lundi 14 novembre 2016

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sur la profonde réalité du désir de parler, malgré nombre de résultats contraires structurés ou courants.
Le besoin de parler (communiquer) existe comme le désir sexuel. Il se mélange à lui. Il est aussi fort.
Et, comme lui, il est à la fois mouvement d'espoir vers le monde, vers la participation, la vie pleine ("comblée"; non calmée ni assurée); et souffrance du manque.
Le besoin de parler qui surgit, comme le désir, quand il n'y a personne. Qui se perd.
(...)
Et ensuite existent le bavardage creux, le libertinage plat ou les habitudes des relations sexuelles (comme le langage "cuit" (!) des relations "mondaines" ou bien canailles (...). Des gens réels rencontrés ne trouvent que ce faux langage, ce faux amour.
Et pourtant, justifiant notre inlassable exigence, le dialogue a existé, l'amour a existé.
Ce désir a existé, au plus haut point, reconnaissant son objet, prenant dans son jeu tout le possible du monde.
Il faudrait comprendre "comment on perd le pouvoir", les raisons et la dialectique de la fatigue. Pour rester dignes de notre appel.
(Guy Debord, Notes pour In girum nocte et consumimur igni, 1962 (?),  Lire Debord, collection Frankenstein, 2016)