille inattendue - je savais certes qu'il existait, encore que c'était assez vague, mais ne l'ayant jamais rencontré, il cessait d'exister ; jusqu'à ce jour - j'étais près à prolonger la rencontre par une prochaine visite. pourtant l'idée d'aller à zurich pour la famille, de m'engager dans un voyage de cette sorte à ce moment là...
le grand-oncle en fût un peu vexé.
v

12 octobre
V,
je me réveille en pleine forme mais sorti du park et longeant les devantures de banques qui ressemblent à des stands de foires d'art j'ai comme une absence et semble t'il je continue à marcher en poussant la JDbug mais en rêvant à la vieille maison du 19e siècle, qui est à la périphérie de Lyon aujourd'hui, mais en pleine campagne quand j'étais petit et subjugué par le concret des formes et attributs de cette Campagne encore existante. Le puit à côté de la grange, les grands chênes du côté de la tonelle qui faisaient un bruit d'enfer dés que le vent se levait, les terrains agricoles, l'étable où il fallait chercher le lait, les processions de villageois endimanchés, la petite chapelle isolée à l'orée d'un grand bois sur le flanc d'une colline, tout ça comme dans Sylvain et Sylvette. Je suis en train de marcher sur les tombes du cimetière le jour de la Toussaint et je vois ma grand-mère qui tourne la tête vers moi pour me gronder. Mais, comme dans l'autre maison de famille, celle au bord de la Saône, je ne suis pas alors dans le présent que je vis. Au lieu d'être au présent, je suis dans du passé, ce temps n'est pas le mien. Je suis en transit, je sais que je suis d’un autre temps, je ne fais que passer, voyager. Il y a un dérèglement que je ne suis pas certain d'avoir encore rattrapé et dont je me sers pour planer. Evidemment, ça ne va pas bien avec la gestion courrante. A l’heure où j’écris, je n’ai pas encore l’avantage de recevoir une barre à mine dans la tête.

Je suis retourné dans le park. Je n'ai pas retrouvé les personnages de la nuit. Le passé était passé. J'ai tâché de ne rien faire pendant toute la journée. Le soir j'ai acheté un trip. En fin de compte, Zürich, pour planer, c'est très bien.
m

13 octobre
V,
ce matin j'ai réussi à sortir du park. J'ai commencé par acheter une grande bouteille d'eau minérale gazeuse que j'ai bu d'une traite. Il y avait cette fille pas très jolie qui avait posé la main sur ma cuisse à brûle pourpoint et à bonne escient, au moment de la redescente du trip, qui avait eu du mal à déboutonner ma braguette tandis qu'elle écartait ses cuisses, qui maintenant me regardait boire, la tête posée sur son sac à dos, avec un air touchant. J'ai filé sans rien dire, et suivi une direction générale qui indiquait : Liechtenstein.

Quand je suis arrivé à Rapperswill, mon mollet gauche avait doublé de volume et j'avais une sorte de crampe à la jambe droite, c'était déjà 19h13. C'était très déprimant et je ne savais plus du tout pourquoi j'étais là, je pensais à mon ballon captif.
Il y avait cette grande station service illuminée où j'ai acheté une saucisse blanche grillée au comptoir avec une tranche de pain et de la moutarde douce. Il y avait des dizaines de camions, beaucoup avaient des plaques allemandes ou autrichiennes. J'ai parlementé avec les chauffeurs, l'un d'eux voulait bien m'emmener dans la direction de Münich, il m'a installé sur la couchette en haut dans la cabine, il m'a réveillé à 4 heures du matin, nous étions à une autre station service semblable à celle que nous venions de quitter et j'ai pris une autre saucisse grillée comme la première avec la même moutarde douce. J'ai fait les 12 derniers kilomètres qui me séparaient de Münich en Jdbug. A midi je me suis endormi sur un banc de Marienplatz.
A un moment j'ai entendu remuer autour de moi, j'ai ouvert les yeux et j'ai vu un grand gaillard hirsute penché qui vomissait.
Je me suis levé, au premier supermarché j'ai acheté plusieurs bières fortes, j'ai trouvé un autre banc dans un coin tranquille et j'ai passé la soirée à boire en regardant les passants. J'étais si bourré que j'ai fini par passer une nuit bien tranquille.
m

le même jour
nous ne gagnons rien à nous taire.
notre silence nous perdra.
le mutisme est une attitude infantile.
les mots sont faits pour être prononcés.
pas un son ne sort de ta bouche,.

klong /\ this is not a love song / http://youtube.com/watch?v=9BGi8u8BtaA

je pense que si tu continues à boire de la sorte tu n'arrivera pas au terme du périple. d'abord, tu risques un accident. ensuite on pourrait t'abuser et t'envoyer dans une direction erronée, il est aussi possible que tu t'égare et même
si tu arrive entier, dans quel état seras-tu ?

boire avec les ivrognes ne résout pas.
chanter avec les oiseaux est dangereux.
aller : risqué.
et venir : tout autant.

