vu en Allemagne en 2012 |
vendredi 27 juin 2014
93
communication
communication
l’état de confusion mentale doit être soigneusement entretenu
un des meilleurs moyens pour y parvenir réside dans l’utilisation du discours paradoxal : faites ce que je dis, mais pas ce que je fais et surtout puissiez-vous ne rien comprendre à ce que je vous raconte de manière à ce que, quoi que vous pensiez, quoi que vous disiez ou quoi que vous fassiez, je puisse toujours avoir raison
ce type de communication, qui tend à faire agir les unes contre les autres différentes aires de la personnalité du manipulé, génère des conflits de loyauté et est "schizophrénogène"
pour le dire plus simplement, ce genre de communication rend "fou"
(le nouvel observateur société publié le 30 mars 2012 à 19h50)
jeudi 26 juin 2014
mercredi 25 juin 2014
lundi 23 juin 2014
jeudi 19 juin 2014
mercredi 18 juin 2014
mardi 17 juin 2014
lundi 16 juin 2014
85
cité
Pour Hegel déjà, le monde grec était celui de "la cité comme oeuvre d'art".
mythe
l'immémorial était une propriété intrinsèque des mythes. On ne fabrique pas l'immémorial, il est aussi bien à venir.
Ce qui nous manque (car il nous manque quelque chose, il nous manque la politique, nous n'en disconvenons pas), ce n'est ni la matière ni les formes pour fabriquer du mythe. Pour cela, il y a toujours assez de bric-à-brac, assez de kitsch idéologique disponible, aussi pauvre que dangereux.
Il nous manque de discerner l'événement - les événements où s'inaugurent en vérité notre avenir.
lls ne se produisent pas dans un retour des mythes. Nous ne vivons plus dans le dimension ni dans la logique de l'origine. Nous existons dans le tardif, dans l'après-coup historique. Ce qui n'exclut pas que l'extrémité du tardif soit aussi la pointe du nouveau. C'est même exactement ce qui nous est demandé de penser.
(Lacoue-Labarthe & Nancy, Le mythe nazi, 1980/1991)
cité
Pour Hegel déjà, le monde grec était celui de "la cité comme oeuvre d'art".
mythe
l'immémorial était une propriété intrinsèque des mythes. On ne fabrique pas l'immémorial, il est aussi bien à venir.
Ce qui nous manque (car il nous manque quelque chose, il nous manque la politique, nous n'en disconvenons pas), ce n'est ni la matière ni les formes pour fabriquer du mythe. Pour cela, il y a toujours assez de bric-à-brac, assez de kitsch idéologique disponible, aussi pauvre que dangereux.
Il nous manque de discerner l'événement - les événements où s'inaugurent en vérité notre avenir.
lls ne se produisent pas dans un retour des mythes. Nous ne vivons plus dans le dimension ni dans la logique de l'origine. Nous existons dans le tardif, dans l'après-coup historique. Ce qui n'exclut pas que l'extrémité du tardif soit aussi la pointe du nouveau. C'est même exactement ce qui nous est demandé de penser.
(Lacoue-Labarthe & Nancy, Le mythe nazi, 1980/1991)
jeudi 12 juin 2014
84
musique
art + peur
Je pense très souvent aux musiciens d'aujourd'hui ; j'écoute leur musique tant que je peux. On se prépare à un âge artistique très inconfortable. L'art peut disparaître dans la multiplication des supports technologiques, l'abolition de la distance, donc du temps.
L'art est né dans la peur, donc dans la prière, qui n'est pas une allégeance à Dieu mais un retour d'émotion sur l'être qu'on est, pour se rassurer soi-même, et collectivement si possible.
(Pierre Guyotat, Le Monde, mercredi 11 juin 2014)
musique
La musique suit l'Histoire. S'il y en a un qui a préfiguré, fait chanter, fait "musiquer" l'épouvante qui venait, c'est bien Schoenberg. Le thème affirmatif final de la Kammersymphonie, op 9, presque beethovénien, est une sorte de raidissement devant ce qu'il pressent. C'était avant 1914. J'avais 11 ans à la mort de celui qui a voulu la fin de la tonalité, il savait que, quand on touche à quelque chose, même de manière infime, on touche le tout et tout doit alors changer. Schoenberg a voulu autre chose que le beau, il a voulu ce qui hante tout artiste : le nouveau.
Je pense très souvent aux musiciens d'aujourd'hui ; j'écoute leur musique tant que je peux. On se prépare à un âge artistique très inconfortable. L'art peut disparaître dans la multiplication des supports technologiques, l'abolition de la distance, donc du temps.
L'art est né dans la peur, donc dans la prière, qui n'est pas une allégeance à Dieu mais un retour d'émotion sur l'être qu'on est, pour se rassurer soi-même, et collectivement si possible.
(Pierre Guyotat, Le Monde, mercredi 11 juin 2014)
lundi 9 juin 2014
82
infrastructure
Partout dans le monde, cette règle a été validée : s'il y a une nouvelle infrastructure, l'effet d'aubaine entraîne une augmentation du trafic
La première autoroute surélevée des États-Unis reliait le nord de Manhattan à Brooklyn sur 8 km et absorbait 140.000 voitures par jour depuis 1931
En 1973, des pilotis s'écroulent, entraînant sa fermeture
stupéfaction générale
À la stupéfaction générale, le trafic à l'entrée de New York baisse brutalement
phénomène que les spécialistes appellent l'évaporation
plus on restreint le trafic, plus il disparaît
civilisation
Les boulevards des maréchaux, aujourd'hui civilisés,
transportent environ 195.000 personnes par jour en tramway et en automobile
sans compter les piétons et cyclistes,
soit l'équivalent du périphérique
sur une emprise animée, pratique, agréable bien plus étroite
Apporter la civilisation au boulevard périphérique permettrait de transformer portes et abords, de lier "Paris" et "Grand Paris".
infrastructure
Partout dans le monde, cette règle a été validée : s'il y a une nouvelle infrastructure, l'effet d'aubaine entraîne une augmentation du trafic
La première autoroute surélevée des États-Unis reliait le nord de Manhattan à Brooklyn sur 8 km et absorbait 140.000 voitures par jour depuis 1931
En 1973, des pilotis s'écroulent, entraînant sa fermeture
stupéfaction générale
À la stupéfaction générale, le trafic à l'entrée de New York baisse brutalement
phénomène que les spécialistes appellent l'évaporation
plus on restreint le trafic, plus il disparaît
civilisation
Les boulevards des maréchaux, aujourd'hui civilisés,
transportent environ 195.000 personnes par jour en tramway et en automobile
sans compter les piétons et cyclistes,
soit l'équivalent du périphérique
sur une emprise animée, pratique, agréable bien plus étroite
Apporter la civilisation au boulevard périphérique permettrait de transformer portes et abords, de lier "Paris" et "Grand Paris".
Porte de la Villette |
samedi 7 juin 2014
81
liberté + univers
les libertés politiques n'épuisent pas le contenu de l'esprit de liberté qui, pour la civilisation européenne, signifie une conception de la destinée humaine. Elle est un sentiment de la liberté absolu de l'homme vis-à-vis du monde et des possibilités qui sollicitent son action. L'homme se renouvelle éternellement devant l'Univers. A parler absolument, il n'a pas d'histoire.
(Emmanuel Lévinas, Quelques réflexions sur la philosophie de l'Hitlérisme)
faire événement
La politique, ce sont des événements, en sorte que, même s'il est toujours possible de trouver aux événements une origine lointaine (c'est la tâche des historiens), l'action politique n'existe que par référence à ce qui se passe maintenant, au présent. Agir politiquement, c'est donc faire événement. Ou, ce qui revient au même, réagir aux événements. Y compris ceux dont s'est saisi l'adversaire pour les disqualifier ou les contrecarrer. De ces séquences de coups et de contre coups dépendent des situations politiques, jamais inexorablement déterminées.
Or, dans la situation actuelle, l'extrême droite non seulement a l'initiative, mais elle semble aussi être parvenue à subjuguer la gauche, perdue au point de ne manifester quasiment aucune réaction en réponse à son offensive.
(Luc Boltanski & Arnaud Esquerre, Vers l'extrême - extension des domaines de la droite, éditions dehors, mai 2014)
liberté + univers
les libertés politiques n'épuisent pas le contenu de l'esprit de liberté qui, pour la civilisation européenne, signifie une conception de la destinée humaine. Elle est un sentiment de la liberté absolu de l'homme vis-à-vis du monde et des possibilités qui sollicitent son action. L'homme se renouvelle éternellement devant l'Univers. A parler absolument, il n'a pas d'histoire.
(Emmanuel Lévinas, Quelques réflexions sur la philosophie de l'Hitlérisme)
vendredi 6 juin 2014
79
pluralité + politique
il n'y a d'homme que là où il y a monde
pour qu'il y ait monde, il faut des productions humaines,
des objets fabriqués de main d'homme
il n'y a d'hommes que là où il y a pluralité
il n'y a d'hommes que là où il y a monde
la pluralité est la loi de la terre
la politique est action, mise en relation
le lieu de naissance de la politique est l'espace entre les hommes
(Arendt)
productions humaines
les oeuvres d'art sont des balises dans l'espace
(Stendhal)
aisthêtikos
qui perçoit par les sens, perceptible
mercredi 4 juin 2014
77
encadrement
apparence
(François Leclerc, blog de Paul Jorion, 4 juin 2014)
encadrement
apparence
les réseaux de caméras de surveillance qui poussent comme des champignons dans les villes ne sont que la face visible – et déjà banalisée – de la société de surveillance qui monte en puissance.
Porteur avec les « objets connectés » de toutes les espérances de business futurs, le Big Data a trouvé avec la NSA son maître avant même d’exister.
Non pas pour monétiser, mais pour encadrer.
Tel un délire mégalomane (mais raisonné), un fichier des visages des habitants de la planète est en cours de création, au prétexte mis à toutes les sauces de reconnaître les terroristes quand ils modifient leur apparence.
(François Leclerc, blog de Paul Jorion, 4 juin 2014)
mardi 3 juin 2014
lundi 2 juin 2014
74
breakmmvn (2007)
le jour suivant
breakmmvn (2007)
Lundi 3 octobre – Paris /\
Partir,
démarrer, tout comme commencer quelque chose, est le plus exaltant.
Seuls comptent les commencements. Depuis plusieurs semaines, je me
prépare. J'ai accumulé les plans, les itinéraires, les espaces
potentiels de halte. J'ai toutefois oublié l'essentiel, omis de me
préciser quelle serait la première étape du périple. Je suis
encore à la maison, coincé par cette première marche, sortir de
cette ville, n'est-ce pas le plus difficile ? En face, le
« captive balloon » du parc.
Des
idées ?
Vn
3 octobre
– Paris /\/\
Partir,
démarrer, commencer quelque chose, est-ce exaltant ? Le
commencement, le début du tout, dit Aristote ?
Depuis
plusieurs semaines, je pense à me préparer, mais je ne fais rien.
La nuit j'accumule les plans, les itinéraires, les espaces
potentiels de halte, j'anticipe les rencontres, je m'imagine
marchant, respirant dans de beaux décors.
Le
jour, j'oublie l'essentiel, jusqu'à préciser quelle serait la
première étape du périple.
Je
suis encore à la maison, coincé par cette première marche.
Sortir
de cette ville, n'est-ce pas difficile ?
