spum: avril 2014

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88 notes (2004)

88 notes,

(Après immobilité de quelques instants)

Place de la République

pas de baratin

pas (trop) d’ironie

pas de vers dactyliques.

Impression faux bois.

Nous sommes fabriqués par nos erreurs autant que par nos bien relatifs succès. Nous aspirons à explorer patiemment d’autres vies à la mesure de nos fragilités et de nos incertitudes.

Il faut se rendre à ce Palais magique

Où les beaux Vers, la Danse, la Musique,

L’art de tromper les yeux par les couleurs,

L’art plus heureux de séduire les coeurs,

De cent plaisirs nouveaux font un plaisir unique.

Vont circuler parmi vous

dans une pénombre éclairante

des paniers contenant des cookies

et des packs de vingt-quatre « 1664 » en promotion.

Quand vous aurez fini

je vous le promets

vous vous porterez comme des charmes.

L’organisation est au plus bas sur le plan opérationnel et, surtout, elle se trouve sans force et sans aucune justification

La prévision du futur doit être simultanément alarmante et crédible afin de susciter une action permettant que la prévision ne se réalise pas.

Ne pas être dans le paradoxe, s’inscrire dans une sorte de dirigisme, de direction obligée, claire et nette, avec le pour, le contre et compagnie. Tout cela semble relevé d’un maniement anormal de la pensée. Si l‘on part du constat qu’il n’y a pas de finalité, pas de solution, que l’on ne pourra jamais opérer une totale clarification des choses, ne reste plus que l’exercice de la lucidité. Et la lucidité est essentiellement paradoxale. De plus en plus même dans le monde tel qu’il est.

Le matin, on s’oxygène. À midi, on se détend. Le soir, on se défoule.

Ils courent ils courent les jupons. Longs ou courts, plissés ou brodés, classiques ou décontractés, ils seront les grands gagnants d’un été sous influence hippie chic.

À dix puissance vingt-six mètres d’ici, notre univers pourrait ressembler à des grappes de bulles de vides à la surface desquelles se concentre la matière visible.

Cette contradiction me séduit : représenter une chose par son opposé.

A peu près tout est filmé en plan fixe, sans jamais en rajouter, avec un sens de la mise en scène qui confine à un fantastique abstrait, et dans un crescendo terriblement efficace de la violence froide, qui va de la blancheur clinique de la technostructure administrative au déchaînement mécanique des coups portés par des brigades d’intervention entièrement vêtues de noir.

Quelque personnage trouve la phrase qui peint, le mot qui déshabille ; et ces fragments sont d’autant plus perspicaces qu’ils sont énoncés avec la sorte d’indulgence lasse d’un juge qui se sent encore plus coupable que l’accusé.

Moulés dans des culottes shorts, jambes nues, fichus sur la tête, pieds dans l’eau et fesses au ciel, des centaines de figurants s’échinent en chantant dans un champ de blé.

Chaque personnage, tour à tour, formule un désir instantanément satisfait par le chimiste, qui, sans autre aide que ses manettes, passe une seconde fois en revue dans un ordre fortuit ses diverses combinaisons polyphoniques, non sans changer le titre des morceaux par une sorte de coquetterie engendrant d’imperceptibles différences thermométriques.

Aller ici ou là,

faire ce truc,

rencontrer quelqu’un,

économiser de l’argent,

structurer ce morceau, ce roman, ce tableau, ce film...

Surtout, ne pas s’en mêler.

Ces choses-là s’arrangeront d’elles-mêmes.

Laisse tes plus profonds désirs modeler les circonstances.

Tout ce que tu peux faire, c’est libérer tes désirs profonds de toutes contraintes.

Une fois cela fait, inutile de t’inquiéter de ce qui arrive.

Tu rencontreras quelqu’un ou pas. Tu feras quelque chose, ou pas. Tu iras, ou tu n’iras pas. C’est un fatalisme lié à la réalité des situations et des trajectoires dans l’espace-temps.

Littéralement :

tu es là

tu n’y es pas.

Ne s’obliger à rien d’autre que ce que l’on ressent comme nécessaire sur le moment.

Les enfants et les adolescents trop gros d’aujourd’hui seront les diabétiques, les dyslipidémiques, les hypertendus et les cardiaques de demain. Est-ce que c’est ici, le boulevard Bonne Nouvelle ?

La cave à vins, le buffet à volonté ?

non,

c’est le boulevard Magenta

oui, c’est le boulevard Magenta.