le mieux serait de revenir aux sources
par exemple : http://youtube.com/watch?v=oPfzXDv6uAs

cela calme la soif (mais pas la faim).
v

14 octobre
V,
ce matin, marchant à côté de mes pompes, j'ai erré dans les rues de Munich en zigzagant parmis les membres du service de nettoyage de la ville et je suis rentré dans le premier café internet
identifiable. Il s'appelait "Easy everything."
 C'était un endroit très grand, avec des posters de Picasso aux murs et tellement bien amménagé que je ne savais pas où m'asseoir. Il y avait beaucoup de messages, mais ils semblaient provenir d'une autre planète et ne pas avoir plus d'intérêt que les réclames de boites aux lettres, comme ces infos du Secrétaire de Section du Ps du 16e arrondissement de Paris à propos de la prochaine réélection de Delanoé ou cette convocation pour la prochaine Ag de la générale en manufacture où je ne serai pas, et pour cause, je te donne ma voix pour A., j'ai confiance dans sa capacité à vraiment faire n'importe quoi.
En sortant, j'avais absolument besoin d'une douche, mais je n'avais pas d'idée précise sur le moyen de m'en procurer une tout de suite en plein centre ville. Comme d'habitude en ces cas là, je suis monté sur la Jdbug et j'ai filé tout droit vers la sortie de la ville.
A un moment j'ai lu sur un hangar gigantesque : Birdview van de vloer Internet World Kongress
Je suis rentré dans le hall et j'ai vue des gens en costume sombre qui faisaient semblant de travailler dans des stands de foire. Je suis allé aux toilettes et j'ai trouvé une douche.
Après je me suis posté à la sortie de la ville à l'entrée de l'autoroute 8 direction Rossenheim. Avant de me mettre à faire du stop j'ai fumé un stick et j'étais de nouveau en pleine possession de mes moyens quand j'ai vu s'arrêter à mon niveau une BMW916i grise avec intérieur en peau de bête. Une femme à la mise impeccable a tourné sa tête dans ma direction et s'est adressée à moi en anglais.
Elle allait à Melk.
Elle filait à toute allure sur l'autobahn, je pouvais à peine distinguer le paysage, la musique à fond sortait d'innombrables sources sonores, elle était fane de Bruckner dont elle m ‘expliquait avec exaltation pourquoi il était un plus grand compositeur que Gustav Malher. Je n'ai pas voulu la contredire, mais à Altötting je lui ai demandé de bien vouloir s'arrêter pour me faire descendre.
m

le jour d'avant

david dit :

re bonsoir

sapo cafecito dit :

re bonsoir

sapo cafecito dit :

no

sapo cafecito dit :

merci

sapo cafecito dit :

e toi?

sapo cafecito dit :

comment est tu?

sapo cafecito dit :

merci



 Le transfert de "moi.jpg" est terminé.



sapo cafecito dit :

voila tu es beau

sapo cafecito dit :

avec la chemise classique de la france

sapo cafecito dit :

oui

sapo cafecito dit :

j'aavais vu

sapo cafecito dit :
tres bonze
sapo cafecito dit :
je suis bronze naturellement
sapo cafecito dit :
un petite noir

 sapo cafecito vous invite à démarrer la webcam. Voulez-vous Accepter (Alt.+W) ou Refuser (Alt.+Q) ?

 Vous avez accepté l'invitation à démarrer la webcam.