En
face, le « captive balloon » du parc. Longuement je le
filme se balançant au gré du vent dominant. Je vole par l'objectif
de la caméra. Je suis pesant à force de planer quand je retourne au
lit. Et à nouveau les idées du voyage me tiennent fermement
éveillées.
Les
idées ?
mm
4
octobre
V,
il
y a longtemps, j'avais trop lu, je voyageais avec un sac de couchage
et une petite réserve de drogue douce. Je me souviens du jour ou je
me suis réveillé à côté de la statue de Schubert dans un parc de
Wien. Ou de la nuit languissante éclairée par trop d'étoiles dans
les calanques de Marseille. Ou de ma démarche rebondissante dans le
crépuscule lunaire de Kaboul, avant la guerre. J’ai plein de
moments de ce genre, ma mémoire peut en générer pendant des
heures.
C'était
bien beau, c'est arrivé couché sur mon lit peut-être. Tu comprends
qu'évoquer ces faits m'incite à sortir du lit et de la maison, mais
aussi à ne pas les quitter.
D'ailleurs
ce matin je t'écris encore de la maison non loin du lit. J'ai un
bol de café dans un gobelet en plastique Mac Do qui fume à ma
droite et une carte d'Europe déployée sur laquelle j'ai
marqué un itinéraire possible. Pour faire un break, il n'y a pas de
raison de passer plutôt ici que là, c'est bien ce qui fait qu'il
faut tout de même tracer sa route. Tout le monde sait que se détourner des itinéraires
crèe la surprise. Ce n'est pas que la surprise en question soit
particulièrement surprenante, mais elle n'est pas celle à laquelle
on s'attendait et c'est ce qui convient à nos facultés de surprise. Tout est bon, bien et beau en Europe.
En
même temps je ne me lasse pas d'être étonné tous les jours
d'avoir, aujourd'hui même, un lit dans une maison avec vue sur un
ballon captif. Je lis moins et rien ne m'incite vraiment à courrir
les routes chercher ailleurs ce que j'ai déjà à foison autour de
moi et dans ma tête. Je suis entouré et pénétré d'une surprise
immanente et perpétuelle. Alors en voyage, ce qui me frappe, c'est les
ressemblances. J'ai constaté ça lors de mes récents déplacements
en Normandie, en Allemagne, en Chine et au Brésil. Et puis
maintenant, les jeunes vont au bout du monde pour travailler, pas
pour se dépayser.
Je
trempe des madeleines longues Grand Jury dans mon café et je replie
la carte. Je sais qu'à partir du moment où il a une carte de crédit rien ne peut plus arriver à
un voyageur.
Or
je dispose d'une carte visa à débit différé. Cette argument
décisif me pousse maintenant à me mettre effectivement en route. Le
temps de finir mon café peut-être.
m
4 octobre dans la nuit
M,
Je
découvre ton message tout en ayant, depuis un moment déjà,
réfléchit à l'itinéraire que je prendrais si j'avais ce périple
à faire. J'hésite. Alors, faire d'abord le tour de la ville,
l'arrondir mais aussi la circonscrire, lui donner sa faible ampleur.
La chirurgie opère le désir. Autour, la prolifération des
"cabinets de curiosité", de l'attachement à des objets, à
une décoration en définitive bon marché.
J'hésite
et c'est une sorte d'inverse qui se présente : l'abbaye de
Port-Royal-des-Champs, dans la vallée de Chevreuse.
v
5 octobre
V,
ce
matin vers 10h j'ai fermé la porte de la maison et dévalé les 6 étages par l'escalier avec un sac Eastpark sur le dos et une trottinette Jdbug pro (le véhicule sensé m’épargner
un voyage trop rapide) au bout du bras.
Mon
idée est de suivre ton idée, et de prendre le RER à la station Javel jusqu’à Saint-Rémy-les-Chevreuses et de là rejoindre Port-Royal-des-Champs en trottinette.
J'ai
des chaussures de marche Merrell, un coupe vent imperméable fabriqué au Bengladesh et un duvet ultra léger issu de la technologie
spatiale. J'ai ma visa, une réserve de drogue douce (j’espère
ainsi me préserver de la logique),
un petit carnet sur lequel j'écrirai chaque jour.
Tu
recevras des messages par paquets. Je n'ai pas l'intention de
chercher les cafés internet, j'utiliserai ceux qui seront disposés
le long de mon trajet.
Figure-toi que je suis déjà à Troyes. J'y suis arrivé tellement vite que je
n'ai pas ressenti le besoin de poursuivre ma route alors que j'en
avais tout le temps puisqu'il est maintenant 11h52 à l'horloge du
café Chrétien de Troyes d'où je t'écris.
Tout
à l'heure, j'étais à peine sur le quai de la Seine que je tombais
sur mon voisin de palier qui montait dans sa nouvelle voiture, une
citroën C6 haut de gamme. A peine le temps de le complimenter sur sa voiture qu'il me demandait ou j'allais ainsi
équipé. Je lui dis que j'allais en Slovénie et peu
après nous filions vers Troyes comme sur un tapis volant sur
l'autoroute. Il y allait faire une conférence sur La Bonneterie à
l'heure de la Mondialisation en tant que cadre de la
société Petit Bateau. Troyes est situé au bord de la Seine. Le
centre, parfaitement restauré, est resté très évocateur de ce
qu'elle fut autrefois : églises anciennes dont la cathédrale
gothique, maisons à colombages aux murs obliques, vieilles rues
pavées, échoppes rustiques. Le patron du café me recommande de
passer par La rue des Chats, la ruelle Corne-de-Cerf, la rue du
Gros-Raisin et celle de l'Eau-Bénite. Je reconnais ce patron,
j'étais déjà dans son café quand j'appris de sa bouche le suicide
de l'ancien premier ministre de Mitterrand, Pierre Bérégovoy. Lui,
bien sûr, ne me reconnait pas et je me garde d'intervenir sur le
processus de sa mémoire. Il me propose une petite chambre à 20
euros, je n'ai pas le courage de la refuser bien que je me sois
promis de dormir dehors autant que possible.
J'irai
peut-être faire un tour au musée d'art moderne voir les Delaunay.
Demain
je me lèverai tôt pour rejoindre le Lac d'Orient en Jdbug. Après, on verra bien.
m
le
même jour
M,
Et
bien, la route a été rapide pour toi. Troyes, quelle drôle d'idée
? Le sentiment que c'est au coeur d'un vide français où tu te
trouve, mais en réalité, je n'en sais rien. Pourtant la proximité
de Charles de Gaulle pourrait donner un peu de plein. Tu sais comment
il commence ses "Mémoires de Guerre" ? Par cette phrase
elliptique : "Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée
de la France...". Lorsqu'il l'écrit, sa vie est loin d'être
terminée puisque l'ouvrage est publié en 1954. Pourquoi donc ce
présent composé qui indique une action passée ? Pourquoi aussi ces
trois petits points ? Le "je" est ici auguste, le héros
parle et il poursuit par "Le sentiment me l'inspire aussi bien
que la raison." Cette idée, il la ressent mais il la raisonne
donc. Mon commentaire de texte est un peu pénible, mais je voudrais
insister sur
la
fiction
fiction
de l'appareil narratif mais aussi fiction, dans le fond, d'un homme
qui aborde une réalité, un pays aux frontières à peu près
connues, comme un objet animé par une idée. Une réalité idéelle,
voilà peut-être la clef des trois points de suspension.
Pourquoi
de Gaulle ? Et pourquoi pas ! Il est possible de
l’appréhender sans adhérer, sans même le prendre sous l’angle
d’un personnage ou figure historique. S’attacher à la
narration. Imaginer qu’en parlant de lui il parle d’autre chose
et qu’en parlant d’autre chose, il parle de lui. Saisir, aussi,
tout ce qui échappe, la dissémination d’égo mais bien plus, je
crois, sa fuite. Quel intérêt ?
1/
Aucun. 2/ L’économie de la viande humaine. Une livre de chair
remboursée à la patrie pour une dette inexistante. 3/ Soit « A »
la représentation de « Art » dans l’espace du réel. A
présente les propriétés suivantes : Universalité puisque A
existe partout où il ne se revendique pas. Incohérence, A existe
aussi là où il se revendique mais d’une manière
non-commensurable avec A. Ireflexivité, A ne renvoi pas à A.
Instabilité, au temps t A est différend de A au temps t-1 ou t+1.
Etc., Aetc.
Pardon
de t'ennuyer avec ces lectures que tu connais par coeur. Tu as ta
trace, j'ai des livres.
V
6 octobre
V,
hier,
après t'avoir écrit, je suis allé voir les rues de Troyes
recommandées par le patron. Je les ai trouvées mais finalement je
ne les ai pas vues. C'est plat et pas très intéressant, et puis il
y a l'incendie de 1524 et les bombardements nazis de la guerre mondiale. L'ambiance contemporaine de la guerre de 100 ans, celle du 12e siècle, contemporaine de
l'écriture de "Lancelot ou le le Conte de la Charette" et
de "Perceval ou le Conte de Graal", on peut toujours en rajouter, l'imaginer. Et la voilà. Alors j'ai fumé
un petit stick et suis parti tout droit avec mon léger bagage, sans
attendre.
Le
revêtement de la N19 convenait parfaitement aux réglages de la
Jdbug et plus la lumière baissait plus j'avais l'impression d’aller
vite en flottant au dessus du sol. Je regardais les nuages au dessus
de la ligne d'horizon tout en repérant les obstacles de la route. Le
moindre obstacle fait valdinguer, en trottinette on est jamais assez
prudent.
A
un moment, sur ma droite j'ai vu un panneau qui indiquait :
Colombey-les-2-Eglises. J'imaginais cette
localité beaucoup plus au Nord mais je venais de lire ce
que tu dis sur De Gaulle (pour
3/, les distinctions faites par B entre
présentation et représentation, selon lui la représentation excède
la présentation (et l’ontologie est la mathématique (pour moi
cette dernière a un rapport avec la fiction, la fiction l'armature des faits)) et aussi les pensées à
esprit géométrique (Spinoza), celles qui pensent avec l’étendu,
dont certaines sont poétiques (Stendhal), qui s’intéressent aux
dispositions des corps dans l’espace et ne croient pas que l’idée
suffise (et c’est à peu près sûr, il n’y a rien de plus grand
que l’idée). De Gaulle a une position esthétique (idée +
sensible), l’idée est claire, le sensible confus mais il faut les
deux pour se faire le tableau général des choses, (Un pays, c’est quelques idées et la forme du pays et de ses habitants. De Gaulle aimait Debussy ou Abel Gance et ils étaient dans son idée de la France.) dont
l’art est une des approximations agissantes.
J'apercevais le monument mémorial en forme de croix de Lorraine,
emblème de la Résistance, haut de 44 mètres, symbole encore agrandi par l’idée d'accrocher à la terre le logo de la France Libre, historiquement dessiné pour
concurrencer la croix gammée, logo du nazisme qui agrandit lui aussi démesurément "ses" sculptures et décors.
C'était
difficile de ne pas s'arrêter là pour dormir.
Après
un coup d'oeil au cimetière j'ai filé droit sur les
bois où s'élève la croix géante.
J'ai
dormi d'une traite jusqu'à midi.
Je
n'avais pas plus tôt roulé mon sac de couchage et rejoins la route
qu'une fourgonette de gendarmerie ralentissait à mes côtés. Un
gendarme avec un visage au nez d'un rouge affirmé se penchaient par la
fenêtre et demandaient si je n'étais pas perdu.