En baissant la consommation de sucre on risque d’augmenter celle de gras.

La création est dotée d’une tête issue d’un gant de boxe rehaussé de binocles et de quelques tortillons en guise de chevelure. Elle est à moitié édentée, grommelle des phrases incompréhensibles, possède une paire de seins et de fesses qui lui dévalent du corps, et se déplace nonobstant en patins à roulettes.

Est-ce notre représentation du monde qui est incertaine ? Est-ce le monde lui-même ? L’incertitude est de mise. L’aventure commence à l’acte suivant. En 1742, le marquis de Bacqueville se jette d’un toit pour traverser la Seine. Il atteint un bateau de blanchisseuse avec ses ailes artificielles.

La ténacité, la persévérance, l’obsession. Le travail c’est l’obsession assumée et inlassablement exercée, c’est ce qui différencie les gens les uns des autres, là où s’arrêtent les petits, là où commencent les grands. Le reste n’est qu’une question de temps. Et comme j’ai déjà assez perdu de temps comme ça, je m’y mets illico, je commence à travailler.

- Ah bon, sur quoi ?

- Sur quoi ? J’t’ai dit, j’étais crevé et j’m’suis endormi sur le canapé.

il revenait à la poésie d'assumer "la présentation, en tant qu'explosif d'un concept trop vierge à la société"

Le monde représenté est étroit dans ses murs. Les animations sont sommaires. Les graphismes exhalent un parfum daté. On sent bien que chacun se débat dans le déterminisme de son rôle. On peut regretter un excès de stylisation des personnages. En vain. Le monde est tragi-comique. Pourtant, quelle hypnotique puissance.

Le paysage de Paris rossignol du monde varie de minute en minute et parmi les cires de ses coiffeurs élance ses jolis arbres printaniers, pareils à l’inclinaison de l’âme sur l’horizon.

C’est le produit qui sort du lot.

Sans mode d’emploi, sans indice, un personnage est précipité au coeur du splendide et angoissant bâtiment austère et doit tout imaginer, explorant une sensation inégalée de mystère comme une mémoire effacée.

C’est le produit qui sort du lot.

Des lapins devaient lui servir de compagnie,

mais ils ont été cuisinés à bord du bateau qui le dépose.

Silhouette maigre, un personnage tourne la tête en tout sens, ses longs doigts triturant son visage creusé. Narrateur, il est aussi corps sujet bougeant.

Il s’amuse de cette double fonction.

Près de lui, sa valise est prête.

Il avance le torse un peu penché en avant comme quelqu’un qui lutte contre la bourrasque. Il attend un peu, jetant des coups d’oeil vers le bas. Le dos légèrement courbé, les mains posées bien à plat sur ses cuisses jointes, il guette votre première question avec une bienveillance désarmante.

Un personnage va prendre le temps de répondre à chacune d’elles, tandis que progressivement un sourire d’empathie se dessine sur son visage qui semble blindé contre les rides.

Son bagout matiné d’un fort accent est énergique.

Un personnage poursuit un monologue.

Ses propos reste suffisamment flous pour entretenir une inflexion mélodique,

un silence approprié,

moult manipulations pas très logiques,

gourmandes en temps et en mémoire vive.

Alors qu’il était tombé de son fauteuil roulant, le lit, dont la hauteur est actionnée par une pédale au sol, l’a écrasé. Après des années de rééducation, il avait réussi à recommencer à bouger les doigts de la main gauche et les orteils. Entre-temps, le personnage de bonne composition est devenu un chef redoutable, prêt pour toutes les batailles.

Voilà une poésie des choses qui ont existé ou qui existe

une poésie des choses dont on prétend qu’elles existent ou qui le paraissent,

une poésie des choses qui devraient exister,

une poésie sans préliminaires inutile et inutilisable,

juste n’importe quoi n’importe comment.

Ici, pas de métaphore, pas de « comme ».

Quelques chaises pliantes autour de tables de bureau disposées en carré. Dans un coin, un porte manteau en inox et plastique noir. Au mur, sept enfants font une ronde autour d’un épouvantail planté dans un champ de coquelicots. Sur les berges d’un étang, des filles en maillots de bain composent une sorte de déjeuner sur l’herbe surmonté par un cycliste à l’air perplexe. Il a une culotte moulante, et tient son menton dans sa paume gauche, un coude sur le guidon de sa bicyclette.