sapo cafecito dit :
voila
sapo cafecito dit :
c'est maoi
sapo cafecito dit :
merci tu es tres gentil
sapo cafecito dit :
regard
sapo cafecito dit :
tres sensuelle
sapo cafecito dit :
merci
sapo cafecito dit :
je veux l'apprendre
sapo cafecito dit :
bien
sapo cafecito dit :
je bien aime le francais
sapo cafecito dit :
j'aime
sapo cafecito dit :
apprendre le langues
sapo cafecito dit :
lire
sapo cafecito dit :
voyayeur
sapo cafecito dit :
du chocolat
sapo cafecito dit :
le chine
sapo cafecito dit :
chien
sapo cafecito dit :
nono
sapo cafecito dit :
regard
sapo cafecito dit :
Ruperto
sapo cafecito dit :
no
sapo cafecito dit :
divorciee
sapo cafecito dit :
avec une fille
sapo cafecito dit :
chez moi il fait froid
sapo cafecito dit :
j'ai une 13 ans
sapo cafecito dit :
merci
sapo cafecito dit :
normal
sapo cafecito dit :
alors ne me dis pas ca
sapo cafecito dit :
parce que je te invite au mexique
sapo cafecito dit :
oui
sapo cafecito dit :
si tu lo veux oui
sapo cafecito dit :
ok
sapo cafecito dit :
pour Chritsmas
sapo cafecito dit :
j'adore le froid
sapo cafecito dit :
je veux visitir paris
sapo cafecito dit :
je ne suis eu jamais au paris
sapo cafecito dit :
regard
sapo cafecito dit :
ouiiii
sapo cafecito dit :
wowowo
sapo cafecito dit :
che chanceux
sapo cafecito dit :
oui?
sapo cafecito dit :
19
sapo cafecito dit :
no
sapo cafecito dit :
ma fille est avec moi
sapo cafecito dit :
mon Rupert
sapo cafecito dit :
mes parents
sapo cafecito dit :
aussi
sapo cafecito dit :
oui
sapo cafecito dit :
chihuahua
sapo cafecito dit :
au nord
sapo cafecito dit :
tres pres aux stats units
sapo cafecito dit :
oui oui
sapo cafecito dit :
il fait beau
sapo cafecito dit :
nonono
sapo cafecito dit :
il me manque le froid
sapo cafecito dit :
j'adore le froid
sapo cafecito dit :
nous ne avons pas
sapo cafecito dit :
l'hiver
sapo cafecito dit :
je suis ennuie du chaleur
sapo cafecito dit :
il veut dire
sapo cafecito dit :
petit crapaud marron
sapo cafecito dit :
boh
sapo cafecito dit :
j'aime des craupaud
sapo cafecito dit :
beaucoup
sapo cafecito dit :
beaucoup
sapo cafecito dit :
merci
sapo cafecito dit :
je pense que un crapaud est tres comique
sapo cafecito dit :
tres sympa
sapo cafecito dit :
depuis
sapo cafecito dit :
des crapaux ne sont pas chanceux
sapo cafecito dit :
parce que tout le mond
sapo cafecito dit :
penses a leur
sapo cafecito dit :
comme un petite
sapo cafecito dit :
animaux tres laid
sapo cafecito dit :
nono
sapo cafecito dit :
regard
sapo cafecito dit :
mon chien
sapo cafecito dit :
e aussi
sapo cafecito dit :
un peu laid
sapo cafecito dit :
mais je l'aime
sapo cafecito dit :
oui
sapo cafecito dit :
tres sympa aussi
sapo cafecito dit :
merci
sapo cafecito dit :
alors dis moi
sapo cafecito dit :
tu t'appelle David
sapo cafecito dit :
je suis veronica
sapo cafecito dit :
je suis prof. dans l'universite
sapo cafecito dit :
j'ensegne
sapo cafecito dit :
la literature
sapo cafecito dit :
mexicaine contemporaine
sapo cafecito dit :
et aussi
sapo cafecito dit :
anglais
sapo cafecito dit :
italiene
sapo cafecito dit :
spagnol
sapo cafecito dit :
e giaponese
sapo cafecito dit :
toi?
sapo cafecito dit :
oui oui
sapo cafecito dit :
Carlos Fuentes
sapo cafecito dit :
il est mexicaine
sapo cafecito dit :
mais tu peux lire
sapo cafecito dit :
toujours Don Quijote de la Mancha
sapo cafecito dit :
ah tres interesant
sapo cafecito dit :
oui
sapo cafecito dit :
ahhhh
sapo cafecito dit :
tu peux lire
sapo cafecito dit :
aussi
sapo cafecito dit :
Histoire de la folie
sapo cafecito dit :
Michele Foucoult
sapo cafecito dit :
il te plait?
sapo cafecito dit :
il me plait beaucoup
sapo cafecito dit :
oui
sapo cafecito dit :
tout ce que
sapo cafecito dit :
Faucoult as ecrit
sapo cafecito dit :
c'est traduit
sapo cafecito dit :
mais sais tu
sapo cafecito dit :
je veux le lire
sapo cafecito dit :
en francais
sapo cafecito dit :
parce que je veux apprendre
sapo cafecito dit :
tres bien il francaise
sapo cafecito dit :
mais
sapo cafecito dit :