Je
lui dis que non, que j'allais vers le sud-est, que s'il voulait bien m'avancer dans cette direction...
C'est
ainsi que 20 minutes plus tard je me retrouvais à
Bourbonne-les-Bains. De là j'ai emprunté la pittoresque D 417
jusqu'à Saint-Loup-sur-Semousse. Je t'écris de la terrasse de
l'unique café du village. Cette terrasse surplomble un paysage
impressionnant. Tout à l'heure j'irai me trouver un coin pour dormir
dans les fourrées que j'aperçois en contrebas. Il y a un plat du
jour de quenelles aux brochets pour 4 euros 50. Malheureusement la
serveuse a des moustaches et compte participer au prochain concours de l'Eurovision.
m
7 octobre
V,
quand
j'ai sorti la tête de mon duvet, ce matin très tôt (il était 5
heures 12) j'étais légérement barbouillé et la campagne autour de
moi était trempée. Le vin du patron et la technologie spatiale
avaient contribués à m'abstraire d'un épisode pluvieux. En pliant
mes affaires j'étais toujours dans le rêve compliqué qui m'avait
occupé une partie de la nuit.
J'étais au 17e siècle dans un cadre aristocratique, j'assistais à la première
représentation de Bajazet,
la pièce de Jean Racine. Sur la scène, les personnages apprennent que le roi est
mort ou vaincu : ils se sentent alors libres de déchaîner
leurs passions. (il s'agit sans doute de la proto histoire du "veau français" cher à De Gaulle) Or, l'information est rapidement démentie. Le retour
du roi met les personnages devant leurs fautes et les pousse, selon
leur nature intérieure, à se repentir ou à aller jusqu'au bout de
leur rébellion. C'était très fastidieux pour moi, ce rêve, je ne connais pas grand chose du théatre et des tragédies
françaises à part qu’elles m’ennuient et qu’il y faille mal choisir (mais ça c'est depuis la forme de vie antique. Nous sommes abonnés à la tragédie, au naufrage du moi et du tout). Je me dis toujours que je veux tout,
que tout est suspendu entre la pulsion et la répulsion, dans
l’ambivalence éternel, du fait d’exister, par un fait
accompli de l’existence, et que disposer de plusieurs vies ou niveaux
de vie ira bien avec les contraires qui nous forment et déforment et je veux bien tourner en rond, avoir les péripéties
d'une péripatétie interminable plutôt que d'arrêter quoi que
se soit. Enfin
bon, dans ce rêve, on avait toujours besoin d'un Roi, ou de ce qui
lui ressemble, ou de son absence, pour déchaîner nos passions, aller jusqu'au bout.
J’étais bien entendu désolé de participer à un tel spectacle,
mais ne pouvais sortir.
Tout
cela fit, probablement, qu'en remontant vers la terrasse du café Au Bleu des
Vosges, je glissais en traversant un buisson de fougères et me
retrouvait les quatre fers en l'air.
Après
j'ai trouvé une voiture conduite par un parisien possédant une
résidence secondaire dans le coin qui m'a déposé à Luxeuil. De
là, j'ai rejoint Lure en trottinette puis fait à nouveau du stop
jusqu'à Belfort. J'étais fourbu en arrivant vers 19 heures.
Je
suis allé droit sur les remparts, j'ai fumé en contemplant le
panorama sur la ville au pied du bas relief du Lion de Belfort dont
un exemplaire en bronze se trouve place Denfert-Rochereau, puis je me
suis écroulé dans les premiers taillis convenables que j'ai aperçu,
sans demander mon reste.
m
le
même jour
M,
il
est possible de traverser le monde en traversant une ville. Chaque
endroit que tu mentionnes de ton voyage ravive mon souvenir d'un café
(le bleu des vosges), d'une statue (le lion), une rue (luxeil) de la
ville où j'habite. Sur un mode moins intense, comme si la mention de
lieux - à l'étranger, en province - poussait tout à la fois à
sortir de la ville mais aussi à se contenter de la nomination. Après
tout, un café pourrait tout simplement s'appeler : "café",
une rue pourrait, comme c'est le cas pour certaines villes
américaines, porter un simple numéro.
"toute
société bien ordonnée assoupie les passions" et celle dont le
roi, ou ce qui en tient lieu, est absent après, mais seulement
après, avoir écrasé un peu les choses de sa présence, cette
société trouvera ses passions explosives et explosées - à
condition qu'elle en ait, ce qui n'est pas gagné. on discutera, je
pense, encore longtemps, toi et moi, des passions et de leur éventuel
endormissement.
mais
sais-tu au moins où tu vas ? au sud-est dis-tu. pourtant une
direction géographique capture-t-elle l'ensemble de la direction ?
et, sûrement as-tu raison, seul compte
l'orientation dans l'espace. plus au sud, mais à peu près aussi à
l'est, il y a :
cela
:
et
aussi le pays des aigles ?
v
8 octobre
V,
ce
matin au réveil temps splendide ainsi que le "morning wood"
comme disent les anglo-saxons. J'étais en train de m'étirer en tâchant de circonscrire la vue sur Belfort quand,
alors que j'en étais à reconnaître dans le lointain l'usine
Alsthom qui construit les TGV, j'entends marcher derrière mon dos.
En déplaçant mes pupilles le plus dans leur angle droit possible
sans bouger la tête j'arrive à identifier le passant. C'est C C, le Conservateur en Chef des Musées de Belfort. Je le connais pour
lui avoir vendu en 1995 une Inclusion de P.A.G. de 1969. En plaçant mes pupilles à gauche
je le vois poursuivre le chemin qui va vers le château, puis
disparaître dans le tournant.
Je
me souviens qu’à 18 ans j'avais fait du stop pour aller en Suisse
et qu'une voiture m'avait laissé tout près de la maison de ma
grand-mère, à Menthon-Saint-Bernard, au bord du lac d'Annecy.
Je marchais d'un côté de la route quand j'aperçu ma grand-mère,
vieille dame de 87 ans amie des coiffeurs et du Figaro, qui montait
lentement de l'autre côté de la départementale, frolée par les autos roulant trop vite, avec son panier à provisions. Elle
passait sans me remarquer, bien sûr, et je la laissais faire. Je
l'ai regardé monté la pente douce jusqu'au virage où elle fut
absorbée dans le paysage. Je me rend compte maintenant que je fais
souvent, filmant, des plans de personnes qui disparaissent
absorber par les paysages, les constructions ou les objets.
Ce
matin, donc, j'avais besoin de services publiques et autres et je
suis descendu aussi vite et dignement que possible avec la Jdbug,
droit sur le centre ville. Je me suis arrêté dans un bar internet
qui s'appelle : Au Coucou de Ronchamp tandis que mon linge tournait
dans une machine un peu plus loin.
Belfort
est comme une ville Suisse, la frontière pourrait l'englober, mais
il se trouve que Belfort est un "territoire".
C'est
très BD, ça m'évoque QRN sur Bretzelburg ou le Sceptre d'Ottokar.
Quand se présente un pays entier, arrivent le schéma
et le symbole, les images et les sons sont au premier plan et
gouvernent, voire remplacent, la fastidieuse écriture et ses nuances
et dérivations péniblement articulées.
En
allant récupérer mon linge j'aperçois un camion avec une plaque
slovène et un gros Ljublijana sur le flanc à côté d'autres mots
que je déchiffre à moitié. Le chauffeur est au volant, il fume,
son coude dépasse de la fenêtre ouverte. Il se trouve qu'il va
partir vers la Slovénie et qu'il veut bien m'emmener. Mais aller directement en
Slovénie comme ça signifierait la fin de l'après début du commencement vers le
« but ». N’écoutant que mon devoir artistique je
décline son invitation et continue à marcher vers le lavomatic. J'y
passe pas mal temps à contempler les fesses en jean
d'une fille qui vide une machine à laver et remplit une
machine à essorer.
En
sortant, je me disais tranquillement, j'ai trop de temps, il faut aller moins vite sinon je vais arriver avant tout le monde au Symposium.
Alors
j'ai marché, j'ai suivi la pancarte Sochaux. A Sochaux j'ai avisé
un hôtel Formule 1 non loin des usines Peugeot. Avant d'aller
dormir, j'ai assisté au va et vient des ouvriers aux portes de
l’usine, spectacle se raréfiant,
m
9 octobre
V,
avant
hier, dans le hall du Formule 1, j'ai regardé la carte de France
murale et j'ai constaté que si j'allais au sud vers le Lac de Genève
je trouverai la Chaux-de-Fonds. Pourquoi ne pas y faire un tour ? Je pars
donc vers Audincourt, je monte les côtes à pied et je dévale les
pentes, je dépasse Valentigney, le vent me pousse, je m'arrête
de temps en temps pour fumer, je suis toujours dans le sens du vent,
si bien que j'ai pu prendre un sandwich vers 16h au café de La
Préfecture à Pont-de Roide.
Tout
en mangeant je suivais des yeux la crète des Montagnes du Lomont en
pensant aux phrases de Benjamin, à l’horizon, au lointain,
au proche... J'étais fourbu et ne me voyais pas continuer
beaucoup plus longtemps.
Je
n'avais pas bien dormi au Formule 1. J'étais dérangé par un
bruit en provenance de l'étage supérieur, une sorte de miaulement à
basse fréquence, mi-organique mi-machinique, dont je ne comprenais
pas l'origine et ne pouvait mettre un nom dessus. La télé était
épouvantable comme d'hab, et par dessus tout j'écrivais dans ma
tête Le livre que j'ai à écrire depuis si longtemps, celui qui
s'efface la journée.
C'est
très fort de nommer, il y a beaucoup d'innomable, le moins que l'on
puisse dire, c'est que je n'ai pas la mémoire des noms. Le pouvoir
probablement est de fixer et cantonner à leur place le plus grand
nombre d'êtres et de faits existants par l'usage ou le non usage de
l’artifice de leurs noms.
A
Pont-de Roide, je me suis aperçu avec horreur que ma réserve de
drogue s'épuisait. La
lumière s'amenuisait, j'étais toujours vissé à ma chaise sans
pouvoir bouger quand une fourgonnette épicerie ambulante rutilante
ralentit devant moi, une épicière avec un piercing
sur le nez en sortait et allait droit au bar commander un pastis.
Après
nous voilà sur la jolie route qui mène à Saint
Hippolyte. Je m'entend très bien avec elle, elle est charmante, je
lui propose de travailler pendant quelque jours avec elle, elle
sourit, mais ne dit mot.
Je
me retrouve seul sur la place de Saint-Hippolyte à 8 heures du soir,
les commerçants fermés, l'unique restaurateur empilant ses chaises
et fermant les lumières. Je vois le clocher de l'église, je
m'approche, il y a une affichette sur la porte où je lis : "
Sur mes serviteurs et sur mes servantes, en ces jours là je
répanderai mon esprit et ils seront prophètes" Jl 3.1, mais la
porte est fermée.
Je
fais quelques pas plus loin et je m'écroule dans un coin.
Dormons,
dormons...
m
le même jour
M,
<footnote :
le « etc. » prend ici un sens plein, qui indique que tout
est possible à la suite de ce début d’inventaire, tout du moment
que l’on voit que les frontières sont maintenant au centre et non
à la périphérie >
La
commande sur le territoire est en panne.