Je ferai un vers de pur rien

il ne sera ni de moi ni d’autres gens

il ne sera ni d’amour ni de jeunesse

ni de rien d’autre

sinon qu’il fut composé en dormant

sur un cheval

On ne saurait dépeindre ici les paysages inédits que découvre chaque sortie.

100% confiance

grattez ici

le trafic est intense

les traversées sont périlleuses

La terre chauffe, les glaces fondent

ce que je cherche est vice de forme

On ne saurait dépeindre ici les paysages inédits que découvre chaque sortie.

Ils sont partis de tout ce à quoi chacun d’entre eux se heurtait.

Longtemps ils se sont arrachés les cheveux.

Peu à peu ils se sont rendu compte qu’ils commençaient à vivre autrement.

Le résultat est l’absence d’ennui,

des émotions plus que fortes,

un rappel raffraichissant des bataillons imaginaires de l’enfance.

Un travelling sur des gravats de béton.

Des images projetées sur une pluie de sable fin.

Un garçon dans un trou d’obus, allongé sur le dos, les yeux dans les étoiles.

Qui est ce garçon si beau, qui, même sous ses vêtements déchirés, ressemble à un dieu ?

Une fille, juchée sur un monticule, dans un no man’s land de tranchées.

Qui est cette fille si belle, qui, même sous ses vêtements déchirés, ressemble à une déesse ?

Ils divergent en tous points mais sont le couple jumeau d’un art à son sommet. Au fond, ils composent les deux faces d’une même brillante médaille et fonctionnent comme les deux hémisphères d’un unique cerveau joueur et humain. Si on les rassemble, on obtient le cerveau métaphorique d’une flamboyante psyché ludique.

Ils ont tous deux une certaine façon d’être absents d’eux-mêmes, une manière de penser qui met tout en rapport. Ils se laissent toucher par des lèvres déformées, des sacs de toile plein dont ne sait trop quoi, des pierres qui retiennent des choses, des amas de briques, de breloques.

Simplement, pour obtenir du joueur un même abandon immersif, ils empruntent des voies de séduction différentes, qui se rejoignent en un paradis commun de raffinement et d’efficacité.

Les gens admirables en qui le système se personnifie sont bien connus pour

n’être pas ce qu’ils sont ; ils sont devenus grands hommes en descendant au-dessous de la réalité de la moindre vie individuelle, et chacun le sait.

Dans un contexte de réhabilitation des méthodes conservatrices, la commission rend aujourd’hui son rapport. Elle se compose d’un certain nombre de personnages hauts placés. Qu’on les caresse dans le sens des poils et de petits signaux verts apparaîtront, preuve de leur contentement.

Qu’on leur donne une tape sur les fesses et ils montrent leur agacement d’un ronchonnement et par de petits voyants rouges.

Ils ont une même double casquette munie d’une seule et gigantesque visière qui les oblige à se mouvoir exactement comme dans un miroir.

Quand elles levaient leur visière, je découvrais à deux de mes compagnes des yeux châtains. Les formes s’étaient depuis longtemps révélées, la forme d’ombrelle notamment, qui se couvre de ciel, la forme de bottine qui rassemble étroitement les fleurs, au passage d’une rue, sur un refuge. Quoique nous fussions certains de ne point toucher terre, les habitants avaient reçu l’ordre de rester chez eux.

La réalité du monde est garantie aux hommes par la présence d’autrui, par le fait qu’il apparaît à tous. Car ce qui apparaît à tous, c’est ce que nous nommons l’être. Et tout ce qui manque de cette apparence passe comme un rêve, qui est intimement, exclusivement à nous, mais n’a point de réalité.

Projeter dans le temps des émissaires, appeler le passé et l’avenir au secours du présent, tel était le but des expériences.

Au terme de l’expérience, les uns étaient déçus, les autres étaient morts ou fous.

Passent les amis

les êtres chers

Au fond, la nature ne peut nous donner que l’être,

le bien être, nous le tenons de l’art.

À la Turballe

j’aurais pu filmer la rue des Brisants.

Il y a deux manières de voir le monde et d’aborder un travail. Dans la première, on part d’un schéma préconçu, pour aboutir à la mise en oeuvre précise d’un concept.

La seconde consiste à trouver la forme le plus tard possible, en laissant le concept apparaître à la fin. On modèle, en étant modelé.

Pas de séance de rattrapage

rue du Parc Sage.

Zone d’évolution de l’élévateur.

Sélection de cabochons tour de bouton numéro 1.

Moins 20% le mercredi sur les épilations des moins de 20 ans.

En cas de vent cette porte peut-être ouverte.

