décision
Ce que Parménide (selon Heidegger) aurait énoncé pour la première fois en toute clarté, serait la connexion de deux différences qui ne se recouvrent pas, la différence de l'être et du non-être (entre les deux voies il faut décider) et la différence de l'être et de l'apparence. Et ce discernement, cette délimitation de ces deux différences -être et non-être, être et apparence - seraient proprement constitutifs de la philosophie, ce sont eux qui ouvriraient la philosophie.
il y a le chemin de l'être, que Parménide qualifie de nécessaire
il y a celui du non-être, qui est impraticable, qui ne conduit à rien
et il y a enfin le chemin de l'apparence -apparence-opinion; le mot grec est doxa- le chemin de l'opinion qui, lui, est toujours accessible, toujours pratiqué, qui est en quelque sorte la voie facile, la voie des "hommes", dira Parménide, mais que l'on peut éviter, qu'il n'est pas requis de prendre.
tout le problème est de savoir s'il est bien vrai que Parménide décide la philosophie parce qu'il formule que la voie de l'être et celle du non-être sont le lieu d'une décision...
(p 50)
Parménide a institué la philosophie (selon Badiou) non pas de se prononcer sur l'être et le non-être, mais de prononcer, dans sa langue, un mathème, qui est le mathème absolument premier de la philosophie, que Platon, que la réfutation platonicienne répète
c'est en ce sens qu'on peut le saisir comme fondateur : ce mathème consiste à affirmer que être, non-être et pensée sont en liaison borroméenne. Il y a un lien borroméen, c'est-à-dire que chacun tient à l'autre par le troisième.
(p 159)
(Badiou, Le Séminaire - Parménide - L'être 1 - Figure ontologique - 1985-86 - Fayard, 2014.)
à travers tout
En tous cas, tu apprendras en outre ceci : comment les choses qui apparaissent
doivent être en leur apparaître, elles qui à travers tout pénètrent toutes choses.
(Parménide, Sur la nature ou sur l'étant - traduction Barbara Cassin - Point essais - 1998)