Sur
le terrain des idées et des concepts, il n’y a pas grand chose
d’autre que du défensif.
v
10 octobre
V,
les
flics m'ont réveillé tôt, je les accompagné au poste, ils ont
constaté que je n'avais rien de suspect (ayant terminé la substance
interdite qu’ils devaient trouver) mais quand je suis ressorti je
n'avais pas assez dormi. La sortie du village vers Maîche était en
pente douce, j'ai posé les deux pieds sur la Jdbug et je me suis
laissé descendre. Arrivé au creux d'un vallon, il allait falloir
remonter, quand, surprise, la fourgonette épicerie de la veille
ralentit et s'arrête à mon niveau. C'était une divine surprise,
sauf que l'épicière était accompagné de l'épicier. Ils m'ont
laissé à Charquemont. A la station service j'ai trouvé une Renault
Kangoo immatriculée en Suisse, avec deux retraités adorables qui
m'ont déposé en 20 minutes à la Chaux-de-Fonds. Avant de nous
quitter, ils m' indiquent que le bâtiment de l'ancienne Auberge
de Jeunesse, sis rue du Doubs
34, met à disposition 12 chambres meublées destinées à des
étudiants ou des touristes. J'y vais et trouve une place dans une
chambre à quatre lits.
Après
je suis allé au Musée. Les collections sont constituées de
peintures, de sculptures, de dessins et d'estampes
des
XIXe et XXe siècles; elles comprennent des oeuvres d'artistes
régionaux et suisses comme
Anker,
L'Eplattenier, Vallotton, Le Corbusier, Disler et un ensemble de
peintures de Léopold
Robert
(1784-1835), natif de La Chaux-de-Fonds, célèbre pour ses brigands
italiens; la Collection
René
et Madeleine Junod, léguée à la Ville en 1986, rassemble quelques
maîtres de la tradition
moderne
: Delacroix, Van Gogh, Derain, Rouault, etc..; l'abstraction est bien
représentée,
notamment
par Bissière, Manessier, Jacobsen, Pomodoro, Morellet, Mosset. En
sortant du Musée, j'étais dans un état flottant, je ne savais pas
trop quoi faire, les rues rectilignes, la rigueur manufacturière des
alignements de maisons, la disposition irréprochable des gens et des
choses, tout cela faisait que j'avais l'impression d'être le point
de mire des autochtones à circuler le nez en l'air, en trottinnette, avec ma veste à capuche. J'ai trouvé un Mac Do et je suis resté
là, en terrain neutre, à observer la jeunesse suisse, jusqu'à
la fermeture. C'était minuit, je ne retrouvais plus l'auberge.
J'ai fini par retrouver mon auberge, il a fallu encore me
faire réveiller sous le coup des 3 heures du mat par trois jeunes
suisses allémaniques qui évoluèrent, très longtemps dans la chambre me sembla t'il, parlant fort croyant
chuchoter pouffant de rire.
m
le même jour
M,
On
trouve à se loger partout. Une nuit, il me fallait alors traverser
Milan où j’étais arrivé par la gare centrale ( ) pour rejoindre
l’une des gares périphériques d’où partait mon train pour
turin (torino, italy) à l’aube. En marchant dans la ville assez
vide en ce week-end d’été, nous étions au mois d’août, et à
une heure avancée, il devait être 2 heures (a.m.) passés,
j’essayais de m’imaginer la direction à prendre pour rejoindre
cette autre gare. Trois heures à perdre, cela laisse du temps pour
flâner. J’espérais pourtant progresser vers la bonne direction et
mon premier réflexe fût donc de demander ma route. Dans une petite
fiat Uno, un couple commençait à me renseigner. Etait-ce en raison
de mon air de confusion apparente (des évènements dramatiques sur
lesquels je ne m’étends pas avait été à l’origine de ce
périple) ou bien la simple curiosité mais assez vite, le couple me
proposait de le suivre à Côme, près du lac pour quelques jours de
repos qu’ils estimaient certainement mérités. Hélas, impossible
de les suivre, mon emploi du temps était assez serré. En route, un
tramway — superbe chapelle de bois verni et de verre — que le
conducteur menait au dépôt me prit comme unique passager à la
faveur d’une nouvelle question sur l’itinéraire.
Toujours,
lorsque je voyage je demande ma route et c’est presque toujours le
moment d’un apprentissage, d’une action, d’un dévoilement. En
sicile, on m’indiquait des itinéraires qui évitent les quartiers
au rues étroites où la rue est une annexe des appartements. A
milan, on me proposa, cette nuit là, le couchage, le week end et
enfin le lift avec un tramway qui passait d’aiguillages en
aiguillages afin de m’approcher au mieux de la gare.
et,
en avril 2002, un avion de tourisme s’écrase sur la tour Pirelli,
v
11 octobre
V,
hier
matin très tôt j'ai pris un car pour Neuchâtel. Le car a
brièvement stoppé au Col des Roches, on y a une vue remarquable sur
les Alpes et le Lac de Genève. De Neuchâtel, en Jdbug jusqu'à la
sortie de la ville et la première voiture qui s'est arrêtée par la
grâce de mon pouce levé allait à Zürich. C'est de là que je
t'écris. Il y a un pittoresque de la pauvreté et du non
développement, il y a aussi un pittoresque du sur-développement,
c'est ce que je me dis toujours en Suisse Allemande.
Bref, un gentil suisse dans une vieille Volkswagen polo rouge, m'a
emmené tranquillement par les petites routes, nous avons fumé de
son excellente herbe qu'il fabrique lui-même. Il mettait la Suisse
à nue sans que je le lui demande. J'ai été très étonné de me
voir soudain devant l'église Grossmünster alors que je venais de
quitter Neuchâtel. En fait, le voyage avec R avait duré presque
5 heures.
Le
Grossmünster, église mère de la réformation en Suisse sous
Ulrich Zwingli, est facilement reconnaissable à ses tours jumelles.
Il date probablement de l'époque carolingienne. On se demande un peu
ce qu'on voit, c'est aussi vieux que moderne. Après mes adieux à
R, il était déjà 19h32 et j'ai filé en Jdbug dans la direction des rôstis que je voulais
manger. Il était clair s'y déplaçant que Zürich n'était pas seulement la
capital économique mondiale aux 40 sièges de multinationales
suisses, ni celle de Joyce de dada d'Hermann Hesse ou de Gottfried
Keller, mais surtout un lieu de captation du potentiel vivant, un
immense parc humain géré de près. J'ai fini par trouver mon
auberge locale sans touriste, les röstis étaient quand mëme à 35
francs suisse, mais le petit blanc faisait tout passer. Pour la nuit,
je suis allé dans ce grand parc dont j'ai oublié le nom et qui
était connu pour sa colonie de drogués. J'ai pu y trouver tout ce
que je voulais, je n'ai dormi qu'une heure, mais je me suis réveillé
avec un moral d'entrepreneur.
m
11 octobre, le soir
au
loin, c’était le bruit de la mer qui s’entendait. le fracas de
vagues contre les rochers parvenait assourdie, assise devant une
table, elle passe ses mains en revue. il est debout, pas si loin
d’elle, la regarde et pense aux multiples documentaires qu’il a
pu voir et dont l’objet est de recueillir les souvenirs d’une
aïeule avant que la mémoire ne parte en lambeau. souvent,
pense-t-il, il est déjà un peu tard. elle continue à observer ses
mains. il poursuit sa pensée sur la matière de la mémoire, les
ailes d’un papillon, une disparition pour nulle part, une pure
perte.
la
direction des opérations a été confié à un ingénieur
expérimenté. il s’affaire autour des canalisations, aidé de
trois ouvriers qui exécutent ses ordres. dans la bâtisse, ces deux
la attendent. il ne nous a pas été donné de savoir ce que pense la
femme et si elle pense quelque chose.
il
réfléchit à un projet de compilation. réunir l’ensemble de ces
témoignages filmés par des proches. construire une cathédrale de
la matière ‘souvenirs’ et diffuser l’ensemble des films
simultanément, des murs entiers de moniteurs télé, des bandes son
qui se mélangent, oh non, pas un brouhaha, une musique subtile
plutôt.
la
réparation se prolonge. l’ingénieur essaye d’évaluer
mentalement le temps qu’ils leur restent à œuvrer sous la pluie,
en plein vent. il songe à l’heure avancée, à son épouse qui
probablement dort. mais il se sent bien là où il est, dans le
travail. le temps, pour lui, compte peu.
11 octobre, peu avant minuit
Ils
ont pris les devants. la première opération consiste à triturer le
cuir chevelu pour trouver un passage entre les sutures. ensuite, un
peu de force dans les bras suffit.
Nous
rapporterons l'histoire de Phinéas Gage telle que la raconte Colin
Blakemore. L'accident qui fut à l'origine du drame se produisit le
15 septembre 1848, à 4 heures et demie de l'après-midi, près de la
petite ville de Cavendish, dans le Vermont.
Une
équipe d'ouvriers, avec à leur tête Phineas P. Gage, sympathique
et dynamique contremaître âgé de vingt cinq ans, travaillait à la
construction d'une nouvelle ligne de chemin de fer entre Burlington
et Rutland. Il s'agissait de faire sauter un rocher qui gênait
l'avancée de la ligne. Phineas avait décidé d'effectuer lui-même
la délicate opération consistant à bourrer de poudre un trou foré
au préalable dans le roc. Il finissait de tasser la charge au fond
du trou à l'aide d'un bâton métallique, quand, soudain, le
frottement de ce dernier contre la pierre provoqua une étincelle qui
mit le feu aux poudres. Le bâton de fer fut projeté par l'explosion
comme un boulet de canon et traversa le front de Phineas, y laissant
un vaste trou, avant d'atterrir quarante mètres plus loin.
Difficile
à croire, mais ce ne fut pas la fin de Phineas Gage, ou tout au
moins pas la fin du corps qui portait ce nom. Phineas avait été
projeté sur le sol par la violence du choc, et ses membres, pendant
quelque temps, s'agitèrent convulsivement. Mais, cinq minutes plus
tard, à peine sorti de la torpeur, il parlait à nouveau et se
tenait sur ses jambes. Ses camarades le transportèrent dans un
tombereau jusqu'à un hôtel de la ville.
Phineas
put descendre sans aide de la charrette et grimper l'escalier de la
chambre, où il attendit l'arrivée des médecins. Ceux-ci eurent
peine à croire ce qui était arrivé à Phineas avant d'examiner de
leurs propres yeux la plaie béante au milieu du front.
Fig.
31 – Reconstitution de la trajectoire de la barre à mine qui
traversa le crâne de Phinéas Gage
A
10 heures du soir, bien que la blessure saignât encore, Phineas
avait retrouvé suffisamment ses esprits pour dire à ses ouvriers
qu'il retournerait travailler dans quelques jours. Il ne faisait
pourtant aucun doute qu'une barre à mine large de plusieurs
centimètres avait transpercé la partie antérieure de son cerveau
sans apparemment que ses sens, son langage et sa mémoire fussent
aucunement perturbés. Les jours suivants furent difficiles. La plaie
s'infecta; Phineas devint anémique et délira. Mais, grâce à de
copieuses administrations de calomel, de rhubarbe et d'huile de
castor, il se remit peu à peu. Trois semaines plus tard, il
réclamait ses pantalons et avait hâte de quitter son lit. Vers le
milieu de novembre, il flânait dans la ville et faisait des projets
d'avenir. Ici se situe le tournant de l'histoire: Phineas avait un
nouvel avenir, car il était devenu un homme différent. Le vaillant
contremaître, apprécié de ses chefs et aimé par ses subordonnés,
n'existait plus. Le Phineas Gage sympathique et courageux était
mort; à sa place, tel un jeune phénix, un enfant doué d'une force
de taureau et d'un caractère dépravé venait de naître.