sais tu
sapo cafecito dit :
ce que j'aime le plus
sapo cafecito dit :
ils sont
sapo cafecito dit :
le roman du siecle XIX
sapo cafecito dit :
sais tu
sapo cafecito dit :
que
sapo cafecito dit :
le premier livre que j'avais lit dans ma vie
sapo cafecito dit :
c'etait
sapo cafecito dit :
"Crimen y Castigo" (Dovstoievsky
sapo cafecito dit :
apres
sapo cafecito dit :
20 ans apres (Dumas)
sapo cafecito dit :
Los tres mosqueteros
sapo cafecito dit :
El conde de Montecristo
sapo cafecito dit :
Los miserables
sapo cafecito dit :
Nana
sapo cafecito dit :
da ce temps j'ai adore lire
sapo cafecito dit :
romans francaise
sapo cafecito dit :
oui je le sais
sapo cafecito dit :
ma lequel mon pere
sapo cafecito dit :
me a dit de le lire
sapo cafecito dit :
ahhh
sapo cafecito dit :
sais tu
sapo cafecito dit :
que
sapo cafecito dit :
mon pere
sapo cafecito dit :
est un homme tres
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culto
sapo cafecito dit :
alors
sapo cafecito dit :
il
sapo cafecito dit :
me
sapo cafecito dit :
a fait
sapo cafecito dit :
lire
sapo cafecito dit :
quand j'etai 8  ans
sapo cafecito dit :
j'avais lit
sapo cafecito dit :
ca livre 12
sapo cafecito dit :
mais
sapo cafecito dit :
je n'avais pas comprends
sapo cafecito dit :
puis
sapo cafecito dit :
je dois le lire lus tard
sapo cafecito dit :
quand j'etais
sapo cafecito dit :
25
sapo cafecito dit :
peut-etre
sapo cafecito dit :
mais ce que il me plait beaucoup est
sapo cafecito dit :
les freres karamasov
sapo cafecito dit :
j'aime les miserables
sapo cafecito dit :
et je veux aller a la france
sapo cafecito dit :
je veux voir paris
sapo cafecito dit :
avec quasimodo
sapo cafecito dit :
alors je dois visiter le coin ou Jean Balgant
sapo cafecito dit :
etai
sapo cafecito dit :
a ce moment
sapo cafecito dit :
je m'avais trouve
sapo cafecito dit :
un deuxieme bosse
sapo cafecito dit :
boulot
sapo cafecito dit :
pour avoir de l'argent
sapo cafecito dit :
alors j'y irai 2008
sapo cafecito dit :
ah oui
sapo cafecito dit :
je visiterai paris comme poulet
sapo cafecito dit :
ahhh merci
sapo cafecito dit :
mais
sapo cafecito dit :
 regard
sapo cafecito dit :
je te peux dire Oui
sapo cafecito dit :
j'y irai chez toi
sapo cafecito dit :
alors qu'est-ce que tu farais?
sapo cafecito dit :
que je suis une donne que fais le tango
sapo cafecito dit :
ca va
sapo cafecito dit :
je danserais
sapo cafecito dit :
tango
sapo cafecito dit :
a paris
sapo cafecito dit :
je serais danseuse
sapo cafecito dit :
oui
sapo cafecito dit :
avec
sapo cafecito dit :
oui
sapo cafecito dit :
c'est ca
sapo cafecito dit :
no
sapo cafecito dit :
parceque ma cam
sapo cafecito dit :
e tres petite
sapo cafecito dit :
ne march pas pour ce la
sapo cafecito dit :
oui
sapo cafecito dit :
comment sais tu ca
sapo cafecito dit :
tu ne peux pas voir
sapo cafecito dit :
rien
sapo cafecito dit :
c'est tout
sapo cafecito dit :
tres peu
sapo cafecito dit :
mais sai tu
sapo cafecito dit :
je suis fort
sapo cafecito dit :
je me levee
sapo cafecito dit :
regard
sapo cafecito dit :
je suis tres noir
sapo cafecito dit :
parce que ici il ya beaucoup de soleil
sapo cafecito dit :
est-ce que tu avais vu
sapo cafecito dit :
mon chien
sapo cafecito dit :
avec moi
sapo cafecito dit :
quand je me suis levee
sapo cafecito dit :
alors tu avis vu
sapo cafecito dit :
que je suis fort
sapo cafecito dit :
il toujours me suivre
sapo cafecito dit :
oui
sapo cafecito dit :
nonono
sapo cafecito dit :
a ce moment
sapo cafecito dit :
je dois te quitter
sapo cafecito dit :
je dois finir
sapo cafecito dit :
beaucoup des choses avant
sapo cafecito dit :
aller au lit
sapo cafecito dit :
d'accord
sapo cafecito dit :
tu es
sapo cafecito dit :
ok
sapo cafecito dit :
nonon
sapo cafecito dit :
il est bon
sapo cafecito dit :
j'ai une altre
sapo cafecito dit :
ok
sapo cafecito dit :
alors
sapo cafecito dit :
au revoir
sapo cafecito dit :
je t'embrasse ausi
david dit :
bonne nuit.
sapo cafecito dit :
tendrement
sapo cafecito dit :
bonne soiree

