produire un autre monde
J'appelle histoire l'agencement des faits
les personnages n'agissent pas pour imiter des caractères, leurs caractères leur adviennent du fait de leurs actions
les actions et l'histoire sont la fin de la tragédie
en toute chose, c'est la fin qui est l'essentiel
le rôle propre du poète n'est pas de dire ce qui est réellement arrivé
mais de dire ce qui pourrait arriver selon la vraisemblance ou selon la nécessité
l'historien raconte des événements qui sont réellement arrivés
le poète raconte des événements qui pourraient arriver
la poésie traite plutôt du général, l'Histoire du particulier
le général, c'est ce qu'il arrive à tel ou tel de dire ou de faire selon la vraisemblance ou la nécessité
(Aristote, Poétique, Mille et une nuit, 1997)
Combien de figures littéraires, de Madame Bovary et de Cyrano -mais aussi combien de Joconde et de Carmen- n'habitent-ils pas notre univers, dotés d'une vie plus dense que celle de nos voisins directs ?
la Poétique d'Aristote met l'esthétique sur sa vraie voie, hors d'atteinte des pouvoirs qui tenterait de se soumettre les oeuvres d'art
l'art est chose de plaisir : "par nature" les hommes aiment cela
Imiter, c'est se déplacer dans ce que l'on n'est pas actuellement,
mais que l'on pourrait être, peut-être
mais que l'on pourrait être, peut-être
c'est la puissance de produire un autre monde.
(Séverine Auffret, De l'art comme théâtre, postface à la Poétique d'Aristote, Mille et une nuit, 1997)