Quelques
années plus tard, John Harlow, un des médecins qui avait examiné
Phineas lors de l'accident, écrivait: « Il est en bonne santé, et
je suis tenté de dire qu'il a récupéré [...] L'équilibre ou la
balance, pour ainsi dire, entre ses facultés intellectuelles et ses
propensions animales semble s'être rompu.
Il
est capricieux, irrespectueux et se complaît dans la grossièreté,
ce qui n'était pas ses habitudes, sans égards pour ses compagnons,
impatient quand on le contrarie, obstiné, mais changeant d'avis et
de projets à tout bout de champ [ ... ] A ce point de vue, son
esprit avait radicalement changé, au point que ses connaissances et
amis disaient que " ce n'était plus Gage ". » Le nouveau
Phineas, rejeté par ses employeurs, se mit à parcourir l'Amérique,
s'exhibant comme attraction de foire, avec le bâton de métal
responsable de sa métamorphose. Il mourut à San Francisco, mais son
crâne et la barre à mine sont conservés au musée de l'École de
médecine de Harvard. L'histoire de Phineas P. Gage eut un tel
retentissement parce qu'elle se produisit dans le milieu du XIXème
siècle où étaient de nouveau à la mode les théories de Gall
selon lesquelles les différentes facultés de l'esprit étaient
localisées en différentes régions du cerveau. Cette observation
clinique exceptionnelle montrait, de plus, que le cerveau n'était
pas seulement le maître de nos mouvements et de nos sensations, mais
aussi celui de nos sentiments et de nos passions, en un mot, de notre
personnalité. Après la description, par Broca (1865), d'une étroite
région de l'hémisphère cérébral gauche, responsable du langage,
et après les expériences de stimulation électrique et d'ablation
de zones limitées du cortex cérébral réalisées chez le chien par
Fritsch et Hitzig (l871) et chez le singe par Ferrier (l873), les
recherches ont principalement porté sur la localisation cérébrale
des fonctions sensorimotrices. Il fallut attendre les travaux de
Papez (l 937) pour accepter l'hypothèse que certaines régions du
cerveau, formant ce qui sera désigné plus tard sous le nom de «
système limbique » (MacLean, 1949), avaient en charge les aspects
émotionnels et affectifs de la vie.
Vers
cette époque (1939), Phineas P. Gage eut des émules singes grâce
aux talents chirurgicaux de H. Klüver et P.C. Bucy 1. Des singes
dont les lobes temporaux du cerveau avaient été enlevés
présentaient des modifications spectaculaires dans leur comportement
affectif et social. Ces animaux, auparavant sauvages, étaient
devenus doux. apprivoisés et ne s'effrayaient plus de la présence
humaine Ils étaient soumis et supportaient sans broncher les
agressions de leurs congénères. Enfin, ils présentaient des
comportements sexuels et alimentaires caricaturaux, excessifs et
inappropriés, cherchant à manger tout ce qui se présentait,
mangeable ou non, et manifestant à l'égard d'objets les plus
invraisemblables une inclination sexuelle incongrue. Ce syndrome fut
appelé «cécité psychique», entendu par là que les singes
étaient incapables de percevoir la signification des stimuli visuels
qui s'offraient à eux. Le malheureux Phineas et les singes de Klüver
et Bucy nous montrent qu'il est des régions du cerveau qui gèrent
nos sentiments et nos rapports affectifs avec le monde, comme il en
est d'autres où s'élaborent perceptions et mouvements. Si le
système nerveux sensitivomoteur se prête aisément au démontage en
voies et centres, il n'est cependant aucune raison de ne pas
concevoir également des machines sentimentales, mécaniques
nerveuses productrices de nos désirs et de nos peines. J. D.
Vincent, Biologie des passions, éd. Odile Jacob, 1986
Un
autre exemple bien établi de troubles frontaux est fourni par un
patient que R.M. Brickner a étudié pendant presque 20 ans.
A,
comme le désigne Brickner, était un courtier en valeurs mobilières
qui, à l'âge de 39 ans, dut subir une résection bilatérale du
lobe frontal à cause d'une tumeur massive.
Après
l'opération, A ne présentait pas de troubles sensitifs ou moteurs ;
il pouvait parler, comprendre des échanges verbaux et il avait
conscience des gens, des objets et de l'organisation temporelle de
son environnement. Il se rendait compte de sa maladie et gardait un
niveau élevé de capacités intellectuelles, si l'on en juge d'après
le degré d'expertise qu'il gardait au jeu d'échecs. Mais la
personnalité de A avait subi un changement spectaculaire. Jadis
modeste et réservé, il se mit à se vanter de ses prouesses
professionnelles, physiques et sexuelles. Dans la conversation, il ne
gardait pas la réserve de rigueur et il était incapable d'adapter
ce qu'il disait à son auditoire. Il avait en grande partie perdu sa
capacité de faire des plans pour le futur et il était loin de sa
créativité et de son esprit d'initiative passés. Bien que gardant
l'aptitude à apprendre des règles complexes, il fut incapable de
reprendre son travail et il devint dépendant de sa famille pour sa
subsistance et sa santé.
mon
grand-oncle habite zurich, mais je n'y suis jamais allé. il est venu
une fois à paris, c'est la seule fois où je l'ai rencontré. je
trouvais cela plutôt sympathique de se retrouver avec une famille
inattendue - je savais certes qu'il existait, encore que c'était
assez vague, mais ne l'ayant jamais rencontré, il cessait d'exister
; jusqu'à ce jour - j'étais près à prolonger la rencontre par une
prochaine visite. pourtant l'idée d'aller à zurich pour la famille,
de m'engager dans un voyage de cette sorte à ce moment là...
le
grand-oncle en fût un peu vexé.
v
12 octobre
V,
je
me réveille en pleine forme mais sorti du park et longeant les
devantures de banques qui ressemblent à des stands de foires d'art
j'ai comme une absence et semble t'il je continue à marcher en
poussant la JDbug mais en rêvant à la vieille maison du 19e siècle,
qui est à la périphérie de Lyon aujourd'hui, mais en pleine
campagne quand j'étais petit et subjugué par le concret des formes
et attributs de cette Campagne encore existante. Le puit à côté de
la grange, les grands chênes du côté de la tonelle qui faisaient
un bruit d'enfer dés que le vent se levait, les terrains agricoles,
l'étable où il fallait chercher le lait, les processions de
villageois endimanchés, la petite chapelle isolée à l'orée d'un
grand bois sur le flanc d'une colline, tout ça comme dans Sylvain et
Sylvette. Je suis en train de marcher sur les tombes du cimetière le
jour de la Toussaint et je vois ma grand-mère qui tourne la tête
vers moi pour me gronder. Mais, comme dans l'autre maison de famille,
celle au bord de la Saône, je ne suis pas alors dans le présent que
je vis. Au lieu d'être au présent, je suis dans du passé, ce temps
n'est pas le mien. Je suis en transit, je sais que je suis d’un
autre temps, je ne fais que passer, voyager. Il y a un dérèglement
que je ne suis pas certain d'avoir encore rattrapé et dont je me
sers pour planer. Evidemment, ça ne va pas bien avec la gestion
courrante. A l’heure où j’écris, je n’ai pas encore
l’avantage de recevoir une barre à mine dans la tête.
Je
suis retourné dans le park. Je n'ai pas retrouvé les personnages de
la nuit. Le passé était passé. J'ai tâché de ne rien faire
pendant toute la journée. Le soir j'ai acheté un trip. En fin de
compte, Zürich, pour planer, c'est très bien.
m
13 octobre
V,
ce
matin j'ai réussi à sortir du park. J'ai commencé par acheter une
grande bouteille d'eau minérale gazeuse que j'ai bu d'une traite.
Il y avait cette fille pas très jolie qui avait posé la main sur ma
cuisse à brûle pourpoint et à bonne escient, au moment de la
redescente du trip, qui avait eu du mal à déboutonner ma braguette
tandis qu'elle écartait ses cuisses, qui maintenant me regardait
boire, la tête posée sur son sac à dos, avec un air touchant. J'ai
filé sans rien dire, et suivi une direction générale qui
indiquait : Liechtenstein.
Quand
je suis arrivé à Rapperswill, mon mollet gauche avait doublé de
volume et j'avais une sorte de crampe à la jambe droite, c'était
déjà 19h13. C'était très déprimant et je ne savais plus du tout
pourquoi j'étais là, je pensais à mon ballon captif.
Il
y avait cette grande station service illuminée où j'ai acheté une
saucisse blanche grillée au comptoir avec une tranche de pain
et de la moutarde douce. Il y avait des dizaines de camions, beaucoup
avaient des plaques allemandes ou autrichiennes. J'ai parlementé
avec les chauffeurs, l'un d'eux voulait bien m'emmener dans la
direction de Münich, il m'a installé sur la couchette en haut dans
la cabine, il m'a réveillé à 4 heures du matin, nous étions à
une autre station service semblable à celle que nous venions de
quitter et j'ai pris une autre saucisse grillée comme la première
avec la même moutarde douce. J'ai fait les 12 derniers kilomètres
qui me séparaient de Münich en Jdbug. A midi je me suis endormi sur
un banc de Marienplatz.
A
un moment j'ai entendu remuer autour de moi, j'ai ouvert les yeux et
j'ai vu un grand gaillard hirsute penché qui vomissait.
Je
me suis levé, au premier supermarché j'ai acheté plusieurs bières
fortes, j'ai trouvé un autre banc dans un coin tranquille et j'ai
passé la soirée à boire en regardant les passants. J'étais si
bourré que j'ai fini par passer une nuit bien tranquille.
m
le même jour
nous
ne gagnons rien à nous taire.
notre
silence nous perdra.
le
mutisme est une attitude infantile.
les
mots sont faits pour être prononcés.
pas
un son ne sort de ta bouche,.
klong /\ this is not a
love song / http://youtube.com/watch?v=9BGi8u8BtaA
je
pense que si tu continues à boire de la sorte tu n'arrivera pas au
terme du périple. d'abord, tu risques un accident. ensuite on
pourrait t'abuser et t'envoyer dans une direction erronée, il est
aussi possible que tu t'égare et même
si
tu arrive entier, dans quel état seras-tu ?
boire
avec les ivrognes ne résout pas.
chanter
avec les oiseaux est dangereux.
aller
: risqué.
et
venir : tout autant.
le
mieux serait de revenir aux sources
par
exemple : http://youtube.com/watch?v=oPfzXDv6uAs
cela
calme la soif (mais pas la faim).
v
14
octobre
V,
ce
matin, marchant à côté de mes pompes, j'ai erré dans les rues de
Munich en zigzagant parmis les membres du service de nettoyage de la
ville et je suis rentré dans le premier café internet
identifiable.
Il s'appelait "Easy everything."
C'était
un endroit très grand, avec des posters de Picasso aux murs et
tellement bien amménagé que je ne savais pas où m'asseoir. Il y
avait beaucoup de messages, mais ils semblaient provenir d'une autre
planète et ne pas avoir plus d'intérêt que les réclames de boites
aux lettres, comme ces infos du Secrétaire de Section du Ps du 16e
arrondissement de Paris à propos de la prochaine réélection de
Delanoé ou cette convocation pour la prochaine Ag de la générale
en manufacture où je ne serai pas, et pour cause, je te donne ma
voix pour A., j'ai confiance dans sa capacité à vraiment faire
n'importe quoi.