 sapo cafecito a arrêté l'affichage de votre webcam.


15 octobre
V,
merci pour les nouvelles de toi et pour les questions que pose ton texte. Il se trouve qu'hier, en arrivant à Altötting, je me suis souvenu que ce que j'étais en train de faire était de me rendre a un symposium et que "symposium" a un rapport avec les déambulations platoniciennes.
Comme je n'ai encore jamais lu Platon je me suis dirigé vers le centre ville où j'espérais trouver un bouquiniste avec un Platon en français. Je l’ai trouvé, et j'ai maintenant un exemplaire de La République, tome 4 des oeuvres complètes traduites chez Garnier par Robert Baccou daté 1950.
Les pages sont toujours attachées depuis 57 ans et je les coupe avec un couteau en plastique de la Brioche Dorée. Apparemment personne aujourd'hui n'en a fini avec cette pensée, Nietzsche ou Stendhal n'ayant pas suffit à la tâche.
L'imitation reprochée au poète, soit son excès de réalité finalement, est reliée avec la toute puissance de l'idée de la Cité, abstraite. En somme, l'art est concret, la république est abstraite. Si l'on veut penser un juste et nécessaire arrangement commun, il faut abstraire le concret de l'art. Si on veut faire de l'art, on est irresponsable  du point de vue de la Cité. Car on fait on ne sait pas quel effet. J'essayais de lire ces passages où Platon indique que le chant nouveau d'un musicien change l'ordre de la Cité de fond en comble. C'était dit-on en note, une évidence, que cette puissance de la musique, en ce temps-là. L'artiste fait trop d'effet. Apparemment, d'après Platon, ça détraque la "Cité", ou du moins son idée. Et ça c'est particulièrement crétin, selon lui.

J'ai passé du temps dans un décor chrétien d'un schématisme linéaire de toute beauté, amélioré encore par les lueurs changeantes du ciel.
J'ai un lit dans une espèce de presbytère qui donne sur un jardin où l'on cultive principalement des choux et des pommes de terre. Ma logeuse est une gentille jeune femme sagement vêtue qui exerce sur moi les capacités de son Français approximatif. Sans l'empereur Constantin, le christianisme restait une secte d'avant garde et l'organum a trois voix de Pérotin, profane.
J'attends le repas du soir sans impatience excessive.
m

16 octobre
V,
hier soir, pendant l'Abend brod, et pour me distraire de l’idéalisme platonicien, je regardais mon hôtesse comme l'émanation concrète du décor dans lequel elle vivait. Elle était à l'image de l'urbanisme d'églises et de palais qui faisait l'ordinaire de sa vie, la résultant(e) de ces formes.
Je ne la voyais pas changer de manière d'exister tant qu'elle ne se sauverait pas de cette architecture imposante. En fin de compte, cette femme qui posait des pommes de terre dans mon assiette était, par continuité, l'excroissance animée des prouesses architecturales dans lesquelles je me situais également maintenant, en même temps qu'elle,  par le hasard du périple à destination du symposium.
Elle s'étonnait de me voir sans appétit, moi de sa transparence. Pour casser tout ça, il eu fallu lui arracher tous ses vêtements mais les pommes de terre et les choux ne sont pas bons conseillers sous ce rapport.
Pendant la nuit, je me suis réveillé deux ou trois fois. Il y avait un beau clair de lune.
Au petit-déjeuner, je me trouvais tout lénifié et je sentis qu'il fallait m'éloigner de ces lieux au plus vite. J'ai appuyé mon pied gauche sur la route aussi fort que possible dans la direction de Braunau. Mais il y avait un fort vent contraire.
Alors je me suis roulé dans mon duvet au pied d'un arbre très grand qui faisait un, bruit d’enfer et j'ai dormi  tout le reste de la journée.
C'est dans une espèce de resto routier bavarois que je tape ces notes. Il y a un match de foot à la TV.
m

18 et 19 octobre 
V,
ce matin, en me réveillant à 3 km d'Altötting au bord d'une petite route déserte j'étais seul au monde et tout à fait satisfait de cette impression. J'ai passé la journée à rejoindre Braunau en utilisant un large chemin très praticable que j'imaginais être celui des pélerins. A un moment j'ai aperçu une petite montagne, j'ai monté sa pente et au sommet il y a avait de gros rochers comme dans la foret de Fontainebleau, des buissons de fougères, quelques grands pins isolés et une vue très dégagée, on voyait Braunau dans le bleu du lointain. Il y avait aussi plusieurs blockhaus qui semblaient repeints de la veille. En retrouvant la route je suis tombé pile sur le car Altötting-Braunau, je l'ai arrêté et il m'a déposé à la gare routière en moins de 20 minutes.
Peu après sur la grande place, j'ai à nouveau eu cette sensation de ne pas être au bonne endroit de l'espace en contemplant des alignements de voitures devant des alignements de façades avec une sorte de no man's land au milieu.
J'ai néanmoins dégotté une petite gasthöf ou j'ai bien mangé pour par trop cher mais qu'elle ne fut pas ma surprise en apercevant sur le mur à droite une photo d'un homme lisant un journal qui ressemblait énormément à A.H.
Ensuite, j'ai fait un tour dans une librairie pour regarder des atlas routiers. En fin de compte, je suis parti avec au moins 25 jours d'avance. J'avais encore besoin de faire des détours. Et comme je ne savais pas par où aller faire le détour je suis retourné à la gare routière, il y avait un car pour Cluj-Napoca, j'ignorais ou c'était mais j'ai pris un billet et je suis rentré à 9 heures du soir dans un véhicule qui ne payait pas de mine mais qui avait une touche sympa.
C'est ainsi qu'à 9 heures du soir le lendemain, je me suis retrouvé en transylvanie.
m

les mêmes jours
M,
Beaucoup de travail en ce moment, et quel travail. je ne sais pas si j’en verrais un jour le bout.
v