Un long crochet entre les mains, il libère les bannières d’étoffe couleur safran accrochés aux portiques qui se succèdent à l’infini le long des sentiers, créant une longue rivière aux reflets dorés qui serpente interminablement entre les arbres. Montent alors des clameurs émerveillées et des applaudissements.

Un personnage qui avait longtemps déambulé entre les oeuvres de l’exposition en portant dans un sac en plastique son bocal d’aspiration s’est adressé à son médecin :

« Grâce à cette visite, je vivrai deux jours de plus »

Des tartines à messages aux inventions à la viande, en passant par les soupes du jour ou le martini aux légumes, ce personnage vous propose des recettes pas comme les autres à savourer gratuitement tous les jours.

On ne contrôle rien. Tout est possible. C’est à la fois terrifiant et fascinant. C’est une ambiance de corrida. Mais on ne sait pas qui est le taureau. On est dans le non-dit du pouvoir.

Pour eux, tout ce qui est créé par l’homme est une innovation, toute innovation conduit à l’erreur, et toute erreur mène en enfer.

Nous ne supportons pas l’amour quand il ne correspond pas à notre idée de la mort.

À quoi bon ressusciter si c’est pour rabâcher toujours les mêmes histoires ?

Après un aussi grand bonheur, on devrait se tuer.

« Je n’étais pas en situation d’urgence, je n’ai pas été pris de panique. Pour Renault, en clair, je suis un con, je ne sais pas conduire. »

Jean Délirant, garagiste.

Si vous rentrez dans une plante et que la voiture est cassée, alors, c’est un arbre.

Se préparant à des résultats extrêmement serrés, les deux parties se servent de la hantise du fiasco pour mobiliser leur base. C’est au cours du bal musette qui a suivi le repas que les partisans du oui ont marqué des points.

Tous avaient en tête cet ancêtre auquel la vedette du jour a pris soin de ne jamais faire allusion tout au long de la soirée.

Disparition des forêts

progression des autoroutes

fragmentation de la terre

dégradations des éco-systêmes

fonte des glaciers.

Plus rien n‘échappe désormais

à l’oeil expertisant

des experts mondiaux.

Tout y est, même le décor. À l’arrivée du plat en terre cuite servant d’écrin à cette authentique choucroute les yeux des convives pétillent à la vue des jarrets, Montbéliard, Morteau, Moser, Nuremberg, saucisse au chou, lard alsacien fumé, poitrine, boudin blanc. Ici, une grande question se pose : « le patron est-il né dans un chou ? »

Tout est dans le même moment

Peu importe combien d’argent vous avez

ça se passe maintenant, faiblement,

tout

Je peux goûter le repas futur

que je trouverai

Dans la prochaine ville

dans ce rêve

Je peux sentir le chemin en fer

comme des guimauves

Je peux pas reconnaître la différence

entre mental et réel

Il faudrait être hors du langage pour faire correspondre à chaque mot une idée distincte.

Le point suprême où l’homme puisse parvenir,

c’est l’étonnement devant le phénomène originel.

Rien de plus haut ne peut être accordé et il ne doit pas chercher plus loin.

A partir de là, beaucoup de choses se comprennent.

La neurobiologie a découvert les neurones miroirs (les mêmes régions du cerveau sont activées quand on fait un mouvement et quand on le voit faire)

La psychanalyse, qui disposait du même concept sous le nom d’identification/projection n’en a pas tiré parti.

Contrairement à ce que Freud espérait, il y a un siècle, la science du cerveau est restée remarquablement pauvre. Cela fait à peine 25 ans qu’elle s’est mis à dire des choses intéressantes. Et 10 ans qu’elle a explosé, et commence à parler de la complexité de l’esprit humain, grâce à l’imagerie cérébrale qui permet de voir le cerveau penser.

Il y a un art de voir qui ne demande qu’à être partagé.

Voyons voir.

Voilà des tableaux rigolos

Mais ils nous jouent de drôles de tours.

Dès que les prodiges ont une forme, ils deviennent instantanément des vieilleries dépassées, bêtement esthétiques.

Hep,

ben voyons.

Ce tableau est incroyablement touchant et cocasse.

Touchant parce qu’on a l’impression que ces pieds ont mal,

cocasse parce que ces pieds deviennent des chaussures.

Considérant qu’elle avait déjà « tout ce dont une femme peut rêver », il a offert deux kangourous australiens à Helena.