En
sortant, j'avais absolument besoin d'une douche, mais je n'avais pas
d'idée précise sur le moyen de m'en procurer une tout de suite en
plein centre ville. Comme d'habitude en ces cas là, je suis monté
sur la Jdbug et j'ai filé tout droit vers la sortie de la ville.
A
un moment j'ai lu sur un hangar gigantesque : Birdview van de
vloer Internet World Kongress
Je
suis rentré dans le hall et j'ai vue des gens en costume sombre qui
faisaient semblant de travailler dans des stands de foire. Je suis
allé aux toilettes et j'ai trouvé une douche.
Après
je me suis posté à la sortie de la ville à l'entrée de
l'autoroute 8 direction Rossenheim. Avant de me mettre à faire du
stop j'ai fumé un stick et j'étais de nouveau en pleine possession
de mes moyens quand j'ai vu s'arrêter à mon niveau une BMW916i
grise avec intérieur en peau de bête. Une femme à la mise
impeccable a tourné sa tête dans ma direction et s'est adressée à
moi en anglais.
Elle
allait à Melk.
Elle
filait à toute allure sur l'autobahn, je pouvais à peine distinguer
le paysage, la musique à fond sortait d'innombrables sources
sonores, elle était fane de Bruckner dont elle m ‘expliquait
avec exaltation pourquoi il était un plus grand compositeur que
Gustav Malher. Je n'ai pas voulu la contredire, mais à Altötting je
lui ai demandé de bien vouloir s'arrêter pour me faire descendre.
m
le jour d'avant
david
dit :
re
bonsoir
sapo
cafecito dit :
re
bonsoir
sapo cafecito dit :
no
sapo
cafecito dit :
merci
sapo
cafecito dit :
e
toi?
sapo
cafecito dit :
comment
est tu?
sapo
cafecito dit :
merci
Le
transfert de "moi.jpg" est terminé.
sapo
cafecito dit :
voila
tu es beau
sapo
cafecito dit :
avec
la chemise classique de la france
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
j'aavais
vu
sapo
cafecito dit :
tres
bonze
sapo
cafecito dit :
je
suis bronze naturellement
sapo
cafecito dit :
un
petite noir
sapo
cafecito vous invite à démarrer la webcam. Voulez-vous Accepter
(Alt.+W) ou Refuser (Alt.+Q) ?
Vous
avez accepté l'invitation à démarrer la webcam.
sapo
cafecito dit :
voila
sapo
cafecito dit :
c'est
maoi
sapo
cafecito dit :
merci
tu es tres gentil
sapo
cafecito dit :
regard
sapo
cafecito dit :
tres
sensuelle
sapo
cafecito dit :
merci
sapo
cafecito dit :
je
veux l'apprendre
sapo
cafecito dit :
bien
sapo
cafecito dit :
je
bien aime le francais
sapo
cafecito dit :
j'aime
sapo
cafecito dit :
apprendre
le langues
sapo
cafecito dit :
lire
sapo
cafecito dit :
voyayeur
sapo
cafecito dit :
du
chocolat
sapo
cafecito dit :
le
chine
sapo
cafecito dit :
chien
sapo cafecito dit :
nono
sapo cafecito dit :
regard
sapo cafecito dit :
Ruperto
sapo cafecito dit :
no
sapo
cafecito dit :
divorciee
sapo
cafecito dit :
avec
une fille
sapo
cafecito dit :
chez
moi il fait froid
sapo
cafecito dit :
j'ai
une 13 ans
sapo
cafecito dit :
merci
sapo
cafecito dit :
normal
sapo
cafecito dit :
alors
ne me dis pas ca
sapo
cafecito dit :
parce
que je te invite au mexique
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
si
tu lo veux oui
sapo
cafecito dit :
ok
sapo
cafecito dit :
pour
Chritsmas
sapo
cafecito dit :
j'adore
le froid
sapo
cafecito dit :
je
veux visitir paris
sapo
cafecito dit :
je
ne suis eu jamais au paris
sapo
cafecito dit :
regard
sapo
cafecito dit :
ouiiii
sapo
cafecito dit :
wowowo
sapo
cafecito dit :
che
chanceux
sapo
cafecito dit :
oui?
sapo
cafecito dit :
19
sapo cafecito dit :
no
sapo
cafecito dit :
ma
fille est avec moi
sapo
cafecito dit :
mon
Rupert
sapo
cafecito dit :
mes
parents
sapo
cafecito dit :
aussi
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
chihuahua
sapo
cafecito dit :
au
nord
sapo
cafecito dit :
tres
pres aux stats units
sapo
cafecito dit :
oui
oui
sapo
cafecito dit :
il
fait beau
sapo
cafecito dit :
nonono
sapo
cafecito dit :
il
me manque le froid
sapo
cafecito dit :
j'adore
le froid
sapo
cafecito dit :
nous
ne avons pas
sapo
cafecito dit :
l'hiver
sapo
cafecito dit :
je
suis ennuie du chaleur
sapo
cafecito dit :
il
veut dire
sapo
cafecito dit :
petit
crapaud marron
sapo
cafecito dit :
boh
sapo
cafecito dit :
j'aime
des craupaud
sapo
cafecito dit :
beaucoup
sapo
cafecito dit :
beaucoup
sapo
cafecito dit :
merci
sapo
cafecito dit :
je
pense que un crapaud est tres comique
sapo
cafecito dit :
tres
sympa
sapo
cafecito dit :
depuis
sapo
cafecito dit :
des
crapaux ne sont pas chanceux
sapo
cafecito dit :
parce
que tout le mond
sapo
cafecito dit :
penses
a leur
sapo
cafecito dit :
comme
un petite
sapo
cafecito dit :
animaux
tres laid
sapo
cafecito dit :
nono
sapo
cafecito dit :
regard
sapo
cafecito dit :
mon
chien
sapo
cafecito dit :
e
aussi
sapo
cafecito dit :
un
peu laid
sapo
cafecito dit :
mais
je l'aime
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
tres
sympa aussi
sapo
cafecito dit :
merci
sapo
cafecito dit :
alors
dis moi
sapo
cafecito dit :
tu
t'appelle David
sapo
cafecito dit :
je
suis veronica
sapo
cafecito dit :
je
suis prof. dans l'universite
sapo
cafecito dit :
j'ensegne
sapo
cafecito dit :
la
literature
sapo
cafecito dit :
mexicaine
contemporaine
sapo
cafecito dit :
et
aussi
sapo
cafecito dit :
anglais
sapo
cafecito dit :
italiene
sapo
cafecito dit :
spagnol
sapo cafecito dit :
e giaponese
sapo
cafecito dit :
toi?
sapo
cafecito dit :
oui
oui
sapo
cafecito dit :
Carlos
Fuentes
sapo
cafecito dit :
il
est mexicaine
sapo
cafecito dit :
mais
tu peux lire
sapo
cafecito dit :
toujours
Don Quijote de la Mancha
sapo
cafecito dit :
ah
tres interesant
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
ahhhh
sapo
cafecito dit :
tu
peux lire
sapo
cafecito dit :
aussi
sapo
cafecito dit :
Histoire
de la folie
sapo
cafecito dit :
Michele
Foucoult
sapo
cafecito dit :
il
te plait?
sapo
cafecito dit :
il
me plait beaucoup
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
tout
ce que
sapo
cafecito dit :
Faucoult
as ecrit
sapo
cafecito dit :
c'est
traduit
sapo
cafecito dit :
mais
sais tu
sapo
cafecito dit :
je
veux le lire
sapo
cafecito dit :
en
francais
sapo
cafecito dit :
parce
que je veux apprendre
sapo
cafecito dit :
tres
bien il francaise
sapo
cafecito dit :
mais
sapo
cafecito dit :
sais
tu
sapo
cafecito dit :
ce
que j'aime le plus
sapo
cafecito dit :
ils
sont
sapo
cafecito dit :
le
roman du siecle XIX
sapo
cafecito dit :
sais
tu
sapo
cafecito dit :
que
sapo
cafecito dit :
le
premier livre que j'avais lit dans ma vie
sapo
cafecito dit :
c'etait
sapo
cafecito dit :
"Crimen
y Castigo" (Dovstoievsky
sapo
cafecito dit :
apres
sapo
cafecito dit :
20
ans apres (Dumas)
sapo
cafecito dit :
Los
tres mosqueteros
sapo
cafecito dit :
El
conde de Montecristo
sapo
cafecito dit :
Los
miserables
sapo
cafecito dit :
Nana
sapo
cafecito dit :
da
ce temps j'ai adore lire
sapo
cafecito dit :
romans
francaise
sapo
cafecito dit :
oui
je le sais
sapo
cafecito dit :
ma
lequel mon pere
sapo
cafecito dit :
me
a dit de le lire
sapo
cafecito dit :
ahhh
sapo
cafecito dit :
sais
tu
sapo
cafecito dit :
que
sapo
cafecito dit :
mon
pere
sapo
cafecito dit :
est
un homme tres
sapo
cafecito dit :
culto
sapo
cafecito dit :
alors
sapo
cafecito dit :
il
sapo
cafecito dit :
me
sapo
cafecito dit :
a
fait
sapo
cafecito dit :
lire
sapo
cafecito dit :
quand
j'etai 8 ans
sapo
cafecito dit :
j'avais
lit
sapo
cafecito dit :
ca
livre 12
sapo
cafecito dit :
mais
sapo
cafecito dit :
je
n'avais pas comprends
sapo
cafecito dit :
puis
sapo
cafecito dit :
je
dois le lire lus tard
sapo
cafecito dit :
quand
j'etais
sapo
cafecito dit :
25
sapo
cafecito dit :
peut-etre
sapo
cafecito dit :
mais
ce que il me plait beaucoup est
sapo
cafecito dit :
les
freres karamasov
sapo
cafecito dit :
j'aime
les miserables
sapo
cafecito dit :
et
je veux aller a la france
sapo
cafecito dit :
je
veux voir paris
sapo
cafecito dit :
avec
quasimodo
sapo
cafecito dit :
alors
je dois visiter le coin ou Jean Balgant
sapo
cafecito dit :
etai
sapo
cafecito dit :
a
ce moment
sapo
cafecito dit :
je
m'avais trouve
sapo
cafecito dit :
un
deuxieme bosse
sapo
cafecito dit :
boulot
sapo
cafecito dit :
pour
avoir de l'argent
sapo
cafecito dit :
alors
j'y irai 2008
sapo
cafecito dit :
ah
oui
sapo
cafecito dit :
je
visiterai paris comme poulet
sapo
cafecito dit :
ahhh
merci
sapo
cafecito dit :
mais
sapo
cafecito dit :
regard
sapo
cafecito dit :
je
te peux dire Oui
sapo
cafecito dit :
j'y
irai chez toi
sapo
cafecito dit :
alors
qu'est-ce que tu farais?