20 octobre
V,
c'est la première fois que je me trouve en Roumanie. J'ai compris en bavardant avec mon compagnon de voyage roumain, R, que c'était un coup du hasard de me trouver dans un car Allttoting-Cluj-Napoca car en fait il n'y en a pas. Celui-là était un service spécial qui ramenait des travailleurs roumains dans leur pays après un chantier de six mois dans une centrale à charbon.
Cluj-Napoca était comme n'importe quelle ville d'Europe industrieuse et majoritairement chrétienne, certains quartiers avec des immeubles plus vieillots qu'ailleurs, des églises entourés de murs, des paysans moustachus et des jeunes allant et venants en jeans et des dames pomponnées et toutes chapeautées, des tziganes aux grands chapeaux noirs, entre les collines et les champs, on aperçoit des fabriques et des cheminées noirs, qui font encore partie, de temps en temps, du paysage de ce pays (je me demande si je ne retarde pas sur le décor)
il y a partout cette voiture française que j'aimais bien, la Renault 12, dans sa version Dacia. J'ai passé la nuit dans le deux pièces cuisine de R, il y avait une sorte de morceau de viande qui pendait au plafond de la cuisine, nous avons passé la plupart du temps à siffler des bouteilles de vin rouge du pays. Il m'a appris beaucoup de choses sur la gestion des Ceausescu.
Ce matin sur le coup de 11 heures, je lui ai dit au revoir et en passant par une grande place, je suis tombé sur une manifestation nationaliste roumaine.
J'ai mangé un menu filet dans un Mac Do et après t'avoir expédié ce message j'ai l'intention de me promener dans la périphérie de la ville.
m


21 octobre
V,
je ne sais pas où je me trouve
j'ai l'impression de continuer à vivre avec nos sensations de toute à l'heure qui n'existent plus
on peut travailler très correctement avec ses pieds
voir les perspectives du vrai en les touchant
se plonger dans leurs tableaux en les respirant
prendre le temps quoi qu’il en soit
suspendre l'activité
nous sommes comme des rois
abonnés à de grands projets
m

le même jour
M,
we all write un a foreign language
v.

22 octobre
V,
je ne devrais pas te le dire, surtout après tes commentaires sur ma consommation d'alcool,
mais je me trouve à Chişineu-Criş,
et j'ignore comment j'ai fait pour être à Chisineu-Cris.
C'est un drôle d'endroit,
mais il y a beaucoup de ces vieilles citroën fin 70 début 80 que j'adorais et qui,
à l'époque, avaient déjà une réputation épouvantable.
Aujourd'hui, on ne trouvera sans doute guère plus que quelques centaines de français sexes confondus pour se souvenir de l'existence de la citroën Axel

L'Accord Roumain
Signé le 30 décembre 1976 par Nicolae Ceausescu, alors président de la République Socialiste de Roumanie et dictateur notoire, et Georges Taylor, président du directoire Citroën, l'accord entre Citroën et l'état roumain était ambitieux et ouvrait à Citroën les portes du rideau de fer (!).
Le document prévoyait la construction à Craiova, dans la province d'Olténie, d'un complexe industriel de près de 350 000 m2, composé d'une usine de mécanique, d'un atelier d'emboutissage et d'installations de montage, le tout employant près de 7000 personnes. Du côté français, c'est 1200 emplois directs chez Citroën qui devaient être créés et 2500 chez les sous-traitants.
La construction et l'exploitation du complexe revenait à la société mixte franco-roumaine "Oltcit", (contraction de l'Olténie et de Citroën) créée pour l'occasion, et dont Citroën prenait 36% du capital. Le total des investissements s'élevait à 2,5 milliards de francs. A pleine cadence, pas moins de 130 000 voitures devaient être produites chaque année!
En compensation des importations par la Roumanie de pièces destinées à l'assemblage, Citroën devait acquérir pas moins de 50% de la production pour l'écouler dans son réseau en Europe de l'ouest, le reste des voitures devant être commercialisé en Roumanie et dans le COMECON par Oltcit sous sa marque ..
Hélas, le démarrage de l'usine de Craiova est si lent que les premières voitures badgées Oltcit ne sortent qu'en 1982, soit près de huit ans après la signature de l'accord, et douze ans après les premières esquisses de la remplaçante de l'Ami 8, qui s'est vue entretemps dépouillée de l'essentiel de son contenu technologique!
drôle d'endroit,
m
le même jour, dans la nuit
M,
il faudra songer à une suite à tout cela, et peut-être devrais-tu prolonger le périple. tu te souviens de la fin d’Ulysse ?
v.