« Je me sens comme une reine, a déclaré Helena, combien de femmes ont-elles des kangourous à la maison pour leur rappeler comme la vie est belle avec un amour vrai ?

Le fragile est pensé comme le lieu et le mode de ce qui est le plus réel. Ce qui ne se répète pas un phénomène plus élevé que le sériel. Une structure qui ne peut pratiquement pas assurer sa propre persistance dans une forme donnée ouvre des effets créateurs de longue portée.

Faire voir, ressentir la vie telle qu’elle est, l’agacement exténué, crispé devant les faits, mais aussi la visualité, la sonorité infinies de n’importe quelle situation.

L’oeuvre laisse derrière elle des monuments et des documents dont l’ensemble constitue la permanence d’un monde. Le pouvoir est le modèle d’une activité qui ne laisse aucune oeuvre derrière elle et épuise sa signification dans son propre exercice.

Pour dégonfler vos yeux bouffis, massez les doucement à l’aide d’un glaçon enveloppé dans un kleenex

Au saut du lit, attrapez votre brumisateur et aspergez généreusement votre visage et votre cou. Les plus courageux termineront leur douche par un jet d’eau froide. Effet tonique garanti.

Et pour finir avec un effet « bonne mine », rabattez vous sur une poudre bronzante.

Un air pur ragaillardit les esprits, vivifie le cerveau ; un air épais, noir, brumeux, tempétueux, le contrarie et lui nuit. Il faut donc faire très attention de choisir judicieusement les moments où nous marchons, la disposition de nos fenêtres, de nos lampes et de nos maisons, à la façon dont nous laissons entrer l’air ambiant ou dont nous l’empêchons d’entrer.

Le Printemps venu

Y monter seul

Ouvrir la porte

Parcourir l’appartement

accroupi

le coeur battant

dans les courants d’air

Une fois utilisées, les assiettes végétales rejoignent le monticule multicolore sans être triées. Une autre vie les attend dans cet air chargé d’humidité : finir en humus et servir aux multiples potagers qu’on voit fleurir devant les maisons.

elles ne sont pas insensées
(car elles sont des propositions licites de propositions)
mais privées de sens au sens quantitatif

c'est-à-dire qu'elles ont zéro sens

les tautologies ne fournissent aucune information

Le mixage est en cours. Il reste à boucler.

Le fantastique, l’au-delà, le rêve, la survie, le paradis, l’enfer, la poésie, autant de mot pour signifier le concret.

Je m’habituais à l’hallucination simple. : je voyais très franchement une mosquée à la place d’une usine, une école de tambour faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d’un lac ; les monstres, les mystères ; un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi.

Il y avait ce jour-là un soleil cru venu de la mer, au-delà des pins, qui éclairait les murs d’une chambre où apparaissaient des figures peintes au lait, faites de traits flexibles et soulignées de mots étranges tracés d’une écriture bouclée. Il y avait de très beaux meubles, mais je me souviens surtout d’un plateau en bois blanc posé sur deux tréteaux en guise de table de travail, avec, dessus, un Petit Larousse, un paquet de Gauloises bleues, des feuilles de papiers vierges.

Vous savez, j’avais 9 ans quand vous avez fait vos premiers pas là-haut. Pendant des années, l’espace a été ma raison de vivre. Aujourd’hui, je ne sais pas ce que vous en pensez, c’est foutu d’avance, non ?

0 à Paris

7 à Brest

11 à Bastia

6 à Paris

1 à Brest

2 à Bastia

On se donnait des rendez-vous télépathiques la nuit. À 10 heures précisément je pensais très fort à lui et lui pensait aussi très fort à moi. Il y a trois ans, j’ai oublié un de nos rendez-vous. Il était en voyage d’affaire en Allemagne et bon, je ne l’ai jamais revu, il est mort sur une autoroute allemande avec sa voiture, complètement mort...

L’humanité dans son ensemble est progressivement réformée à partir de mouvements d’idées qui ont acquis de l’efficacité dans des cercles petits et même minuscules. Les idées, les oeuvres chargées de sens, créées dans des personnes isolées, et qui ont cette particularité admirable et nouvelle de recéler quelque intention infinie, diffèrent des choses qui existent à l’état brut dans l’espace.

Si seulement je pouvais voir la vie comme elle est, la voir d’avantage comme un tout et pas seulement n’en voir qu’un petit, minuscule fragment, je veux dire par exemple : mon travail. Et cependant, c’est comme si tout le reste était masqué par d’obscures oeillères, et que seule était visible cette portion. Le résultat, c’est que tout paraît faux. Je vois, je sens la valeur des choses de travers.