sapo
cafecito dit :
que
je suis une donne que fais le tango
sapo
cafecito dit :
ca
va
sapo
cafecito dit :
je
danserais
sapo
cafecito dit :
tango
sapo
cafecito dit :
a
paris
sapo
cafecito dit :
je
serais danseuse
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
avec
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
c'est
ca
sapo cafecito dit :
no
sapo
cafecito dit :
parceque
ma cam
sapo
cafecito dit :
e
tres petite
sapo
cafecito dit :
ne
march pas pour ce la
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
comment
sais tu ca
sapo
cafecito dit :
tu
ne peux pas voir
sapo
cafecito dit :
rien
sapo
cafecito dit :
c'est
tout
sapo
cafecito dit :
tres
peu
sapo
cafecito dit :
mais
sai tu
sapo
cafecito dit :
je
suis fort
sapo
cafecito dit :
je
me levee
sapo
cafecito dit :
regard
sapo
cafecito dit :
je
suis tres noir
sapo
cafecito dit :
parce
que ici il ya beaucoup de soleil
sapo
cafecito dit :
est-ce
que tu avais vu
sapo
cafecito dit :
mon
chien
sapo
cafecito dit :
avec
moi
sapo
cafecito dit :
quand
je me suis levee
sapo
cafecito dit :
alors
tu avis vu
sapo
cafecito dit :
que
je suis fort
sapo
cafecito dit :
il
toujours me suivre
sapo
cafecito dit :
oui
sapo
cafecito dit :
nonono
sapo
cafecito dit :
a
ce moment
sapo
cafecito dit :
je
dois te quitter
sapo
cafecito dit :
je
dois finir
sapo
cafecito dit :
beaucoup
des choses avant
sapo
cafecito dit :
aller
au lit
sapo
cafecito dit :
d'accord
sapo
cafecito dit :
tu
es
sapo
cafecito dit :
ok
sapo
cafecito dit :
nonon
sapo
cafecito dit :
il
est bon
sapo
cafecito dit :
j'ai
une altre
sapo
cafecito dit :
ok
sapo
cafecito dit :
alors
sapo
cafecito dit :
au
revoir
sapo
cafecito dit :
je
t'embrasse ausi
david
dit :
bonne
nuit.
sapo
cafecito dit :
tendrement
sapo
cafecito dit :
bonne
soiree
sapo
cafecito a arrêté l'affichage de votre webcam.
15 octobre
V,
merci
pour les nouvelles de toi et pour les questions que pose ton texte. Il se trouve qu'hier, en arrivant à Altötting,
je me suis souvenu que ce que j'étais en train de faire était de me
rendre a un symposium et que "symposium" a un rapport avec les déambulations platoniciennes.
Comme
je n'ai encore jamais lu Platon je me suis dirigé vers le centre
ville où j'espérais trouver un bouquiniste avec un Platon en
français. Je l’ai trouvé, et j'ai maintenant un exemplaire de La
République, tome 4 des oeuvres complètes traduites chez Garnier par
Robert Baccou daté 1950.
Les
pages sont toujours attachées depuis 57 ans et je les coupe avec un
couteau en plastique de la Brioche Dorée. Apparemment personne
aujourd'hui n'en a fini avec cette pensée, Nietzsche ou Stendhal
n'ayant pas suffit à la tâche.
L'imitation
reprochée au poète, soit son excès de réalité finalement, est
reliée avec la toute puissance de l'idée de la Cité, abstraite. En
somme, l'art est concret, la république est abstraite. Si l'on veut
penser un juste et nécessaire arrangement commun, il faut abstraire
le concret de l'art. Si on veut faire de l'art, on est irresponsable
du point de vue de la Cité. Car on fait on ne sait pas quel effet. J'essayais de lire ces passages où Platon indique que le chant nouveau d'un musicien
change l'ordre de la Cité de fond en comble. C'était dit-on en
note, une évidence, que cette puissance de la musique, en ce
temps-là. L'artiste fait trop d'effet. Apparemment, d'après Platon, ça détraque la "Cité", ou du moins son idée. Et ça c'est particulièrement crétin, selon lui.
J'ai passé du temps dans un décor chrétien d'un
schématisme linéaire de toute beauté, amélioré encore par les lueurs changeantes du ciel.
J'ai
un lit dans une espèce de presbytère qui donne sur un jardin où
l'on cultive principalement des choux et des pommes de terre. Ma
logeuse est une gentille jeune femme sagement vêtue qui exerce sur
moi les capacités de son Français approximatif. Sans l'empereur Constantin, le christianisme restait une secte d'avant garde et
l'organum a trois voix de Pérotin, profane.
J'attends
le repas du soir sans impatience excessive.
m
16 octobre
V,
hier
soir, pendant l'Abend brod, et pour me distraire de l’idéalisme
platonicien, je regardais mon hôtesse comme l'émanation concrète
du décor dans lequel elle vivait. Elle était à
l'image de l'urbanisme d'églises et de palais qui faisait
l'ordinaire de sa vie, la résultant(e) de ces formes.
Je
ne la voyais pas changer de manière d'exister tant qu'elle ne se
sauverait pas de cette architecture imposante. En fin de compte,
cette femme qui posait des pommes de terre dans mon assiette était,
par continuité, l'excroissance animée des prouesses architecturales
dans lesquelles je me situais également maintenant, en même temps qu'elle, par le hasard du périple
à destination du symposium.
Elle s'étonnait de me voir sans
appétit, moi de sa transparence. Pour casser tout ça, il eu fallu lui arracher tous ses vêtements mais les
pommes de terre et les choux ne sont pas bons conseillers sous ce
rapport.
Pendant
la nuit, je me suis réveillé deux ou trois fois. Il y avait un beau
clair de lune.
Au
petit-déjeuner, je me trouvais tout lénifié et je sentis qu'il
fallait m'éloigner de ces lieux au plus vite. J'ai appuyé mon pied
gauche sur la route aussi fort que possible dans la direction de
Braunau. Mais il y avait un fort vent contraire.
Alors
je me suis roulé dans mon duvet au pied d'un arbre très grand qui
faisait un, bruit d’enfer et j'ai dormi tout le reste de la
journée.
C'est
dans une espèce de resto routier bavarois que je tape ces notes. Il
y a un match de foot à la TV.
m
18 et 19 octobre
V,
ce
matin, en me réveillant à 3 km d'Altötting au bord d'une petite
route déserte j'étais seul au monde et tout à fait satisfait de
cette impression. J'ai passé la journée à rejoindre Braunau en
utilisant un large chemin très praticable que j'imaginais être
celui des pélerins. A un moment j'ai aperçu une petite montagne,
j'ai monté sa pente et au sommet il y a avait de gros rochers comme
dans la foret de Fontainebleau, des buissons de fougères, quelques
grands pins isolés et une vue très dégagée, on voyait Braunau
dans le bleu du lointain. Il y avait aussi plusieurs blockhaus qui
semblaient repeints de la veille. En retrouvant la route je suis
tombé pile sur le car Altötting-Braunau, je l'ai arrêté et
il m'a déposé à la gare routière en moins de 20 minutes.
Peu
après sur la grande place, j'ai à nouveau eu cette sensation de ne
pas être au bonne endroit de l'espace en contemplant des alignements
de voitures devant des alignements de façades avec une sorte de no
man's land au milieu.
J'ai
néanmoins dégotté une petite gasthöf ou j'ai bien mangé pour par
trop cher mais qu'elle ne fut pas ma surprise en apercevant sur le
mur à droite une photo d'un homme lisant un journal qui ressemblait
énormément à A.H.
Ensuite,
j'ai fait un tour dans une librairie pour regarder des atlas
routiers. En fin de compte, je suis parti avec au moins 25 jours
d'avance. J'avais encore besoin de faire des détours. Et comme je ne
savais pas par où aller faire le détour je suis retourné à la
gare routière, il y avait un car pour Cluj-Napoca, j'ignorais ou
c'était mais j'ai pris un billet et je suis rentré à 9 heures du
soir dans un véhicule qui ne payait pas de mine mais qui avait une
touche sympa.
C'est
ainsi qu'à 9 heures du soir le lendemain, je me suis retrouvé en
transylvanie.
m
les mêmes jours
M,
Beaucoup
de travail en ce moment, et quel travail. je ne sais pas si j’en
verrais un jour le bout.
v
20 octobre
V,
c'est
la première fois que je me trouve en Roumanie. J'ai compris en
bavardant avec mon compagnon de voyage roumain, R, que c'était un
coup du hasard de me trouver dans un car Allttoting-Cluj-Napoca car
en fait il n'y en a pas. Celui-là était un service spécial qui
ramenait des travailleurs roumains dans leur pays après un chantier
de six mois dans une centrale à charbon.
Cluj-Napoca
était comme n'importe quelle ville d'Europe industrieuse et
majoritairement chrétienne, certains quartiers avec des immeubles
plus vieillots qu'ailleurs, des églises entourés de murs, des
paysans moustachus et des jeunes allant et venants en jeans et des
dames pomponnées et toutes chapeautées, des tziganes aux grands
chapeaux noirs, entre les collines et les champs, on aperçoit des
fabriques et des cheminées noirs, qui font encore partie, de temps
en temps, du paysage de ce pays (je me demande si je ne retarde pas sur le décor)
il
y a partout cette voiture française que j'aimais bien, la Renault
12, dans sa version Dacia. J'ai passé la nuit dans le deux pièces
cuisine de R, il y avait une sorte de morceau de viande qui pendait
au plafond de la cuisine, nous avons passé la plupart du temps à
siffler des bouteilles de vin rouge du pays. Il m'a appris beaucoup
de choses sur la gestion des Ceausescu.
Ce
matin sur le coup de 11 heures, je lui ai dit au revoir et en passant
par une grande place, je suis tombé sur une manifestation
nationaliste roumaine.
J'ai
mangé un menu filet dans un Mac Do et après t'avoir
expédié ce message j'ai l'intention de me promener dans la
périphérie de la ville.
m
21 octobre
V,
je
ne sais pas où je me trouve
j'ai
l'impression de continuer à vivre avec nos sensations de toute à
l'heure qui n'existent plus
on
peut travailler très correctement avec ses pieds
voir
les perspectives du vrai en les touchant
se
plonger dans leurs tableaux en les respirant
prendre
le temps quoi qu’il en soit
suspendre
l'activité
nous
sommes comme des rois
abonnés
à de grands projets
m
le même jour
M,
we all write un a foreign
language
v.
22 octobre
V,
je
ne devrais pas te le dire, surtout après tes commentaires sur ma
consommation d'alcool,
mais
je me trouve à Chişineu-Criş,
et
j'ignore comment j'ai fait pour être à Chisineu-Cris.
C'est
un drôle d'endroit,
mais
il y a beaucoup de ces vieilles citroën fin 70 début 80 que
j'adorais et qui,
à
l'époque, avaient déjà une réputation épouvantable.
Aujourd'hui,
on ne trouvera sans doute guère plus que quelques centaines de
français sexes confondus pour se souvenir de l'existence de la
citroën Axel
L'Accord
Roumain
Signé
le 30 décembre 1976 par Nicolae Ceausescu, alors président de la
République Socialiste de Roumanie et dictateur notoire, et Georges
Taylor, président du directoire Citroën, l'accord entre Citroën et
l'état roumain était ambitieux et ouvrait à Citroën les portes du
rideau de fer (!).
Le document prévoyait la construction à
Craiova, dans la province d'Olténie, d'un complexe industriel de
près de 350 000 m2, composé d'une usine de mécanique, d'un atelier
d'emboutissage et d'installations de montage, le tout employant près
de 7000 personnes. Du côté français, c'est 1200 emplois directs
chez Citroën qui devaient être créés et 2500 chez les
sous-traitants.