23 octobre
V,
hier j'ai accepté l'invitation de F, rencontrée dans un bar à Chisineu-Cri. Elle m'a emmené chez elle, un petit appartement au 12e étage d'un immeuble moderne situé à la périphérie de Belgrade dans une gigantesque cité construite sous Tito. Il y avait bien un métier à tisser dans le coin de son petit séjour mais pas de tapisserie en cours.
Nous avions fait sans problème les 245km de petites routes entre les deux villes, il nous a fallu comme même six heures et 25 minutes environ.
La vue de sa fenêtre est sidérante, mais on ne demande pas aux touristes d'être sidérés mais de dire "c'est beau" devant certaines choses et pas d'autres.
F est en train de changer les draps du lit, nue, je n'ai pas pu faire grand chose jusqu'à maintenant, il est 18h12, je prends le temps de consulter un vieux routard en français où je lis quelques informations générales sur Belgrade.

"Belgrade (en serbe Београд ou Beograd) est la capitale et la plus grande ville de Serbie. Selon le recensement de 2002, la ville proprement dite comptait 1 281 801 habitants et, avec les environs, 1 576 124 habitants[1]. En 2007, la population de la ville était estimée à 1 111 825 habitants[2]
Belgrade est l’une des plus anciennes cités d’Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans. Les premières traces d’installations humaines dans la région remontent à la Préhistoire (culture de Vinča). Historiquement, Belgrade est l’antique cité de Singidunum, colonie romaine située dans la province de Mésie. Le nom slave Beograd a été officiellement prononcé pour la première fois le 16 avril 878 dans une épître envoyée par le pape Jean VIII au prince Boris de Bulgarie. Il a pour signification « la ville blanche ».

Au fil de son histoire mouvementée, Belgrade a été conquise par 40 armées : elle a été romaine, byzantine, hongroise, ottomane puis capitale de la Serbie réellement indépendante en 1878."
Du banal en sorte, de la préhistoire, de l'antiquité, de le religion, des conquêtes. Et puis, dans le décor, c'est comme ailleurs, c'est comme partout, avec des nuances locales qui feintent la  variation.
Oui, l'Europe unifie un territoire qui est déjà unifié, ou plutôt, elle fait passer pour rassemblement quelque chose qui est l'imposition d'une direction commune à une grande étendu au moyen des institutions foireuses que l'on sait. Il faudrait donner quelques "idées", pour ce qui est du "décor", de l'apparence, mais par quoi et par qui commencer ?
La chute est bien jolie comme elle est.
à +
m

le jour suivant
M,
ne vis pas, lis !
v.


24 octobre
V,
ce matin j'ai dit au revoir à F, nous avons échangé nos e-mail et je l'ai laissée là, emportant mon petit baluchon et la Jdbug complètement révisée.
Le paysage n'avait rien de remarquable, des immeubles modernes au milieu de pâtés de maisons basses, des voitures, des gens allant et venant, mais par les décalages du voyage tout se montrait sous l'apparence du nouveau, de l'intéressant. En marchant dans l'air translucide et froid, je me disais, mais que veulent-ils, que vouloir de plus, tout est là, toujours, disponible. Tout est l'affaire de mes perceptions et sensations, et l'art est leur mode d'emploi. L'aventure était dans son élément, le banal.
Mais en longeant de vieilles boutiques des années 50s,  je me disais, la guerre, a toujours revenir, est aussi une grande banalité, que l'on cache et agite par la mise en place d'un aveuglement, d'une figure imposée du visible, provoquant un défaut d'intelligence collective, un manque définitif d'adaptation de la société à la situation concrète des conditions générales de vie. Le décor de l'art participe ancestralement de la chose et collabore aussi à la suite tragique des événements.
Il me fallait un remontant, je suis entré dans le premier bistro venu et j'ai commandé une double slisovic avec des pikkles. C'était 11h12, trop tôt pour boire, mais du coup j'ai fait là quelques rencontres, la conversation m'a remis des idées en place. En écoutant ces militaires, je comprenais que la participation à une tuerie peut se ressentir comme un "moment sans épaisseur" comme dit H.G de l'acte sexuel. Les artifices n'ont qu'à bien se tenir.
m

25 octobre
V,
à un moment j'ai vu mes pupilles dilatées dans les reflets d'une devanture
puis
j'allais, dérivant encore
le vent dominant emportant mon esquif à roulettes
vers je ne sais où
je ricanais sans raison
adressais des imprécations maniaques aux passants
heureusement
il faisait sombre
et les moteurs à explosion faisaient du bruit
m

26 octobre
V,
merci pour ton long mail, je te rassure tout de suite pour ce qui est du budget, conforme à mes prévisions
les oeuvres musicales anonymes me touchent toujours
la vie est un moment d'éveil et d'acuité qui ne peut atteindre sa plénitude, semble-t-il, qu'au moyen du long sommeil réparateur dont chacun sait qu'il lui succède. Avec les oeuvres d'art, nous abordons en chantant le royaume du silence. Au moins, on sait qu'elles sont utiles à ça.
m