Immobiles d’azur, les monts dans le lointain.

D’eux jusqu’à moi la campagne variée,

verte, jaune, bigarrée, sous la brise

Ondoie en vague indistincte.

Personne ne me connait ici, et je ne connais personne, et peu m’importe de savoir comment les gens me voient, s’ils voient un touriste ou un simple d’esprit, un égaré. J’ai pris des trains, puis un bateau, un alyscaphe qui glisse sur l’eau, je suis monté dans un autocar, je me suis arrêté sur ce nom inconnu, Rio Alba, je suis descendu au terminus.

Le parcours de ces diverses planches nous rappelle en premier lieu que le rapprochement, si minimaliste soit-il, entre une image et une autre image, de même qu’entre ces images et les textes qui les accompagnent, est en soi producteur de sens et de fiction, prototype de la forme cinéma.

Il y a une chose excellente à remarquer concernant les passions ; à savoir que nous voyons et trouvons que toutes celles qui sont bonnes sont d’une nature telle que nous ne pouvons être et subsister sans elles, et que, par suite, elles nous appartiennent essentiellement, comme l’Amour, le Désir, et tout ce qui appartient à l’amour.

« Pourquoi la vérité est-elle si lointaine ?

Et se cache-t’elle dans les plus profonds abîmes ? »

Personne ne comprend au bon moment.

Si l’on comprenait au bon moment,

La vérité s’étalerait largement et toute proche

Et serait aimable et douce.

Le premier est peint avec le sentiment de la couleur, le second avec la couleur du sentiment. Le sentiment de la couleur lui suggère d’envelopper d’atmosphère les images, de remplacer la perspective scientifique par celle du sentiment, de rendre transparentes les ombres ; bleues si la lumière est blanche, verdâtres si la lumière est jaune, violettes si la lumière est rouge.

Quand il prenait la parole, sollicité par votre silence ou par votre question, le personnage n’opposait pas d’opinions à celles que vous aviez affirmées, ne cherchant pas, comme Socrate, à faire ressortir les contradictions, mais posait seulement deux ou trois points qui reculaient la limite du débat et lui donnaient des perspectives que vous n’aviez pas prévues.

Après le souper, quand la soirée était belle, nous allions encore tous ensemble faire quelque tour de promenade sur la terrasse pour y respirer l’air du lac et la fraîcheur. On se reposait dans le pavillon, on riait, on causait, on chantait quelques vieilles chansons qui valaient bien le tortillage moderne, et enfin l’on s’allait coucher content de sa journée et n’en désirant qu’une semblable pour le lendemain.

Un atome perçoit infiniment plus que nous, et, à la limite perçoit l’univers entier, de là où partent les actions qui s’exercent sur lui, jusque-là où vont les réactions qu’il émet.

Effleurant au hasard avec les doigts disponibles de sa main droite, une des touffes piquantes, qui pour lui avaient toute leur personnalité individuelle reconnaissable au toucher, l’aveugle s’approcha de la rampe, sur laquelle il écrivit sans peine, en lettres ordinaires, la note indiquée par le rapide contact.

Descendant une marche en brouillant de nouveau l’épais bouquet, Haendel, par le même procédé d’attouchement purement fantaisiste, recueillit une seconde note, qu’il inscrivit un peu plus bas sur la rampe.

La descente continue ainsi, lente et régulière. À chaque marche, le maître, consciencieusement, remue la gerbe en tous sens avant d’y chercher, du bout de doigts, la désignation de tel son inattendu aussitôt gravé en caractères suffisamment lisibles.

Mais il faut finir ici ce chapitre. Pour tâcher de ne pas mentir et de ne pas cacher mes fautes, je me suis imposé d’écrire ces souvenirs à vingt pages par séance, comme une lettre. Après mon départ, on imprimera sur le manuscrit original. Peut-être ainsi parviendrais-je à la véracité, mais aussi il faudra que je supplie le lecteur (peut-être né ce matin dans la maison voisine) de me pardonner de terribles digressions.

Puis, le calme s’établissant de nouveau, la troupe imaginaire parut s’éloigner et se perdre au détour d’un chemin ; les dernières notes se réduisirent à un faible murmure, et le personnage, épuisé par un terrible effort mental, sortit en s’épongeant le front.

spum

mercredi 30 avril 2014

mardi 29 avril 2014

lundi 28 avril 2014

vendredi 25 avril 2014

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