La construction et l'exploitation du complexe
revenait à la société mixte franco-roumaine "Oltcit",
(contraction de l'Olténie et de Citroën) créée pour l'occasion,
et dont Citroën prenait 36% du capital. Le total des investissements
s'élevait à 2,5 milliards de francs. A pleine cadence, pas moins de
130 000 voitures devaient être produites chaque année!
En
compensation des importations par la Roumanie de pièces destinées à
l'assemblage, Citroën devait acquérir pas moins de 50% de la
production pour l'écouler dans son réseau en Europe de l'ouest, le
reste des voitures devant être commercialisé en Roumanie et dans le
COMECON par Oltcit sous sa marque ..
Hélas,
le démarrage de l'usine de Craiova est si lent que les premières
voitures badgées Oltcit ne sortent qu'en 1982, soit près de huit
ans après la signature de l'accord, et douze ans après les
premières esquisses de la remplaçante de l'Ami 8, qui s'est vue
entretemps dépouillée de l'essentiel de son contenu technologique!
drôle d'endroit,
m
le même jour, dans la nuit
M,
il
faudra songer à une suite à tout cela, et peut-être devrais-tu
prolonger le périple. tu te souviens de la fin d’Ulysse ?
v.
23 octobre
V,
hier j'ai accepté l'invitation de F, rencontrée dans un bar à Chisineu-Cri. Elle m'a emmené
chez elle, un petit appartement au 12e étage d'un immeuble moderne
situé à la périphérie de Belgrade dans une gigantesque cité
construite sous Tito. Il y avait bien un métier à tisser dans le
coin de son petit séjour mais pas de tapisserie en cours.
Nous
avions fait sans problème les 245km de petites routes entre les deux
villes, il nous a fallu comme même six heures et 25 minutes environ.
La
vue de sa fenêtre est sidérante, mais on ne demande pas aux
touristes d'être sidérés mais de dire "c'est beau"
devant certaines choses et pas d'autres.
F est en train de
changer les draps du lit, nue, je n'ai pas pu faire grand chose jusqu'à maintenant, il est 18h12, je prends le temps de
consulter un vieux routard en français où je lis quelques
informations générales sur Belgrade.
"Belgrade
(en serbe Београд
ou Beograd) est la capitale
et la plus grande ville de Serbie.
Selon le recensement de 2002,
la ville proprement dite comptait 1 281 801 habitants et,
avec les environs, 1 576 124 habitants[1].
En 2007, la
population de la ville était estimée à 1 111 825
habitants[2]
Belgrade
est l’une des plus anciennes cités d’Europe,
avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans. Les
premières traces d’installations humaines dans la région
remontent à la Préhistoire
(culture de Vinča).
Historiquement, Belgrade est l’antique cité de Singidunum,
colonie romaine
située dans la province de Mésie.
Le nom slave Beograd a été officiellement prononcé pour la
première fois le 16
avril 878 dans une
épître envoyée
par le pape Jean
VIII au prince Boris
de Bulgarie. Il a pour signification « la ville blanche ».
Au
fil de son histoire mouvementée, Belgrade a été conquise par 40
armées : elle a été romaine,
byzantine,
hongroise,
ottomane puis
capitale de la Serbie
réellement indépendante en 1878."
Du banal en sorte, de la
préhistoire, de l'antiquité, de le religion, des conquêtes. Et
puis, dans le décor, c'est comme ailleurs, c'est comme partout, avec
des nuances locales qui feintent la variation.
Oui, l'Europe unifie un
territoire qui est déjà unifié, ou plutôt, elle fait passer pour
rassemblement quelque chose qui est l'imposition d'une direction
commune à une grande étendu au moyen des
institutions foireuses que l'on sait. Il faudrait donner quelques
"idées", pour ce qui est du "décor", de
l'apparence, mais par quoi et par qui commencer ?
La chute est bien jolie
comme elle est.
à +
m
M,
ne vis pas, lis !
v.
24 octobre
V,
ce
matin j'ai dit au revoir à F, nous avons échangé nos
e-mail et je l'ai laissée là, emportant mon petit baluchon et la Jdbug complètement révisée.
Le paysage n'avait rien de remarquable, des immeubles modernes au
milieu de pâtés de maisons basses, des voitures, des gens allant et
venant, mais par les décalages du voyage tout se montrait sous
l'apparence du nouveau, de l'intéressant. En marchant dans l'air translucide et froid, je me disais, mais que veulent-ils, que vouloir de plus, tout est là, toujours, disponible. Tout est l'affaire de mes
perceptions et sensations, et l'art est leur mode d'emploi. L'aventure était dans son élément, le banal.
Mais
en longeant de vieilles boutiques des années 50s, je me
disais, la guerre, a toujours revenir, est aussi une grande banalité, que l'on cache et agite par la mise en place d'un
aveuglement, d'une figure imposée du visible, provoquant un défaut d'intelligence collective, un manque
définitif d'adaptation de la société à la situation concrète des
conditions générales de vie. Le décor de l'art participe ancestralement de la chose et collabore aussi à la suite tragique des événements.
Il
me fallait un remontant, je suis entré dans le premier bistro venu
et j'ai commandé une double slisovic avec des pikkles. C'était
11h12, trop tôt pour boire, mais du coup j'ai fait là
quelques rencontres, la conversation m'a remis des idées en place.
En écoutant ces militaires, je comprenais que la
participation à une tuerie peut se ressentir comme un "moment
sans épaisseur" comme dit H.G de l'acte sexuel. Les artifices n'ont qu'à bien se tenir.
m
25 octobre
V,
à
un moment j'ai vu mes pupilles dilatées dans les reflets d'une devanture
puis
j'allais, dérivant encore
le
vent dominant emportant mon esquif à roulettes
vers je ne sais où
vers je ne sais où
je
ricanais sans raison
adressais des imprécations maniaques aux passants
adressais des imprécations maniaques aux passants
heureusement
il faisait sombre
il faisait sombre
et les moteurs à explosion faisaient du bruit
m
26 octobre
V,
merci
pour ton long mail, je te rassure tout de suite pour ce qui est du
budget, conforme à mes prévisions
les oeuvres musicales anonymes me touchent toujours
les oeuvres musicales anonymes me touchent toujours
la vie est un moment d'éveil et d'acuité qui
ne peut atteindre sa plénitude, semble-t-il, qu'au moyen du long
sommeil réparateur dont chacun sait qu'il lui succède. Avec les
oeuvres d'art, nous abordons en chantant le royaume du silence. Au
moins, on sait qu'elles sont utiles à ça.
m
27 octobre
V,
je
suis dans une station de ski à côté de Vlasenica. Il est trois heures
trente trois du matin. Je
suis dans une pièce surchauffée même dû sortir nu sur le balcon, pour refroidir.
Il
y a beaucoup de neige sur la forêt de sapins
Il y a des bruits de
douche derrière la porte mais je ne sais plus si c’est moi ou
quelqu’un d’autre qui prend cette douche
Je
lis le journal et je trouve que plus le monde va rapidement à sa
catastrophe plus je vais bien. Je
suppose qu'il s'agit d'une coïncidence, mais par ces temps troublés
on doit douter de tout
La
MOP est la plus grosse bombe conventionnelle jamais fabriquée et
elle arrive à point pour éclater dans le sol du moyen-Orient, ailleurs
C'est le moment de confondre les lignes
d'univers. Je saute sur le radiateur pour augmenter encore le
chauffage. Le givre dégouline sur les vitres.
Comme
tu vois, je n'ai rien de bien passionnant à te raconter, sinon que
tout est torride.
à
+
m
le 8 novembre, 9h12
S,
J'espère que tu vas bien et que l'ouverture du festival s'est bien passée.
O et C devraient arriver vers la fin de
la semaine à ljubljana. Ils vont t'écrire directement pour te préciser leur
date d'arrivée.
M et moi-même sommes un peu en panne pour le moment. Surtout M, qui semble avoir des problèmes de Gps. As-tu reçu des
réponses des différents 'partenaires' ? Pour notre part, c'est le silence
radio.
Continuons à nous tenir informés.
Amitiés,
V
le
8 nov. 07 à 12:50,
Bonjour
V,
L'ouverture
s'est bien passee. L'atmosphere est plutot a l'hysterie (plein de
problemes de permis, visas, etc.), mais le festival est maintenant
bien en place.
On
a recu une reponse negative d'une compagnie d'essence (pour le
plein). Quant a Peugeot, pas de van a disposition, et juste des
voitures de fonction qui peuvent etre utilisees dans Ljubljana meme.
Pas brillant quoi. J'espere qu'il va y avoir quelque chose qui va
bouger de votre cote et que M et toi pourrez vous joindre a nous.
V,
dis-moi si tu veux que je t'appelle pour qu'on voie la situation
ensemble.
Amities,
S
plus tard
V,
ce
matin j'ai fait la route jusqu'à Kladanj. Dans ce paysage, on
pourrait être aussi bien en Autriche ou en Norvège. J'avais
chaud dans les montées et froid dans les descentes.
J'avais
envie d'aller à Kladanj car ma dernière rencontre m'avait dit que
la fondation de la ville remontait à une petite communauté
montagnarde qui prospérait autour d'une source dont l'eau était
réputée pour ses propriétés spéciales. L'histoire raconte que
Muska Voda est censé accroître les forces de l'homme, la version
locale actuelle est que l'eau agit comme un viagra naturel.
L'écrivain voyageur turc du 16e siècle, Evlija
Celebija, décrit la source de Kladanj comme la fontaine de jouvence.
Comme tu sais, je suis très intéressé par tous les breuvages et
substances magiques, mais pour l'instant j'ai réservé trois nuits à
un prix défiant toute concurrence au Motel America qui domine un
beau vallon, avec la petite bourgade en contrebas, avec son barbecue de style néo-homme des cavernes.
J'ai
l'intention de beaucoup dormir, j'ai besoin de m'arrêter, stand-by,
quoi.
te tiendrai informé de mon sommeil.
m
encore plus tard
V,
j'ai
vraiment beaucoup dormi, tu ne t'imagines pas comme je suis bien
sous la couette, dehors il y a une espèce de tempête, beaucoup de
vent, mais ni pluie ni neige
J'ai
soigné mes courbatures avec de longs bains très chauds et j'ai
repris les forces que j'avais perdues en cours de route
Il
y a deux jours j'ai fait la connaissance d'un jeune couple très sexy
qui est là pour une espèce de lune de miel improvisée, si j'ai
bien compris, et la nuit je suis bercé par des râles et des soupirs
langoureux mais par bonheur les lits ne grincent pas au Motel
America
seulement,
buvant beaucoup d'eau locale et fumant beaucoup d'herbe j'ai dû
maitriser quelques érections qui m'empêchaient de
réfléchir, et les sujets sérieux ne manquent pas dans tes derniers
messages. Les fantasmes se produisaient en images
particulièrement réalistes, j'ai failli y arriver sans les mains
il
va bien falloir que je me décide à finir ma route.
Pour
ce qui est de l'anarchisme, je n'y connais rien.
Dans
le sens littéral, absence de chef, je trouve que c'est ce qui se
passe à la générale. Je trouve aussi que c'est
ce qui agit le monde présent, ne serait-ce que par inadvertance, un perfectionnement de l'anarchie par la "grâce" de l'art sera
bien utile.
Bon,
je retourne à mes coussins, j'ai l'esprit ailleurs.
Il
y a dehors comme le hurlement d'un loup, mais c'était un homme, je
suppose,
m
toujours plus tard
M,
Où
es-tu maintenant ? écris vite ou téléphone, j’ai perdu ta
trace
v
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