27 octobre
V,
je suis dans une station de ski à côté de Vlasenica. Il est trois heures trente trois du matin. Je suis dans une pièce surchauffée même dû sortir nu sur le balcon, pour refroidir.
Il y a beaucoup de neige sur la forêt de sapins
Il y a des bruits de douche derrière la porte mais je ne sais plus si c’est moi ou quelqu’un d’autre qui prend cette douche
Je lis le journal et je trouve que plus le monde va rapidement à sa catastrophe plus je vais bien. Je suppose qu'il s'agit d'une coïncidence, mais par ces temps troublés on doit douter de tout
La MOP est la plus grosse bombe conventionnelle jamais fabriquée et elle arrive à point pour éclater dans le sol du moyen-Orient, ailleurs
C'est le moment de confondre les lignes d'univers. Je saute sur le radiateur pour augmenter encore le chauffage. Le givre dégouline sur les vitres.
Comme tu vois, je n'ai rien de bien passionnant à te raconter, sinon que tout est torride.
à +
m

le 8 novembre, 9h12
S,
J'espère que tu vas bien et que l'ouverture du festival s'est bien passée.
O et C devraient arriver vers la fin de
la semaine à ljubljana. Ils vont t'écrire directement pour te préciser leur
date d'arrivée.
M et moi-même sommes un peu en panne pour le moment. Surtout M, qui semble avoir des problèmes de Gps. As-tu reçu des
réponses des différents 'partenaires' ? Pour notre part, c'est le silence
radio.
Continuons à nous tenir informés.
Amitiés,
V


le 8 nov. 07 à 12:50,
Bonjour V,
L'ouverture s'est bien passee. L'atmosphere est plutot a l'hysterie (plein de problemes de permis, visas, etc.), mais le festival est maintenant bien en place.
On a recu une reponse negative d'une compagnie d'essence (pour le plein). Quant a Peugeot, pas de van a disposition, et juste des voitures de fonction qui peuvent etre utilisees dans Ljubljana meme. Pas brillant quoi. J'espere qu'il va y avoir quelque chose qui va bouger de votre cote et que M et toi pourrez vous joindre a nous.
V, dis-moi si tu veux que je t'appelle pour qu'on voie la situation ensemble.
Amities,
S

plus tard
V,
ce matin j'ai fait la route jusqu'à Kladanj. Dans ce paysage, on pourrait être aussi bien en Autriche ou en Norvège. J'avais chaud dans les montées et froid dans les descentes.
J'avais envie d'aller à Kladanj car ma dernière rencontre m'avait dit que la fondation de la ville remontait  à une petite communauté montagnarde qui prospérait autour d'une source dont l'eau était réputée pour ses propriétés spéciales. L'histoire raconte que Muska Voda est censé accroître les forces de l'homme, la version locale actuelle est que l'eau agit comme un viagra naturel. L'écrivain voyageur turc du 16e siècle, Evlija Celebija, décrit la source de Kladanj comme la fontaine de jouvence. Comme tu sais, je suis très intéressé par tous les breuvages et substances magiques, mais pour l'instant j'ai réservé trois nuits à un prix défiant toute concurrence au Motel America qui domine un beau vallon, avec la petite bourgade en contrebas, avec son barbecue de style néo-homme des cavernes.
J'ai l'intention de beaucoup dormir, j'ai besoin de m'arrêter, stand-by, quoi.
te tiendrai informé de mon sommeil.
m

encore plus tard
V,
j'ai vraiment beaucoup dormi, tu ne t'imagines pas comme je suis bien sous la couette, dehors il y a une espèce de tempête, beaucoup de vent, mais ni pluie ni neige
J'ai soigné mes courbatures avec de longs bains très chauds et j'ai repris les forces que j'avais perdues en cours de route
Il y a deux jours j'ai fait la connaissance d'un jeune couple très sexy qui est là pour une espèce de lune de miel improvisée, si j'ai bien compris, et la nuit je suis bercé par des râles et des soupirs langoureux mais par bonheur les lits ne grincent pas au Motel America
seulement, buvant beaucoup d'eau locale et fumant beaucoup d'herbe j'ai dû maitriser quelques érections qui m'empêchaient de réfléchir, et les sujets sérieux ne manquent pas dans tes derniers messages. Les fantasmes se produisaient en images particulièrement réalistes, j'ai failli y arriver sans les mains
il va bien falloir que je me décide à finir ma route.
Pour ce qui est de l'anarchisme, je n'y connais rien.
Dans le sens littéral, absence de chef, je trouve que c'est ce qui se passe à la générale. Je trouve aussi que c'est ce qui agit le monde présent, ne serait-ce que par inadvertance, un perfectionnement de l'anarchie par la "grâce" de l'art sera bien utile.
Bon, je retourne à mes coussins, j'ai l'esprit ailleurs.
Il y a dehors comme le hurlement d'un loup, mais c'était un homme, je suppose,
m

toujours plus tard
M,
Où es-tu maintenant ? écris vite ou téléphone, j’ai perdu ta trace
v